ONU contre tout appui aux M23 ; des géostratégies priment sur la paix dans les grands Lacs

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 29 novembre 2012 à 09:39

L’ONU pourra, dans un avenir proche, être accusée de ne pas comprendre parfaitement les enjeux de la crise des Grands Lacs ou alors ce sont les mêmes acteurs des années 70 et 80 qui restent leaders des décisions qui doivent être prises par les hautes instances internationales.
Le BBC Afrique de ce 28 novembre rapporte que « l’ONU est décidément contre tout soutien extérieur aux rebelles M23 (par le biais du vote de) cette résolution, initiée par la France et approuvée à l’unanimité ».
La BBC Afrique (...)

L’ONU pourra, dans un avenir proche, être accusée de ne pas comprendre parfaitement les enjeux de la crise des Grands Lacs ou alors ce sont les mêmes acteurs des années 70 et 80 qui restent leaders des décisions qui doivent être prises par les hautes instances internationales.

Le BBC Afrique de ce 28 novembre rapporte que « l’ONU est décidément contre tout soutien extérieur aux rebelles M23 (par le biais du vote de) cette résolution, initiée par la France et approuvée à l’unanimité ».

La BBC Afrique dit qu’aucune mention du Rwanda ou de l’Ouganda n’est faite. Mais elle se sous-entend. Entretemps les rebelles rwandais des FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) montrent qu’elles peuvent faire une promenade de santé au Rwanda en tonnant les armes qui, d’après le récent rapport de la même ONU «  sont fournies, avec autres équipements et habillement militaires, par le Gouvernement de la RDC  ».
Paradoxe onusien dans les prises de résolutions.

Au moment où la France propose au Conseil de Sécurité des Nations Unies cette résolution d’interdiction de tout appui aux M23, les moniteurs et autres observateurs militaires onusiens de la Monusco suivent les faits et gestes des officiels de la RDC qui font de façon matériellement appuyée le commerce idéologique avec la Direction supérieure des Combattants des FDLR.

Or, il est sûr que ces forces rebelles n’ont rien perdu de leur idéologie ethnocentriste hutu au point qu’elles l’ont exporté dans cet Est de la RDC. Des congolais rwandophones n’ont-ils été chassés en masse de leurs terres et propriétés ? Ne peuplent-ils les camps de réfugiés en Ouganda, au Rwanda et au Burundi ?

En ce 27 novembre, ces fiers combattants décident de payer partiellement une dette qu’elles devaient aux officiels congolais qui leur intimaient ordre de faire une action d’éclat au Rwanda. N’ont-elles pas reçu armes et munitions de la part du gouvernement congolais, d’après le récent rapport de la Monusco.

Rien que le 24 mai, il a, selon le rapport, été question de la part du Gouvernement de la RDC par le biais de la logistique des FARDC, de distribuer aux FDLR … « le Lt Col Fdlr Caleb Sabena a reçu 100 uniformes militaires des FARDC du Col. FARDC Yav Firmin basé à Rutschuru. A cette même date, deux unités Fdlr venant de Remeka et Numbi ont été incorporées au sein des FARDC basées à Masisi et Kalehe. Par après, elles ont été redirigées sur Rutschuru pour renforcer la capacité offensive des positions FARDC contre celles des M23. (…) En cette journée du 27 juillet, les combattants Fdlr basés à Kalima ont commencé à recevoir les cartes de militaires FARDC pour qu’ils luttent efficacement aux côtés des troupes FARDC contre les M23… »

Cette Communauté internationale qui prend toutes les décisions intéressant la contribution de la paix dans le monde ne devrait pas uniquement faire prévaloir ses intérêts géostratégiques tout autant que les régimes de la région pourraient jouer de la transparence dans la gestion de leurs sociétés.

Des motivations géostratégiques autour des M23 et FDLR

Pour ce qui est du régime de la RDC, l’ingratitude qu’il a payé aux régime de Kigali et Kampala qui l’ont intronisé continue à faire des ravages. Les deux régimes ne pensaient pas qu’il allait armer leurs ennemis.

Nous assistons à un redessinement des géostratégies internationales où la France ne veut pas perdre son influence sur la région des Grands Lacs rwando-burundo-congolais au moment où le Rwanda à la pointe de l’anglophonie dans la région tire la couverture à l’Est.

Ce n’est qu’ainsi qu’on peut comprendre pourquoi la RDC ne peut pas lâcher les fiers guerriers FDLR rwandaises qui pourraient renverser la vapeur. Son attaque contre le Rwanda dans sa partie frontalière avec l’Est de la RDC ne veut pas dire autre chose.

La prochaine étape des FDLR

Il ne se conçoit pas comment le Conseil de Sécurité adopte une résolution condamnant les soutiens extérieurs aux M23 du moment que le même organe onusien a toutes les informations montrant que la RDC appuie fortement en armes, munitions et uniformes les FDLR rwandaises et qu’elle les incorpore dans son armée.

En effet, Kinshasa joue la stratégie de Museveni dans sa guerre de libération de 1982-1986 quand il a incorporé des combattants rwandais qui, par la suite, formèrent le FPR qui prit le Rwanda en 1994.

La Communauté internationale procède au gré des intérêts du moment. A-t-elle l’an passé, lancé un mandat d’arrêt contre le Général Sylvestre Mudacumura, le chef suprême des FDLR ? L’ouf de soulagement des régimes de la région n’a pas fait longtemps car des mesures d’accompagnement de ce projet n’ont pas été arrêtées. Entretemps beaucoup d’événements sont survenus qui ont renversé les tendances.

Il faut donc dire qu’on ne se tromperait pas si on avance que la logique de ‘deux poids, deux mesures’ appliquée à la géopolitique dans la région des Grands Lacs ne fera qu’embraser la région.


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