Le rapport du Rapporteur spécial dénonce la recrudescence des disparitions forcées au Burundi. Depuis 2015, des opposants politiques, des journalistes, et des défenseurs des droits humains sont victimes d’enlèvements et d’exécutions extrajudiciaires, souvent perpétrés par les forces de sécurité, avec l’appui de la milice des Imbonerakure, affiliée au parti au pouvoir, le CNDD-FDD.
Selon les organisations de la société civile, au moins 25 cas de disparitions forcées ont été enregistrés entre 2023 et 2024. Les Imbonerakure jouent un rôle central dans cette répression, opérant comme une milice armée, terrorisant les opposants et instaurant un climat de peur dans les communautés.
Les familles des victimes, souvent réduites au silence par les autorités, peinent à obtenir justice. L’absence d’enquêtes impartiales et la collusion entre le pouvoir judiciaire et les forces de sécurité perpétuent un cycle d’impunité, renforçant ainsi le climat de terreur.
Aucun responsable de haut rang impliqué dans ces abus n’a été traduit en justice, malgré les preuves accablantes recueillies par des organismes internationaux et locaux.
Se référant sur le récent rapport de la ligue des droits de l’homme Iteka Sur quatre ans et deux mois au pouvoir du président Evariste NDAYISHIMIYE publié le 12 septembre 2024, au moins 183 personnes ont été portées disparues au Burundi.
De plus, 1 355 cadavres ont été retrouvés et enterrés sans qu’aucune enquête ne soit menée pour identifier les responsables.
Par ailleurs, 2 436 assassinats ont été enregistrés, dont 1 349 personnes tuées par des individus non identifiés, 247 par des agents de l’État, et 54 victimes d’exécutions sommaires.
Ces chiffres reflètent une grave détérioration des droits humains sous ce régime, avec des violations persistantes des droits civils et politiques, exacerbées par l’impunité et le contrôle accru de l’État sur les libertés fondamentales.
Le rapport du rapporteur spécial de l’ONU des droits humains mentionne que la répression des droits civils et politiques au Burundi atteint des niveaux critiques, surtout à l’approche des élections législatives et municipales prévues en 2025.
Le rapport de Zongo met en garde contre une militarisation accrue du paysage politique, où les Imbonerakure sont utilisés pour intimider et harceler les candidats de l’opposition.
Le nouveau code électoral, adopté en avril 2024, introduit des restrictions sévères, notamment des frais de candidature élevés et des barrières pour les candidats indépendants.
Ces mesures visent principalement les figures de l’opposition, telles qu’Agathon Rwasa, leader du Congrès national pour la liberté (CNL), évincé de son propre parti dans un contexte de manipulation politique orchestrée par le gouvernement.
En plus des arrestations arbitraires d’opposants politiques, le contrôle de la presse est renforcé par l’adoption de lois restrictives en 2024, limitant sévèrement la liberté d’expression et permettant au gouvernement d’exercer une pression sans précédent sur les journalistes.
Les radios indépendantes et les médias en ligne subissent des pressions incessantes sur des accusations fabriquées de toutes pièces.
Parallèlement à cette répression politique, le Burundi est en proie à une crise économique qui aggrave la précarité des populations.
Le pays enregistre une inflation moyenne de 27 %, un taux alarmant qui affecte directement le pouvoir d’achat des ménages. Les pénuries de produits de première nécessité, telles que le carburant, l’eau et les denrées alimentaires, sont devenues monnaie courante. Le franc burundais s’est déprécié de 38 % face au dollar américain en 2023, aggravant ainsi la situation.
Le gouvernement burundais semble incapable de contrôler cette dérive économique. Les efforts pour augmenter les recettes fiscales et mobiliser des fonds extérieurs n’ont guère permis d’améliorer la situation.
Le rapport poursuit qu’au contraire, les mesures d’austérité ont réduit les dépenses publiques dans des secteurs clés tels que la santé et l’éducation, aggravant encore les inégalités sociales.
Le budget national alloué aux secteurs sociaux a chuté à 26,6 % en 2023/24, contre plus de 50 % les années précédentes, au profit des dépenses militaires et sécuritaires. Cette redistribution budgétaire démontre une priorité du régime sur la répression, plutôt que sur le bien-être des citoyens.
Le contrôle exercé par l’État sur l’espace civique s’est intensifié. En 2023 et 2024, les autorités ont imposé des restrictions strictes sur la liberté de réunion et d’association, ciblant particulièrement les organisations de défense des droits de l’homme.
Le CNDD-FDD s’ingère également dans le fonctionnement des partis politiques, limitant la capacité des opposants à mener des campagnes électorales équitables.
La société civile, qui joue pourtant un rôle crucial dans la documentation des abus et la sensibilisation des communautés, est constamment harcelée.
Les organisations en exil continuent de publier des rapports critiques, mais celles opérant à l’intérieur du pays sont muselées par des menaces et des suspensions d’activités.
Le Burundi est actuellement un État où les droits humains sont systématiquement violés. Les crimes d’État, les disparitions forcées, et les restrictions des libertés publiques ne montrent aucun signe de recul.
En fin, le rapport note que l’avenir du pays, particulièrement à l’approche des élections de 2025, est incertain. Il recommande à la communauté internationale de redoubler d’efforts pour faire pression sur le gouvernement burundais afin de restaurer l’État de droit et garantir la protection des droits fondamentaux de ses citoyens.
Il est également important de noter la session prochaine à Genève, prévue pour le 20 septembre 2024, où sera décidée la prolongation ou non du mandat du rapporteur spécial des Nations Unies, les organisations de défense des droits humains au Burundi ayant déjà formulé leur souhait de renouveler son mandat pour continuer à documenter ces violations des droits humains.
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