La presse kinoise est parfaitement branchée au modus operandi occidental. Elle est béate face au diktat européen et croit que ce que l’Occident décide a un cachet indélébile céleste.

Pour cette presse, les standards en matière de respect des droits de l’homme, de bonne gouvernance ou carrément de discipline conçus pour punir financièrement ou budgétairement les hommes d’Etat africains qui n’obéissent pas aux volontés des puissances occidentales sont des lois et règles sacrosaintes auxquelles les princes du Tiers monde doivent se conformer scrupuleusement.
Princes oui mais princes de la finance et des régimes de cette période de la mondialisation.
L’Occident sait parfaitement combien il a pillé le Tiers Monde et l’Afrique en particulier. Il sait comment créer et financer les institutions multisectorielles de la société civile qui veillent à sa bonne santé économique propre à des superpuissances qui regardent avec condescence les Etats nains incapables de réagir du foisonnement de mesures socio économiques parfaitement conçues pour le garder dans son immobilisme.
Ceci vaut pour le géant Congo Kinshasa, véritable scandale géologique, pillé jusqu’à non plus par ces superpuissances-là par le biais de leurs multinationales qui font des contrats léonins de concessions minières avec hier le clan Mobutu et aujourd’hui avec le clan Kabila Ben-oui-oui.
Les deux poids deux mesures
La question qui se pose dans cet Occident relève de la Fable de la Fontaine ’Les Animaux Malades de la Peste’ où les princes Loups, Léopards et autres sont excusés d’"avoir dévoré force moutons"... et le baudet qui a "tondu d’une largeur de (sa) langue le pré d’un moine" déclaré l’auteur criminel de tous les maux qui se sont abattus sur le gent sylvestre.
Le Potentiel du 17 juin, un journal en ligne paraissant à Kinshasa, semble paraphraser cette fable sans le savoir avec le titre "Respect des libertés publiques : la pression s’accentue sur Kigali".

Selon le journal,
"... l’homme fort de Kigali avait oublié dans son hébétude (...) qu’en matière de droits fondamentaux, la communauté internationale ne transige pas. Il avait cru que celle-ci continuerait de fermer les yeux sur les graves déviations du pouvoir en place à Kigali. Et pourtant, le charme du célèbre génocide, utilisé comme de fonds de commerce, a cessé d’emporter la communauté internationale qui a fini par se soumettre à l’exercice de l’exorcisme. (...) Au contraire, il a radicalisé son régime, violant et foulant aux pieds tous les instruments internationaux en matière de respect de droits humains et des libertés fondamentales. (...). Les Nations unies viennent également de lever le ton et de joindre leur voix à celles de Washington et Londres. Ce n’est donc pas le fait du hasard que ces communiqués et prises de position fusent de partout. Une volonté manifeste « de descendre le régime de Kigali » est en train de prendre corps. Cette succession de coups de semonces sont des signes précurseurs d’une chute certaine de l’albatros..."
De ce texte, il se dégage beaucoup de dispositions intellectuelles dangereusement plates de la part de l’auteur de ce texte.
De un, digne d’être un intellectuel européen désintéressé de l’Afrique et du Tiers Monde en général, l’auteur consacre l’Occident comme maître et gendarme du monde, que ses volontés, sa façon de diriger doit se répercuter sur le monde entier sous forme de diktat imparable.
De deux, au lieu de comprendre la passe difficile du Régime actuel rwandais luttant contre ses enfants présumés génocidaires dont la plupart continuent les basses besognes en RDC même, notez que comprendre n’est pas nécessairement sympathiser, l’auteur prend inutilement partie de la propagande médiatique congolaise officielle en cours pour pourfendre son ex- protecteur rwandais.

De trois, le mode de gouvernance des sociétés occidentales n’a pas toujours été démocratique. Au moment où l’Occident se cherchait, au moment où il créait des richesses socio infrastructurelles (Routes, Chemins de fers, Ponts, avions, labels et marques déposées, gratte-ciels, arsenal juridique, consolidation culturelle, écoles de métiers, de technologies et universités, fortes passerelles de communication entre puissant secteur privé et le public,...), les institutions de la société civile se comptaient sur les bouts de doigts. Les grandes affaires se réglaient à coups de gros canon avec la premiere et la deuxième guerres mondiales puis la guerre froide qui a suivi.
Alors que l’Occident était occupé à créer des richesses sociales de façon endiabléeen piétinant les droits de ses travailleurs (plus de 16 heures de travail par jour et sans assurance maladie dans les mines d’acier ou de charbon) mais aussi des peuples colonisés, la notion de Droits de l’Homme n’était pas du tout suggérée, pas même un souffle de ça.
Tout ceci pour dire que la Presse kinoise prête beaucoup au sentimentalisme déplacé car même avec ça, on peut être raisonnable.
L’auteur de cet article en parlant de "génocide comme fonds de commerce du régime de Kigali", ne voit pas non plus le jeu de la puissante Communauté internationale qui doit combattre le régime de Kigali qui, du jour au lendemain, parvient à attirer la sympathie de certains fora internationaux à même de l’accompagner dans ses revendications pour la création d’un fonds international de compensation des rescapés de ce génocide des Tutsi de triste mémoire pour le Rwanda et dont les conséquences se consomment encore dans la région Est de la RDC, les deux Provinces des Kivu.
Questions violations des droits humains au Rwanda ?
Pardieu oui. Ils sont violés. Des gens disparaissent autant que les Diomi Dongala congolais. Il en meurt pour des causes politiques comme les Chebeya, ces activistes congolais des droits de l’homme. C’est la loi de la jungle politique. La seule différence entre le Rwanda et la RDC c’est que le Rwanda lutte farouchement contre les infiltrés, viscérament négationnistes du génocide, tous frais payés par certains puissants occidentaux très intéressés à faire taire la voix du Sankara rwandais, Paul Kagame, qui commence à réclamer des rapports commerciaux égaux entre l’Afrique et l’Occident et à rejeter les conditions léonines des bailleurs de fonds des budgets nationaux africains. Cette quête de l’indépendance et de la justice économiques dans les rapports nord-sud que revendique le seul Kagame de tous ses pais africains est une chique dans le pied de toute l’architecture économique occidentale.
Une certaine presse africaine essaye de comprendre la difficile démarche du Président Paul Kagame pour l’Afrique mais elle est vite noyée dans le très ensorcelant et inhibant brouhaha médiatique occidental. Quant au Potentiel kinois, la question est tout autre car il doit jouer le porte-voix de la propagande congolaise officielle qui, dans sa parfaite ingratitude, doit jouer la carte de l’Occident européen belgo-franco-romain pour donner des coups de semonce au régime rwandais de Paul Kagame qui dérange dangereusement la stratégie économique de l’Occident néocolonial.

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