Rwanda pour un financement des partis politiques : plus l’image de Clubs politiques ?

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 22 août 2017 à 06:17

On attendait que ce jour arrive, celui où le gouvernement devait décider d’ouvrir une ligne budgétaire officielle pour le financement des partis politiques. Le NFPO (Forum des Partis Politiques) vient d’annoncer qu’il alloue à chaque parti politique vingt millions de francs pour faire leurs campagnes parlementaires qui s’annoncent pour août de l’an prochain.
Pour un début ? En voila un et prometteur Meme si l’action est ponctuelle, même si le Gouvernement ne decrète pas que dorénavant tel ou tel (...)

On attendait que ce jour arrive, celui où le gouvernement devait décider d’ouvrir une ligne budgétaire officielle pour le financement des partis politiques. Le NFPO (Forum des Partis Politiques) vient d’annoncer qu’il alloue à chaque parti politique vingt millions de francs pour faire leurs campagnes parlementaires qui s’annoncent pour août de l’an prochain.

Pour un début ? En voila un et prometteur
Meme si l’action est ponctuelle, même si le Gouvernement ne decrète pas que dorénavant tel ou tel parti politique, selon son gabarit parlementaire, cad le nombre de sièges au parlement qu’il detient, on saluera néanmoins le fait que certains partis politiques agréés qui fonctionnaient à régime réduit vont bénéficier d’une bouffée d’oxygène, que ce fonds va leur permettre la réalisation de quelques uns de leurs programmes politiques et ainsi renforcer leur visibilité dans leurs bases électorales.

Le Secrétaire Exécutif du NFPO, M. Oswald Burasanzwe a confié au quotidien The Newtimes que son organisation est faite de onze partis politiques, qu’elle est financée par le Gouvernement et par d’ autres partenaires, qu’elle est prête à distribuer chaque formation politique demandeur, 20 millions de francs afin de faire face aux dépenses occasionnées par leurs campagnes pour les élections parlementaires. Il a ajouté qu’un tel financement se fera sur demande expresse de la direction de tel ou tel parti et qu’il sera consommé dans le courant de l’ année budgétaire 2017-2018 en cours.

Cette déclaration laisse-t-elle supposer qu’il sera récurrent ?

A l’annonce de cette décision, les dirigeants des partis politiques ont commencé à reagir. Il s’agit du Dr Frank Habineza du Parti des Verts Rwandais et candidat malheureux à la récente présidentielle. Dans sa déclaration y relative, il suggère que le gouvernement devrait accorder aux Partis politiques des sommes consistantes pour leurs programmes politiques.

"Auparavant nous avons reçu du Gouvernement douze millions de francs. C’est un bon signe de voir que ce montant a ete revu a la hausse", at-il confié à la presse. Le docteur n’est pas découragé par le mauvais score, 0.48%, réalisé au cours de la Présidentielle écoulée. Il a déclaré que son parti allait participer activement aux élections parlementaires d’aout 2018 et gagner des sieges pour faire entendre les idéaux de son parti, Démocratic Green Party of Rwanda/DGPR.

En viola un qui montre que bénéficier d’un financement gouvernemental ne lui enlève en rien sa disposition à être un parti d’opposition qui affiche sa façon différente de voir les choses. Aussi faut-il qu’il ait une vision de politique de développement différente de celle accuse par les autres partis membres du Forum de Concertation des Partis Politiques Agréés au Rwanda.

Plus question de partis épousant la forme de clubs politiques
Au cours de cette campagne électorale qui s’achève, on a remarqué une tendance pacifiste qui a été appréciée par beaucoup de citoyens rwandais qui ont pu s’acquitter de leur devoir civique electoral sans une quelconque querelle ni des échanges haineux entre politiciens.

On a vu un Dr Frank Habineza suggérer sans hausser le ton ni désobligeance qu’élu il doublera la mise du programme d’assistance sociale consistant à donner deux vaches laitières à chaque ménage de fermiers rwandais. Il est allé loin jusqu’à promettre la suppression de l’impot foncier. Il a dit en clair ce que le candidat indépendant Philippe Mpayimana disait d’une façon générale : renforcer le pouvoir d’achat des citoyens rwandais.

