Une conférence « Burundi Démocratie en péril » à Bruxelles : sanctions fermes

Redigé par NDJ
Le 5 juin 2015 à 01:07

Les membres de la société civile belgo burundaise ont organisé ce mardi 2 juin 15 une conférence sur la crise burundaise dans les enceintes de l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Cette conférence-débat a été animée par Thomas Van Acker de Conflict Research Group près l’Université de Gand ; Julien Nahayo du Comité de solidarité et de suivi de la crise burundaise, ancien Ambassadeur du Burundi à Bruxelles, Ernest Sagaga de la Fédération internationale des journalistes, Maria Arena (députée au Parlement (...)


Les membres de la société civile belgo burundaise ont organisé ce mardi 2 juin 15 une conférence sur la crise burundaise dans les enceintes de l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Cette conférence-débat a été animée par Thomas Van Acker de Conflict Research Group près l’Université de Gand ; Julien Nahayo du Comité de solidarité et de suivi de la crise burundaise, ancien Ambassadeur du Burundi à Bruxelles, Ernest Sagaga de la Fédération internationale des journalistes, Maria Arena (députée au Parlement Européen), Isabelle Durant (députée au parlement Bruxellois), Éric David (Professeur émérite de droit international – ULB), Valérie Rosoux (Spécialiste de la mémoire et de la résolution des conflits – UCL/Université Catholique de Louvain) et Peter Moors (Chef de cabinet du ministre de la coopération au développement, Alexander de Croo).

Cette conférence a vu la participation d’un grand monde essentiellement africain. L’intervention d’un burkinabé de l’Association Balai Citoyen a été très remarquée par ses conseils montrant que des manifestations strictement pacifiques sont une arme invincible de l’opposition burundaise. « Pas de prise des armes s’il vous plaît ! », a-t-il dit avec insistance, ainsi que le rapporte Agence Bujumbura News qui montre un autre intervenant africain, un congolais, membre de l’organisation « Filimbi ». Il avait toujours sa carte rouge et son sifflet dans la main et avait présenté ces éléments comme ses bombes…

« Les manifestants n’ont pas de couleur ethnique bien qu’ils se retrouvent dans les quartiers à prédominance tutsi. Ils sont en majorité des jeunes, de classe sociale inférieure, en majorité des chômeurs mais bien éduqués », adit le premier conférencier Thomas rendant nuls les propos des tenants du pouvoir à Bujumbura qui font croire que les manifestants sont de la seule ethnie tutsi sont des raccourcis de lecture plutôt ridicules.

« Par exemple, les jeunes hutu surtout des FNL en provenance des collines environnantes descendent tous les jours pour appuyer les manifestants de Musaga(quartier sud Est). Même chose au Nord de Bujumbura à Mutakura, où viennent souvent des jeunes hutu en provenance de Bubanza pour appuyer les manifestants », a-t-il ajouté faisant une note hautement accusatrice ;

« Les jeunes burundais n’ont pas de perspective. Ils sont en majorité frustrés. Même celui qui détient un diplôme, s’il n’adhère pas au parti au pouvoir, il peut dire adieu au travail dans le secteur public ! Et cette discrimination au travail frappe les jeunes de toutes les ethnies ».

Thomas, en bon connaisseur du Burundi, montre comment les IMBONERAKURE sont formés pour défendre le régime Nkurunziza ; qu’en contrepartie, « après le coup d’Etat manqué du 13 mai dernier, les jeunes des quartiers contenant les manifestants ont aussi cherché les armes et sont prêts à les utiliser. D’autres en cherchent pour se défendre. En plus, il y a beaucoup de militaires qui ont fait défection. Si cette situation de crise perdure, insiste-t-il, il y a risque d’une rébellion » et donc adieu la culture démocratique qui commençait à prendre de belles couleurs dans le pays.

Pour le 2ème conférencier, Ambass. Nahayo,
« Le régime Nkurunziza a pris le temps de former sa milice imbonerakure. Les rapports des Nations Unies et de plusieurs ONG étaient explicites à ce sujet, les partis d’opposition et la société civile ont crié mais rien n’y a été fait. Or, en formant une milice destinée à massacrer ses propres populations, le pouvoir Nkurunziza a préparé un enfer pour le Burundi, et nous y sommes, actuellement. Et si cela perdure, un génocide politique voire ethnique pourra avoir lieu au Burundi »,

a-t-il indiqué invitant la Belgique à réveiller urgemment l’Europe pour le secours, à continuer sa forte pression sur Nkurunziza qui doit se désister de son 3ème mandat, à la non reconnaissance du Gouvernement burundais au cas où Nkurunziza persévère à briguer et remporter son 3ème mandat.

