Mushikiwabo à Kinshasa, She Okitundu à Kigali, pourquoi ce ballet diplomatique ?

Redigé par NDJ
Le 1er août 2018 à 07:35

La Ministre rwandaise des Affaires Etrangères est allée à Kinshasa rencontrer le président Kabila ? Oui officiellement c’était pour se faire appuyer la candidature à OIF. Mais pourquoi She Okitundu, le Ministre congolais des Affaires étrangères est-il par la suite passé à Kigali en compagnie du Chef du renseignement militaire Kalev Mutond ? Avouez que des questions de sécurité sont essentiellement poursuivies par ce ballet diplomatique !

Les deux hautes personnalités congolaises ont atterri à Kigali en fin de la semaine passée et se sont entretenues avec le Président rwandais Paul Kagame.
Quelle lecture profonde peut-on faire de cette sollicitation quand bien même les langues ne se délient ou sont-elles évasives.

La ministre Mushikiwabo s’entretient avec Kabila, rien ne filtre de l’entretien si ce n’est la francophonie. Parlent-ils aussi et surtout de questions sécuritaires pressantes ?

S’il est vrai qu’un scénario possible de l’après-Kabila à la Présidence c’est She Okitundu, il en est une autre carte, celle de l’indésirable Moîse Katumbi. Ce dernier n’a-t-il pas été adulé par la Communauté congolaise de Kigali lors de son passage au Rwanda, officiellement invité pour participer à la Conférence internationale du WEF ?

Officiellement il est déclaré que le Ministre She Okitundu "était porteur d’un message personnel du Président Joseph Kabila à son homologue rwandais portant sur les préparatifs de l’élection présidentielle congolaise, sur la sécurité aux frontières, sur les bonnes relations existantes entre les deux pays et sur les projets communs pilotés au sein de la CEPGL (Communauté Economique des Pays des Grands Lacs Rwanda-Burundi-RDC)".

Voici une déclaration qui est brandie aux yeux de la communauté de la presse qui cache des raisons profondes de la visite. Quoi si le camp présidentiel congolais avance un dé, celui de voir le Rwanda prendre le parti et approuver la position et la proposition gouvernementales congolaises actuelles sur la feuille de route électorale tracée avec une adhésion sur le candidat qui sera proposé par Kabila ou sur son propre maintien à la Présidence pour cinq autres années.

Le Ministre congolais des média, le Virulent Lambert Mende Omalanga
Qui était mieux indiqué que She Okitundu de porter la question sur ce qui a transpiré des entretiens entre le Président français Emmanuel Macron et le Président en exercice de l’Union Africaine, le Rwandais Paul Kagame en visite à Paris le 23 mai dernier.

Se prêtant à une question d’un journaliste au cours d’une conférence de presse, le Ministre congolais des Média, M. Lambert Mende Omalanga a montré une insatisfaction du Gouvernement congolais face à la position du Président français Emmanuel Macron qui, profitant d’une conférence de presse conjointe avec le Président rwandais en visite à Paris, a montré son opposition "à une révision de la Constitution congolaise". Il a dit que cela a été au menu de l’entretien avec son hôte Paul Kagame, Président en exercice de l’Union africaine.

"Les messes basses et les complots à ciel ouvert contre la souveraineté de notre pays tout comme la propagande des marchands d’illusions qui cédera dans une sorte de compassion propre à tout prédateur devait interpeller la conscience de tout Congolais", a lancé Lambert Mendé en prélude à la conférence de presse.

She Okitundu et sa délégation reçue à Kigali
La mission donnée à She Okitundu pour Kigali
D’après Lambert Omalanga, le Gouvernement de Kinshasa a convoqué les ambassadeurs de France, du Rwanda et d’Angola en quête de réponse " au questionnement du Gouvernement de Kinshasa à plus d’un titre afin de définir ensemble les stratégies destinées à contrer tous les charognards qui prétendent se pencher sur le chevêt de notre pays dont ils veulent faire un patient endémique en attendant sa mort programmée pour remplir les assiettes de leur festin".

Mais tout achoppe sur les préparatifs de l’élection présidentielle congolaise. Omalanga n’est pas fier de voir le président français s’entretenir avec ses homologues rwandais et angolais respectivement présidents en exercice de l’Union africaine et de la SADEC (Southern Africa Development Community). A la presse locale et internationale il a décidé que le Gouvernement kinois allait envoyer une note écrite à ces trois pays pour savoir la position qu’il devra prendre à ce sujet.

D’ores et déjà, Omalanga a lancé un avertissement on ne peut plus clair à l’intention des pays voisins de la RDC "qui croient tirer leur épingle du jeu en participant d’une façon ou d’une autre à des projets de destabilisation de leur voisin par des puissances non africaines". Selon le ministre congolais des médias, ces pays voisins "veulent de toute évidence faire admettre qu’on peut apporter la démocratie par les canons...".

Curieusement ce ministre sait très bien que son territoire héberge des groupes armés qu’il ne sait pas chasser et qui menacent la sécurité de ses voisins.

Le Chef des renseignements militaires congolais Kalev Mutond qui accompagnait She Okitundu porteur d’une lettre de demande d’explication aux autorités rwandaises doit s’être fait expliqué comment il ne contrôle pas son territoire quand sur les Hauts Plateaux de Minembwe, il s’y entraîne un nouveau groupe armé anti rwandais du RNC/Rwanda National Congress qui rejoint celui, plus vieux que le nouveau régime congolais, des FDLR/Forces Démocratiques de Libération du Rwanda.

She Okitundu reçu par Paul Kagame, une diplomatie silencieuse autour de la porosité des frontières congolaises

Le Patron des médias congolais a décidé que seule la RDC est objet de prédation et de ses voisins et de la Communauté internationale. Cela n’a pas du tout convaincu la presse qui l’écoutait et qui, elle aussi, semblait compendre de la colère du Gouvernement de Kinshasa est de voir la Communauté internationale contrer ses penchants de reconduire Joseph Kabila à un autre mandat après avoir chamboulé la constitution.

L’entretien de She Okitundu s’est-il terminé par la reconnaissance de la faute par Kigali au Gouvernement congolais ? Kigali aurait-il montré que Kinshasa entretient des frontière poreuses sur son flanc permettant des promenades incendiaires des groupes qui terrorisent ses citoyens, qu’au cas où ces groupes continueraient faire des irruptions intermittentes au Rwanda, ce dernier ne manquerait pas d’user unilatéralement de son droit de poursuite ?


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