L’impréparation de la campagne électorale présidentielle a montré leur infantilisme politique. Voilà un terrain qui montre que le FPR (Front Patriotique Rwandais) au pouvoir depuis 1994 va battre tout opposant qui ne sait pas s’entourer d’une équipe multidisciplinaire de campagne qui doit forger une ligne idéologique que tel ou tel candidat doit brandir dans sa campagne.

L’équipe de stratèges du parti ou du candidat fera une grande communication en recourant aux livres, aux prospectus de campagne qui montreront les escaliers idéologiques ayant pour charpente une conception originale, donc propre au parti, de l’organisation de l’économie du pays et de la redistribution des revenus et richesses. Cette équipe montrera au parti ou au candidat qu’il doit éviter la tendance d’être populaire indistinctement, n’ayant aucune classe sociale donnée sur laquelle s’arc bouter.

Beaucoup d’analyste voient dans l’offre gouvernementale de financer les activités politiques des partis agréés comme un geste de gratitude de la part du Gouvernement qui trouve que la classe politique rwandaise actuelle se comprend sur des questions horizontales que sont le maintien de la sécurité, de la paix sociale et des questions de reconstruction matérielle du pays. Une élection présidentielle très pacifique à laquelle on vient d’assister montrent qu’au Rwanda la recette de compromis politique sied bien à une société de partage, la seule appropriée à la nation rwandaise qui a vu toutes ses valeurs culturelles violées en 1994 par un capitalisme sauvage qui y régnait et qui a connu une fin brutalement tragique et une faillite totale de l’Etat.

Des partis aux allures de Clubs politiques

Tout au long de la campagne présidentielle, on a apprécié le fait que les potentiels candidats des partis de caliber moyen, le PSD (Parti Socio Démocrate) et le PL (Parti Libéral) ont fini par se désister pour laisser le champ libre au candidat du FPR, le stratège économiste Paul Kagame. Ces deux partis ont, depuis belle lurette, décidé de ne pas assumer les ideologies de leurs partis. Les circonstances de leurs naissance en 1991 les poursuivent. A sa naissance en 1991, le PL a-t-il brandi son idéologie libérale devant être supportée par la petite classe sociale des homes d’affaires qui se formait à peine ? Le fait de ne pas avoir assumer son idéologie rassembleuse a vite été exploité par le régime Habyarimana qui voulait torpiller la culture démocratique qui venait de naître et, en lieu et place, attiser le venin de la haine ethnique. La suite on la connaîtra. Après les massacres de masse et le genocide perpétré contre les Tutsi en 1994, quelques rescapés de ce genocide qui, avant, militaient au sein de ce parti ont repris le flambeau, faisant du parti, celui où on observe largement les rescapés et non des personnalités attachées aux valeurs du liberalisme économique et de la propriété privée des biens de production.
Et qu’en est-il des circonstances de naissance du PSD ? Les idéaux de parti réformateur ont-ils effleuré les fondateurs dudit parti ? Ou il n’a été formé par des personnalités d’alors écartées du pouvoir nordiste du camp Habyarimana et de sa femme Agathe Kanziga ? Le PSD a-t-il, après guerre de libération et de génocide, appelé les stratèges du développement social à grande vitesse, ne fut-ce que par un communiqué de presse, à l’adoucissement de dures conditions imposées aux classes rurales sans armes ni équipement capables de les aider à entrer à égalité dans la competition économique ?
Le fait que les personnalités du PSD et du PL ont de tout temps, après 1995, siégé dans toutes les sphères nationales de prise de décision, que des programmes d’assistance à la masse communautaire ont été mis en application par les equips multi disciplinaires gouvernementales d’horizons politiques différents ; ceci n’explique pas cela. Le cachet idéologique de tel out el autre parti a manqué au point que la marche de l’arène politique rwandaise vers une démocratie consensuelle dans le pluralism affiché des idées a été faussée par une image de clubs politiques en lieu et place de partis politiques.

C’est dans ces circonstances que l’idée gouvernementale de financer les activités des partis politiques deviant une réalité. L’Etat rwandais a résolument opté pour la construction d’une société politique de partage à l’example du système démocratique tanzanien, avec cette difference que le gabarit politique rwandais ne compte pas. On n’attribue pas une envelope à tel parti au prorata de son poid social et de sa visibilité idéologique.

*La photo de la page de garde est tirée de Kigali Today


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