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Amb. Antoine Anfré, Un diplomate atypique

Redigé par Tite Gatabazi
Le 20 octobre 2022 à 11:18

L’histoire retiendra que Kagame et Macron ont réussi un exploit. Celui de réconcilier le Rwanda et la France.

La commission des historiens présidée par le Pr Duclert aura révélé également un diplomate atypique, en la personne d’Antoine Anfré.

Son nom est cité dans le rapport pas moins de trente-six fois.

Alors diplomate à Kampala de 1987 à 1991, puis rattaché à la direction des affaires africaines et malgaches au Quai d’Orsay, le ministère français des affaires étrangères de 1991 à 1992, il se démarque ouvertement de la doxa des proches du président Mitterrand sur le Rwanda.

Ses analyses sont factuelles, lucides et empruntent d’une honnêteté intellectuelle remarquable.

Lui qui avait une compréhension du sujet qu’il traitait et saisissait la situation préoccupante au Rwanda et dans la région.

Dans ce monde feutré, il a eu des conversations, il a couché des mots dans les memos, ces transmissions diplomatiques.

Ces mots qui reflétaient la réalité de la dérive du régime Habyarimana.

Ayant alerter sa hiérarchie contre les risques de dérives violentes au Rwanda depuis 1991 et indiqué une nécessité de changement de paradigme dans la politique menée dans la sous-région, il subira les foudres des amis Parisiens de l’akazu.

Mais qu’à cela ne tienne. Il traversera, seul, ce désert avec la solitude du vainqueur.

Antoine Anfré et une poignée de hauts fonctionnaires deviendront, bien malgré eux, ce miroir d’un pouvoir à Paris qui aura refuser jusqu’au bout d’entendre la vérité.

Une prise de position à rebours de la politique officielle qu’il assumera au nom de son intégrité et ses convictions profondes.

Il a refusé de marchander et tomber dans les travers d’une carrière a priori brillante au prix des compromissions.

Il en sera marginalisé. Qu’importe.

Né le 7 janvier 1963 à l’Hay-les-Roses dans le Val de Marne (94), il est diplômé de science po Paris et de l’école nationale d’administration ENA.

Le parcours classique pour intégrer la haute fonction française, en l’occurrence la diplomatie.

Un diplomate est une personne qui entretient des relations internationales pour le compte de son pays.

Il se charge de mettre en application la politique étrangère de son pays pour à la fois préserver les intérêts de ce dernier et renforcer les relations avec le pays hôte.

En tant qu’agent public, il est appelé à respecter la subordination hiérarchique qui lui impose de faire preuve de soumission dans l’exercice de sa fonction.

Comme les mécanismes d’une montre Suisse, l’administration est une machine assez lourde composée des personnes qui s’enchâssent, s’emboitent, s’entrainent et obligées d’agir de concert.

Dans ce contexte, une certaine pratique confond à dessein l’obéissance et la soumission.

Combien de fois a-t-on entendu qu’il ne faut surtout pas faire de vague.

Obéir et ne pas discuter n’est pas le monopole de la discipline militaire, c’est aussi un catéchisme au sein des administrations.

Or, en droit administratif, obéir n’est pas synonyme de soumission, ni renoncer à réfléchir encore moins devoir se taire.

Ce principe est même assorti du devoir de désobéir.

On ne se demande pas toujours si faire carrière, gravir les échelons et obtenir les titres est vraiment une réussite.

Que gagner plus d’argent est une reconnaissance du travail et de l’expertise.

Ce débat est vieux comme le monde.

S’agissant d’Antoine Anfré, sa conscience et l’histoire lui ont données raison.

On ne peut qu’être admiratif face à cette consécration.

A l’image des grands serviteurs de l’Etat devant l’éternel tels que le Colonel René Galinié, Pierre Mendes France, Michel Rocard et Lionel Jospin, qui ont incarnés la rigueur intellectuelle, la probité morale avec un sens élevé du service public.

Ambassadeur Antoine Anfré, heritier intellectuel de Pierre Mendes France et Michel Rocard

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