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Crises politique et diplomatique en RDC

Redigé par Tite Gatabazi
Le 28 juillet 2022 à 05:45

« La Monusco rappelle que ses locaux sont inviolables en vertu de l’Accord sur le statut des forces entre l’ONU et le gouvernement de la RDC(SOFA) et la Convention sur les privilèges et immunités diplomatiques de 1946 ».

Le Président du Sénat congolais, Bahati Lukwebo en séjour à Goma a déclaré le 15 juillet 2022 : « La Monusco doit plier bagages. Nous allons nous même assurer la paix, la sécurité et l’intégrité de notre territoire ».

La jeunesse de l’UDPS de Goma a appelé à manifester contre la Monusco le 25 juillet 2022 pour exiger son départ.

Des images qui circulent en boucles toute la journée attestent des scènes de pillages, de saccages et de destruction des enceintes de la Monusco. Une journée noire dans la diplomatie congolaise.

Et les militaires ainsi que les policiers se sont mêler aux pillards.

La mission des droits de l’homme en RDC rappelle que « l’incitation à l’hostilité et à la violence contre les nations unies et leur personnel sont des crimes internationaux imprescriptibles et exposent leurs auteurs et instigateurs, quel que soit leur statut officiel a des poursuites judiciaires ».

Et invite par la même occasion « à exercer de la retenue et à se distancer des discours de haine et messages incitatifs a la violence et l’hostilité ».

Déjà que la politique étrangère de la RDC était au plus mal avec le prolongement de l’embargo sur les armes, ses déconvenues régionales avec le dossier brulant du M23, des accusations infondées contre le Rwanda, le processus de Nairobi qui peine à être mis sur les rails.

Bref, la diplomatie congolaise n’avait vraiment pas besoin de se mettre les nations unies à dos en s’empênant a la Monusco.

A Kinshasa on semble ignorer que la diplomatie s’inscrit toujours, par la nature même des relations internationales, dans un jeu de contraintes, dans un espace de valeurs partagées. Sauf que l’appréciation desdits valeurs n’est pas étrangère aux considérations d’intérêts et de rapports de force.

La dégradation soudaine du climat entre la Monusco et le gouvernement congolais est singulière à plusieurs niveaux.

L’exploitation de l’exaspération de la population, avec en toile de fond la déliquescence des structures étatiques et le jeu des rivalités politiques créent les conditions d’une nouvelle crise politique et diplomatique.

La désaffectation populaire élevée est la marque du nouveau pouvoir plus particulièrement à l’Est du pays. Ce contexte difficile influence la diplomatie du pays avec le processus de Nairobi et les rencontres de Luanda ou, a bien des égards, le gouvernement est à court d’arguments et multiplie les bourdes.

Son outil militaire, peu signifiante et inefficace ne lui assure aucune autonomie stratégique et pousse au maintien de la force des nations unies depuis une vingtaine d’années.

Et l’état de siège n’a pas tenu ses promesses.

Dans ce contexte détérioré et ce cadre affaibli, un pays politiquement et socialement divisée, comment orienter une action politique et diplomatique efficace. Extrêmement difficile si pas impossible.

La capacite d’influence de la RDC est réduite comme peau de chagrin.

Comme si cela ne suffisait pas, voilà que le pouvoir ouvre une crise avec les nations unies en incitant les badauds au pillage des installations de sa mission de maintien de la paix.

On sait que l’élément déclencheur de ces manifestations est le discours du Président du Sénat du 15 juillet 2022 à Goma.

En effet, ces attaques sont la conséquence directe des discours et messages incitant à la violence des personnalités politiques et de la société civile.

On le sait trop bien « la parole favorise le passage à l’acte ».

Après le renouvellement de l’embargo sur les armes par le conseil de sécurité des nations unies, le rapport du groupe d’experts des nations unies du 12 juin 2022 indiquant « qu’aucun élément factuel n’atteste du soutien du Rwanda au M23 ».

Ajouter à cela le calendrier électoral qui rabat les alliances politiques, la scission de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, « UDPS » parti du Président de la République qui l’isole encore plus.

A la paupérisation de la population et l’insécurité se substitue une cascade des crises.

Le rabibochage entre Kabila et Katumbi, le retour de Vital Kamerhe blanchi par la justice, l’emprisonnement de François Beya, le départ avec fracas de Jean Marc Kabund, la cacophonie au sein de la majorité parlementaire créent de la nervosité et de la précipitation dans les allées du pouvoir.

Le Président de la République, par défaut et par nécessité, se retrouve ainsi face a ses responsabilités. Les événements l’y obligent.

Compte tenu de sa position géostratégique et de ses intérêts vitaux, l’environnement régional aurait dû constituer le cœur de la priorité de la politique de la RDC.

Or même dans cet espace prioritaire, sa diplomatie est inaudible.


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