Donald Trump traverse une très mauvaise passe. Dans le camp démocrate mais aussi chez les Républicains, beaucoup estiment que le scrutin du 8 novembre est plié. L’histoire semble leur donner raison : depuis 1952, aucun candidat accusant un tel retard à ce stade de la course n’a réussi à conquérir la Maison-Blanche.
Mais en deux mois et demi beaucoup de choses peuvent dérailler. Du plus plausible à l’inconcevable, voici les raisons qui pourraient empêcher Hillary Clinton de devenir la première présidente des Etats-Unis.
1 - Des débats catas
Même si la campagne pour la Maison-Blanche accapare les médias depuis plus d’un an, une majorité d’électeurs ne s’y intéressent réellement que dans les semaines précédant l’élection. Pour Donald Trump, les trois débats présidentiels représentent donc une opportunité unique d’inverser la tendance. Clinton est certes une débatrice redoutable. Mais elle n’a toutefois jamais affronté un candidat aussi imprévisible et provocateur. Distancé dans les sondages, Trump "va être en mode attaque, probablement tout le temps", pronostique Gregory Craig, ancien conseiller d’Obama. Outre certains sujets attendus - l’attaque du consulat de Benghazi en 2012 qu’Hillary Clinton n’aurait pas su anticiper, et l’affaire de ses mails -, Donald Trump pourrait s’aventurer sur des terrains plus sensibles - la santé de sa rivale, l’affaire Monica Lewinsky. Hillary Clinton devra garder son sang-froid. Premier duel le 26 septembre.
2 - Une faible mobilisation
A force d’entendre que Clinton dispose d’une confortable avance, aussi bien au niveau national que dans les Swing States, certains électeurs pourraient être tentés de rester chez eux. A l’inverse, les partisans de Donald Trump pourraient se mobiliser en masse dans l’espoir de faire mentir les pronostics. Pour Hillary Clinton, le risque est d’autant plus réel que certaines catégories sur lesquelles elle compte pour asseoir sa victoire sont aussi celles qui, traditionnellement, s’abstiennent davantage : les jeunes et les Latinos. En 2012, seuls 48 % des électeurs hispanophones s’étaient rendus aux urnes, contre 64 % des Blancs et 66 % des Noirs. Dans les Etats indécis de Floride, du Colorado et du Nevada, l’enjeu de la participation des Latinos sera capital.
3 - De nouvelles révélations
C’est sans doute la principale menace qui plane au-dessus de la candidate démocrate. Ces révélations pourraient venir en particulier de WikiLeaks, dont le fondateur, Julian Assange, a gardé une rancœur tenace envers Hillary Clinton. Lorsqu’elle était secrétaire d’Etat, cette dernière avait en effet plaidé pour que WikiLeaks soit poursuivi pour espionnage. Fin juillet, le site a diffusé plus de 19 000 mails du Comité national démocrate (DNC), dont certains montraient une volonté des responsables du parti de favoriser Clinton aux dépens de Sanders. Ces révélations, qui ont contraint la présidente du Parti démocrate, Debbie Wasserman Schultz, à démissionner, ne sont peut-être pas les dernières. En outre, le scandale des mails privés de Clinton, du temps où elle dirigeait la diplomatie américaine, pourrait revenir empoisonner sa campagne. Alors que moins de quatre Américains sur dix la jugent "honnête" et "digne de confiance", toute nouvelle révélation sur Benghazi ou sur la Fondation Clinton pourrait s’avérer fatale pour la candidate.
4 - Une économie qui plonge
D’une élection à l’autre, la préoccupation principale des électeurs ne change pas : l’économie. A première vue, les affaires vont bien pour la première puissance mondiale. Le taux de chômage (4,9 % en juillet) est au plus bas depuis plus de huit ans et deux fois moins élevé qu’au pic de la crise (10 % en octobre 2009). Les créations d’emplois en juillet (255 000) ont nettement dépassé les attentes. Clinton répète à chaque meeting que le président sortant n’a pas "le crédit qu’il mérite" pour avoir redressé les Etats-Unis après la crise de 2008. C’est oublier que l’état réel de l’économie américaine fait débat. La croissance molle et la quasi-stagnation des salaires alimentent le discours décliniste de Trump. Une série de mauvais chiffres au cours des trois prochains mois ne ferait sans doute qu’accentuer cette perception négative. Au risque de faire du bilan Obama un handicap plus qu’un atout.
5 - Un attentat terroriste
Les attentats de Paris et de San Bernardino, fin 2015, avaient dopé la candidature de Donald Trump, alors en perte de vitesse dans la campagne des primaires. Depuis la convention républicaine de Cleveland, fin juillet, il se pose en garant de l’ordre public et accuse Obama et Clinton d’avoir favorisé, par leur inaction, la montée en puissance de l’Etat islamique. Si les Etats-Unis étaient frappés par une attaque terroriste d’envergure d’ici début novembre, le discours de Trump s’en trouverait renforcé. John Hudak, chercheur à la Brookings Institution, nuance toutefois : "Certains adhéreront à sa rhétorique agressive. Mais la peur, l’inquiétude et le scepticisme autour du sérieux de Trump et de sa capacité à diriger pourraient aussi éloigner de lui certains électeurs", dit-il à "USA Today".
6 - Un problème de santé
C’est le nouvel angle d’attaque du camp Trump : Clinton serait trop fragile pour assumer la présidence des Etats-Unis. "Elle manque d’endurance mentale et physique pour affronter l’Etat islamique et les nombreux adversaires auxquels nous faisons face", a dégainé le milliardaire. Il alimente ainsi des rumeurs lancées par des sites d’extrême droite après le malaise d’Hillary Clinton fin 2012, qui lui avait valu une commotion cérébrale, un caillot de sang à la tête et plusieurs jours d’hospitalisation. A 68 ans, elle serait certes la plus âgée des présidents élus depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais Donald Trump s’aventure en terrain miné. Il a fêté ses 70 ans en juin.
7 - Un assassinat politique
En appelant récemment les partisans du deuxième amendement - celui qui garantit le droit de posséder une arme - à faire barrage à Clinton, Donald Trump a suscité un tollé. Il est vrai qu’aux Etats-Unis plusieurs présidents et candidats à la Maison-Blanche ont été tués ou blessés - Abraham Lincoln, JFK, George Wallace, Ronald Reagan. Depuis l’assassinat, en 1968, de Robert Kennedy, alors candidat démocrate, les principaux prétendants au Bureau ovale sont protégés par le Service secret.
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