Elle met en lumière l’un des tabous les plus pesants du régime Tshisekedi : la présence au cœur du pouvoir d’acteurs dont l’appartenance juridique à la République démocratique du Congo est, au mieux, équivoque. En sept années de gouvernance, aucune parole claire, aucune réforme, aucun courage politique n’a affronté ce sujet pourtant vital pour la cohérence de l’État et la souveraineté nationale.
Il est des silences qui en disent long, et celui du pouvoir congolais sur la question de la double nationalité est de ceux-là : lourd, persistant, presque coupable. Voilà sept années que le régime du président Félix Tshisekedi s’exerce, sans que jamais ne soit abordé ce sujet pourtant fondamental dans l’architecture constitutionnelle de la République démocratique du Congo.
Or, à mesure que les révélations s’accumulent, la contradiction entre le texte fondateur de la Nation et la réalité du pouvoir devient criante, presque obscène.
Le cas de la ministre Grâce Kutino, donnée par son propre père comme élue municipale en France, dans le département de l’Essonne, illustre tragiquement ce paradoxe. Si cette information s’avérait exacte, elle impliquerait de facto la détention d’une nationalité étrangère en l’occurrence française et donc la violation d’un principe cardinal de la Constitution congolaise : l’unicité et l’exclusivité de la nationalité.
Une règle simple, claire, et pourtant sans cesse contournée par les élites politiques qui, tout en s’en drapant publiquement, vivent dans un entre-deux juridique et moral, oscillant entre deux appartenances selon la commodité du moment.
La question dépasse le cas individuel. Elle touche au cœur même de la souveraineté nationale et de la crédibilité de l’État. Comment prétendre incarner la jeunesse, c’est-à-dire l’avenir du pays, lorsqu’on détient les droits civiques d’une autre nation ? Comment défendre la souveraineté congolaise quand on en viole soi-même les fondements ? La République ne saurait être gouvernée par des citoyens de circonstance, attachés à elle par opportunité plus que par conviction.
Le pouvoir, quant à lui, s’est muré dans une prudente hypocrisie. Il sait que nombre de ses propres serviteurs vivent cette contradiction : enfants de la diaspora naturalisés, ministres nés ailleurs, dignitaires aux passeports multiples. Il préfère donc l’omerta à la réforme, le compromis au courage. Mais ce silence a un prix : celui d’un État qui abdique devant le double jeu de ses représentants et perd, peu à peu, la confiance d’un peuple qui voit, sans oser dire, l’érosion de sa souveraineté.
Ce dossier n’est pas une simple querelle administrative. Il est la manifestation d’un mal plus profond : celui d’une classe dirigeante qui n’a jamais tranché entre la fidélité au Congo et l’appétit du monde, entre la patrie et la convenance. Tant que cette ambiguïté ne sera pas levée, la République continuera de boiter, prisonnière d’un double langage qui ronge ses fondations.
A l’heure où le pays se prétend assiégé par les ingérences étrangères, comment ne pas voir que la plus redoutable des infiltrations ne vient pas toujours de l’extérieur ? Elle s’insinue dans les couloirs mêmes du pouvoir, portée par ceux-là qui, par calcul ou confort, ont troqué la fidélité nationale contre la pluralité des appartenances.
Le Congo ne tombera pas seulement par les armes de ses ennemis, mais par la duplicité de ses propres fils. Tant que ceux qui gouvernent le pays continueront de prêter serment à Kinshasa tout en votant à Paris, Bruxelles et Berlin pour ne citer que ceux-là la souveraineté congolaise demeurera un mot creux, un étendard sans âme, flottant au vent de l’hypocrisie.














AJOUTER UN COMMENTAIRE
REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Ne vous eloignez pas du sujet de discussion; Les insultes,difamations,publicité et ségregations de tous genres ne sont pas tolerées Si vous souhaitez suivre le cours des discussions en cours fournissez une addresse email valide.
Votre commentaire apparaitra apre`s moderation par l'équipe d' IGIHE.com En cas de non respect d'une ou plusieurs des regles d'utilisation si dessus, le commentaire sera supprimer. Merci!