Selon les enquêteurs, elle possédait un terrain dans le village où elle avait fait construire une maison en banco comprenant trois pièces : deux salles de prière et une salle dite de « préparation ». C’est là que les adeptes se laissaient mourir de faim, avant d’être enroulés dans des bâches et enterrés.

Kwa Binzaro n’était pas le seul point de contrôle de la prêtresse. Sharlyne Temba possédait également deux maisons à Malindi, chef-lieu du comté de Kilifi, servant de relais pour les adeptes recrutés dans tout le pays, avant que ceux-ci ne soient envoyés vers le site de Kwa Binzaro.

Des survivants affirment qu’elle maintenait le contrôle de ses fidèles par des moyens de communication directs. « Elle pouvait même joindre Paul Mackenzie par téléphone », explique Matthias Shipeta, de l’ONG Haki Africa, faisant référence au pasteur à l’origine de la secte apocalyptique qui avait causé près de 450 morts à Shakahola en 2023, la police enquêtant sur d’éventuels liens entre les deux réseaux.

Selon les déclarations des suspects, Sharlyne Temba serait l’instigatrice de rites mortels qui ont coûté la vie à de nombreux adeptes. « Ils se souviennent avoir enterré plus de 40 corps », précise Walid Sketty, de l’ONG Vocal Africa.

Les autorités procèdent actuellement aux autopsies des 34 dépouilles et d’une centaine de restes humains déjà découverts, lesquelles ont commencé cette semaine.

Des objets destinés aux jeunes enfants ont également été retrouvés dans les maisons de Temba, ainsi que le corps d’une femme et celui d’un bébé, découverts dans les tombes.

La proximité géographique et idéologique avec le massacre de Shakahola laisse penser que la prêtresse aurait pu prolonger ou adapter les pratiques extrêmes de Mackenzie à Kwa Binzaro.

Sharlyne Temba demeure pour l’instant inculpée dans le cadre de l’enquête. Les autorités continuent d’exhumer des fosses et d’analyser les preuves afin de déterminer l’ampleur exacte de son rôle.

L’inspecteur général de la police kenyane a récemment révélé l’identité de celle qu’il qualifie de “cerveau” derrière la macabre découverte dans le village de Kwa Binzaro