Moïse Katumbi préférerait mesurer sa popularité à Kinshasa ou au Katanga, la riche province de la République démocratique du Congo (RDC) qu’il a gouvernée de 2007 à 2015, plutôt que de recevoir dans un palace parisien. Repos médical ou début d’exil forcé ? Candidat à la succession de Joseph Kabila pour une élection qui ne se tiendra certainement pas à la date prévue de novembre, l’homme d’affaires passé à l’opposition vient de subir sa première condamnation par la justice congolaise le 22 juin.
Trois ans de prison pour un litige immobilier qui le rendent inéligible. Il risque par ailleurs la réclusion à perpétuité suite à une inculpation pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » dans une affaire de recrutement présumé de mercenaires. Entretien.
Vos ambitions politiques ne sont-elles pas enterrées par votre récente condamnation ?
Moïse Katumbi Pas du tout. Cette condamnation est sans valeur. Moïse Katumbi reste et restera candidat à la présidence de la République. Cet immeuble [à l’origine de sa condamnation] appartient à mon frère aîné. Il l’a acheté officiellement il y a quarante ans mais je me pose surtout la question : pourquoi a-t-on délaissé les accusations de recrutement de mercenaires pour relancer cette prétendue affaire immobilière ? J’ai été autorisé par la justice congolaise à me soigner à l’étranger et, dans le même temps, je suis condamné par contumace. Cette décision est politique.
Mais comment inverser cette décision si la justice est « aux ordres » ?
J’ai fait appel de ces accusations mensongères, mais je ne peux pas faire marche arrière. J’ai toujours travaillé. Je me suis lancé très jeune dans les affaires. J’ai des biens dans mon pays, mais aussi dans d’autres pays africains. J’ai construit une maison à Lubumbashi quand j’avais 21 ans. Elle vaut plus ou moins 2,5 millions de dollars aujourd’hui. Pourquoi aurais-je besoin de spolier celui qui m’accuse ? Si nous poussons tous pour réclamer des élections, c’est que nous voulons un Etat de droit qui n’existe plus en RDC.
Vous sentez-vous en danger ?
Avec ce pouvoir aux abois, le danger est réel. Aujourd’hui, les hommes politiques ne peuvent plus s’exprimer, les arrestations arbitraires continuent. Lors de mon audition à Lubumbashi – dans l’affaire de recrutement de mercenaires –, on a voulu me tuer. Des policiers cagoulés sont venus me piquer en m’injectant un produit mystérieux. Après cet incident, j’ai été mis sous assistance respiratoire. C’est alors que les médecins m’ont autorisé à me faire soigner à l’extérieur. Cela n’a pas empêché la justice de m’inculper au même moment et de diffuser l’information sur une télévision avant même de me la signifier.
Allez-vous rentrer prochainement dans votre pays, au risque d’être arrêté ?
Je veux rentrer le plus vite possible. Je n’attends que le feu vert de mon médecin en Angleterre, que je consulte au moins une fois par semaine. Je ne crains pas d’être arrêté, car ma conscience est tranquille. Regardez, dans cette affaire de recrutement de mercenaires, le pouvoir a parlé d’abord de plus de 600 mercenaires, ensuite de 458, puis de 12. Au final, il n’y avait que les jeunes que j’ai pris comme gardes et le consultant américain que j’avais fait venir. Toute ma sécurité m’a été retirée quand j’ai quitté mon poste de gouverneur. Juste après ma démission, un homme est allé prendre des photos de mes enfants à l’école. On a voulu les kidnapper. C’est pour cela que j’ai demandé des conseils pour ma sécurité. La preuve que la justice est inféodée, c’est que l’Américain a été libéré. Il mange tranquillement des Big Mac chez lui, tandis que les pauvres Congolais, eux, sont toujours en prison.
Metronews.fr
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