PS Imberakuri et les Verts : Une opposition rwandaise est née avec des couleurs locales

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 11 septembre 2018 à 08:56

Est-elle authentique, cette opposition composée par le PS Imberakuri/Parti Social l’Intègre et les Verts rwandais des Green Democratic Party of Rwanda (DGPR) ?

Non ! revendique à la VOA, Me Bernard Ntaganda, le premier président du PS Imberakuri, arrêté et condamné pour des propos proches de l’idéologie de l’ethnocentrisme hutu et relâché après avoir purgé sa peine.

« Ne font-ils pas partie du Forum de Concertation des Partis Politiques (NFPO) officiellement agréés au Rwanda ? Cet organe est inféodé au FPR. Ces deux partis qui se réclament de l’opposition sont en vérité des outils de ce FPR qu’il brandit pour montrer qu’il y a de l’opposition politique au pays », a décidé Me Bernard Ntaganda au micro de la VOA ; une station radio qui lui donne une tribune dont il a besoin pour se défouler face aux déboires qu’il a eus pour s’être fait subtiliser la direction du PS Imberakuri dont il était l’un des fondateurs les plus en vue.

Oui sur toute la ligne scandent Mme Christine Mukabunani (PS Imberakuri) et Dr Frank Habineza (DGPR) satisfaits d’avoir gagné chacun deux sièges au cours de ces très récentes législatives de ce septembre 2018.

« Nous sommes un parti de l’opposition rwandaise. Nous ne luttons pas avec violences langagières encore moins des manifestations violentes contre le régime », a déclaré le Dr Frank Habineza, Président des Verts Rwandais rassemblés dans le DGPR/Democratic Green Party of Rwanda, un des deux députés désignés par son parti qui a récolté 5% des voix aux récentes législatives.
Même son de cloche pour Mme Christine Mukabunani.

« Monsieur Bernard Ntaganda nous reproche de faire partie du NFPO ? Mais c’est bien lui qui, avant que je ne prenne la direction du parti, a demandé l’adhésion du PS Imberakuri dans cet organe de concertation nationale. Et puis partout au monde on trouve ce genre de forum. En faire partie ne vous enlève rien de votre indépendance idéologique. Peut-être Monsieur Ntaganda nous reproche-t-il de nos déclarations qui ne sont pas des va-t-en-guerre comme les siennes qui intimaient au pouvoir ‘Partageons les postes de pouvoir ou nous cassons tout’ ? Nous nous sommes loin de ce discours belliqueux et promettant de la violence. Nous y allons avec assurance. Nos revendications sont débattues au sein du Forum. L’important c’est le débat. Ce n’est pas quelle décision prise. C’est que tous les partis au débat respectent l’idée et la position idéologique exprimée par tel ou tel parti », a dit Mme Christine Mukabunani qui tient à l’équitabilité de la redistribution des revenus et à une amélioration du salaire des enseignants.

Un observateur politique interrogé et qui a requis l’anonymat trouve que le Rwanda retrouve une opposition politique disciplinée mais dont les acteurs se recherchent idéologiquement. Il trouve néanmoins que le PS Imberakuri de Mme Christine Mukabunani cherche dans le groupe social défavorisé des enseignants une base électorale de prédilection.
« Le PS Imberakuri est conscient qu’il ne peut pas être un parti de masse comme le FPR. Aussi cherche-t-il à se positionner idéologiquement en s’arc-boutant sur une classe des enseignants tout en essayant d’en faire un plaidoyer. Il va plus loin et plaide pour l’amélioration de la qualité de l’enseignement. Cela va de soi. Mais en fait, il tente de rallier les voix de cette nombreuse classe. Y parviendra-t-il au moment où le FPR tient lui aussi à cette classe sociale à qui il voudrait redonner mission de leader d’opinion autant qu’elle l’était avant le génocide des Tutsi de 1994 ? », s’est ainsi posé la question cet analyste qui, en passant, trouve que cette classe est éclatée, que nombreux parmi les enseignants cherchent à vaquer parallèlement à d’autres occupations lucratives pour mieux gagner une vie décente.

Ici l’observateur montre l’instabilité idéologique de l’enseignant qui se trouve logé à mauvais enseigne et qui doit batailler après le temps de classe pour arrondir ses revenus.
« On a beaucoup d’intérêt à avoir une opposition politique rwandaise qui travaille en toute discipline sociale. Du reste, ce qui importe pour l’opposition politique dans une société donnée , ce ne sont pas des déclarations incendiaires frontales contre la majorité présidentielle, c’est plutôt la qualité idéologique de ces déclarations. C’est aussi des idéologues de ces partis qui ne cessent de revoir et enrichir leurs idéologies au gré de la marche sociale du pays. Et cela manque cruellement chez nos politiciens. Presque tout le monde ne veut militer que pour rafler quelques intérêts que donnent les postes de responsabilité à occuper », a dit cet autre analyste politique trouvant excessivement pauvre les prestations et déclarations de nos politiciens tout au long de cette campagne électorale qui vient de se dérouler et qui, selon lui, était parfaitement atone.


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