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Burundi : tensions à l’Assemblée autour de la composition du bureau dominé par le CNDD-FDD

Redigé par IGIHE
Le 31 juillet 2025 à 03:59

De vives tensions ont marqué les travaux de l’Assemblée nationale burundaise le 29 juillet, alors que les députés débattaient du projet de loi organique régissant leur fonctionnement. Le point central de la controverse portait sur la composition du bureau de l’Assemblée, dans un contexte où seul le parti CNDD-FDD y est actuellement représenté.

En effet, la législature précédente comptait plusieurs partis, notamment le CNDD-FDD, le CNL et l’UPRONA. La loi organique en vigueur, conformément à la Constitution, stipulait jusqu’ici que le bureau devait être composé de trois membres issus de partis politiques différents.

Ceci-dit, depuis les dernières élections, le CNDD-FDD détient une majorité écrasante, avec 108 des 111 sièges, les trois restants étant occupés par des représentants de la communauté Batwa.

Le projet de révision du texte a provoqué un vif désaccord. Certains députés estimaient que maintenir l’exigence du pluralisme au sein du bureau reviendrait à créer un « piège juridique », en l’absence de partis d’opposition représentés. Gelase Daniel Ndabirabe, président de l’Assemblée, a ainsi proposé de remplacer l’expression « le bureau doit être composé » par « le bureau peut être composé de membres issus de plusieurs partis ».

« Vous pourriez dire, par exemple, ‘elle peut être composée de membres de plusieurs partis’, mais n’allez pas jusqu’à supprimer complètement la mention du multipartisme, car si vous la retirez, certains à l’extérieur — que je ne nommerai pas — diront : ‘Vous voyez bien !’ », a-t-il indiqué.

Toutefois, cette formulation plus souple n’a pas convaincu tout le monde. Le député Bikebako Gérard a mis en doute la pertinence du mot « peut », qu’il juge également source de confusion : « Le mot peut pourrait nous causer de graves conséquences […]. Mais aujourd’hui, si l’on dit que le président et les vice-présidents doivent provenir de partis différents, où trouverions-nous les autres partis ? »

D’autres voix, comme celle de Zache Misago, ont assumé pleinement le caractère monopartite de l’Assemblée : « À l’étranger, on ne cessera de dire qu’il s’agit d’un Parlement dominé par un seul parti, mais il faut s’y attendre, car cela résulte de la volonté du peuple. » a-t-il déclaré.

Un point de discorde majeur a aussi concerné les trois députés Batwa. Pour le député Gahitira Rédempteur, ces derniers pourraient être considérés comme issus d’autres partis, voire de l’opposition.

« Il y a aussi trois députés Batwa, parmi lesquels on peut supposer que l’un est affilié au CNL, un autre à l’UPRONA. […] Et pourtant, on continue de dire que l’Assemblée est monopartite ? Cela a-t-il vraiment du sens ? ». a-t-il avancé.

En revanche, Emmanuel Ndorimana estime que cette interprétation est contraire à la loi. : « Les trois Batwa dont il est question ici ne sont pas officiellement venus en tant que représentants d’un parti. Même s’ils étaient affiliés au CNL ou à l’UPRONA, cela ne serait pas officiel. Ils siègent ici en tant que représentants de la communauté Batwa. »

Après près de quatre heures de discussions houleuses, les députés sont parvenus à un compromis : la mention « le bureau doit » a été remplacée par « le bureau peut » être composé de membres issus de plusieurs partis. Une formulation qui autorise de facto l’élection d’un bureau dominé par un seul parti, le CNDD-FDD.

Ce 31 juillet 2025, conformément à la loi organique ainsi modifiée, Gelase Daniel Ndabirabe a été reconduit à la présidence de l’Assemblée nationale. Fabrice Nkurunziza a été élu premier vice-président, et Boussessia Nkezimana deuxième vice-président. Tous trois sont membres du CNDD-FDD.

De vives tensions ont éclaté à l’Assemblée nationale burundaise lors du débat sur la composition du bureau, du fait que seul le CNDD-FDD y est représenté

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