Au-delà de ceci, l’ambassadeur demande que la Belgique qui contribue pour 50 millions d’Euro dans le budget ordinaire burundais, exige l’arrêt de tout le processus électoral mais surtout qu’il soit mis fin à la répression des opposants et des journalistes au Burundi avec poursuite en justice internationale des éléments des forces de l’ordre qui tirent à balles réelles sur les manifestants.

Mme Arena, oratrice hors pair : sanctions musclées ; la France doit se défaire de sa torpeur

« L’Union européenne n’entend pas donner une quelconque caution aux élections éventuelles que prépare le pouvoir de Bujumbura. Ce dernier n’a rien vu encore. Des sanctions plus rigoureuses seront prises la semaine prochaine par l’Union Européenne. Ces sanctions pourront être entre autres, le gel des avoirs de certains dirigeants burundais coupables des violations massives des droits humains, le refus des visas d’entrée dans tous les pays européens, etc. Nous ferons une forte pression sur la France pour qu’elle sorte de sa timidité sur la question burundaise », a déclaré la Députée au Parlement européen.

« Je resterai toujours engagée auprès de la femme burundaise qui est engagée à défendre la démocratie de son pays qui ne peut avoir lieu si la constitution et l’Accord d’Arusha ne sont pas respectés », a tenu à déclarer Isabelle Durant, députée au Parlement bruxellois.

Le 6ème intervenant n’était autre qu’Éric David, professeur émérite de droit international à l’Université Libre de Bruxelles lui a analysé le discours ethnocentriste presté par certaines personnalités politiques burundaises actuelles :

« L’incitation au génocide est une infraction internationale qui peut provoquer une prise de décision rapide. Mais les appels à la discrimination raciale (ou ethnique), les encouragements à la discrimination raciale, les appels à la haine ethnique, etc. ne sont pas considérés comme infraction internationale et ne peuvent inciter le Conseil à envoyer une Force de maintien de la paix. Par ailleurs, insiste-t-il, si, avec des éléments convaincants, la Belgique considère que le pouvoir de Bujumbura fait une incitation au génocide, elle devra demander qu’il y ait une réunion du Conseil pour présenter ces éléments et l’inviter à envoyer une Force de maintien de la paix à Bujumbura » a dit ce chercheur ajoutant que

« Si le Conseil considère que le conflit interne dans un pays quelconque constitue une menace internationale, la décision est rapide. De la même façon, l’incitation au génocide est une infraction internationale qui peut provoquer une prise de décision rapide. Mais les appels à la discrimination raciale (ou ethnique), les encouragements à la discrimination raciale, les appels à la haine ethnique, etc. ne sont pas considérés comme infraction internationale et ne peuvent inciter le Conseil à envoyer une Force de maintien de la paix. Par ailleurs, insiste-t-il, si, avec des éléments convaincants, la Belgique considère que le pouvoir de Bujumbura fait une incitation au génocide, elle devra demander qu’il y ait une réunion du Conseil pour présenter ces éléments et l’inviter à envoyer une Force de maintien de la paix à Bujumbura ».

Sans équivoque, l’orateur a montré qu’entre les Accords d’Arusha et la Constitution du Burundi, pour une prise de décision nationale, « Les accords internationaux restent toujours primordiaux par rapports aux textes constitutionnels ». Une façon de montrer que si les Accords d’Arusha pour le Burundi ont précisé l’exercice de deux mandats de pouvoir par un même individu, cela ne peut être annulé par la Constitution.

Le 7ème intervenant fut Mme Valérie Rosoux, Spécialiste de la mémoire et de la résolution des conflits à l’UCL. Après avoir passé en revue les enjeux du conflit actuel au Burundi et leurs implications sur la région des grands Lacs, elle a montré l’engagement de la Belgique à la recherche des solutions au conflit burundais. Selon Mme Rosoux, la Belgique ne s’engage pas au Burundi pour une question d’intérêts matériels quelconques, c’est plutôt une question de morale, une question d’attachement historique.

Monsieur Peter Moors, Chef de cabinet du Ministre de la Coopération au Développement, M. Alexander de Croo, a montré le président Pierre Nkurunziza dans l’illégalité totale en briguant le 3ème mandat. Il a encore une fois rassuré le public sur l’engagement de la Belgique auprès du peuple burundais, mais un désengagement total auprès de Nkurunziza et de son gouvernement actuel et à venir.

« Monsieur Nkurunziza ne sera pas reconnu par la Belgique comme Président de la République du Burundi » a-t-il insisté révélant que que le Gouvernement belge a déjà commencé à identifier des organisations locales par lesquelles il pourra faire passer des financements directs pour assouvir la souffrance de la population.


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