Débat sur le fédéralisme en RDC ou un héritage historique et politique incontournable

Redigé par Tite Gatabazi
Le 2 décembre 2025 à 08:00

Le débat initié par l’AFC/M23 sur le fédéralisme comme forme de l’État en République démocratique du Congo s’inscrit dans une longue tradition de réflexions et de résolutions politiques profondément ancrées dans l’histoire contemporaine du pays.

Bien avant les turbulences institutionnelles et les crises à répétition qui ont émaillé la vie politique congolaise, plusieurs instances et congrès avaient affirmé la pertinence du fédéralisme pour assurer non seulement la stabilité mais aussi l’épanouissement harmonieux de tous les citoyens.

Ainsi, le Congrès du Cartel des Partis Fédéralistes, tenu à Kisantu du 24 au 27 décembre 1959, réaffirma avec force la conviction que le fédéralisme constituait la seule formule capable de garantir le développement harmonieux et l’épanouissement normal de toutes les communautés du Congo/Zaire.

Les partis participants Abako, PSA, MNC, Parti du Peuple, Abazi, Parti de la Défense du Peuple Lulua, Fédération Générale du Congo, soulignaient déjà que seule une décentralisation réfléchie et organiquement intégrée pouvait répondre aux aspirations diverses de la population.

La Conférence de Tananarive (9 – 12 mars 1961), alors que le pays traversait une crise institutionnelle majeure, adopta le confédéralisme comme forme d’État idéale, témoignant de la volonté de créer un équilibre entre autonomie provinciale et cohésion nationale.

Plus tard, la Conférence Constitutionnelle de Luluabourg (10 janvier – 11 avril 1964) et le référendum constitutionnel qui s’ensuivit (25 juin – 10 juillet 1964) consacrèrent le fédéralisme comme modèle d’organisation de la République, promulgué officiellement le 1ᵉʳ août 1964.

Enfin, la Conférence Nationale Souveraine (7 août 1991 – 6 décembre 1992) confirma, une fois de plus, l’option fédérale comme cadre institutionnel souhaitable pour la RDC, réaffirmant l’impérieuse nécessité de conjuguer gouvernance nationale et autonomie régionale.

Il convient de rappeler que l’opposition au fédéralisme, dans ce contexte, émane essentiellement de politiciens kleptocrates, dépourvus de mémoire historique et de vision prospective, qui ont successivement contribué à affaiblir et spolier le pays au fil des régimes, laissant derrière eux un sillage de pratiques corruptrices et de compromissions.

En revanche, plusieurs partis politiques disposant d’un projet de société cohérent et structuré tels que l’UDPS, le MLC, l’UNAFEC ou « Ensemble pour la République » continuent de défendre ouvertement l’idée fédérale, consciente de son rôle déterminant dans la stabilité, le développement équitable et l’émancipation harmonieuse des populations congolaises.

Ainsi, loin de se réduire à une simple abstraction théorique ou à un slogan circonstanciel, le fédéralisme en République démocratique du Congo se présente comme une nécessité historique et politique impérieuse.

Il constitue un cadre institutionnel structurant, apte à conjuguer l’autonomie des entités provinciales avec la préservation de l’unité nationale, en offrant à chaque région la latitude nécessaire pour gérer ses affaires tout en s’insérant harmonieusement dans la logique de l’État central.

Cette organisation, lorsqu’elle est pensée et mise en œuvre avec rigueur, permet de concilier diversité culturelle, pluralité des identités et cohésion nationale, en instaurant un équilibre dynamique entre pouvoirs locaux et pouvoir central, indispensable à la stabilité durable du pays.

Au-delà de cette dimension politique, le fédéralisme se révèle également un instrument de justice sociale et d’aménagement équilibré du territoire, susceptible de corriger les déséquilibres chroniques qui ont trop longtemps fragilisé le tissu politique, économique et social de la RDC.

En dotant les provinces d’une capacité réelle de décision et en responsabilisant les acteurs locaux, il offre un rempart contre les dérives centralisatrices, la marginalisation des communautés et les tensions interrégionales.

De ce point de vue, le fédéralisme n’est pas un simple choix institutionnel : il incarne un projet de nation capable de prévenir les fractures structurelles et de poser les fondations d’un développement harmonieux et équitable pour l’ensemble des Congolais.

C’est à cette lumière que le débat actuel, relancé par l’AFC/M23, doit être envisagé : non comme une provocation, mais comme la réaffirmation d’une option fondatrice, longtemps reconnue et jamais véritablement mise en œuvre dans toute sa profondeur.

Le débat de l’AFC/M23 sur le fédéralisme en RDC s’inscrit dans l’histoire politique contemporaine du pays

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