Le souverain qatarien, dont chaque mot est pesé à l’aune des équilibres géopolitiques, ne s’y est pas trompé : ses inflexions de ton, ses nuances lexicales, ses prudences exprimées d’un côté et sa chaleur assumée de l’autre disent, mieux que de longs traités, l’écart abyssal qui s’est installé entre les deux capitales.

Du côté rwandais, le propos se déploie avec une assurance tranquille, presque teintée d’une connivence assumée : « mon ami Kagame », « des relations solides », « des perspectives prometteuses », autant de formules qui trahissent une crédibilité patiemment édifiée.

Le Qatar, puissance exigeante dans ses partenariats, y reconnaît la marque d’un leadership éprouvé, animé par une vision structurante, soutenue par une constance diplomatique rare sur le continent.

Il faut dire que le Président Kagame, par une combinaison de discipline stratégique, de cohérence étatique et de rigueur opérationnelle, a offert à son pays et plus largement, à l’Afrique, la démonstration tangible qu’un État peut se hisser au rang d’acteur influent lorsque la parole politique s’adosse à des résultats et à une vision intelligible.

Son action méthodique, son sens aigu de la stabilité et sa capacité à inscrire le Rwanda dans les grands débats régionaux et internationaux portent les attributs d’un leadership accompli, respecté, et désormais incontournable.

A Kinshasa, le ton adopté par le souverain qatari se métamorphose : il devient distant, diplomatiquement courtois, mais scrupuleusement dépourvu d’enthousiasme. Les mots se font généraux, presque abstraits : une « nouvelle impulsion », des échanges « fructueux », des intentions à concrétiser. Ce sont là les expressions que l’on réserve à un partenaire encore incertain, insuffisamment structuré, dont la scène internationale peine à discerner la ligne directrice.

Le président Félix Tshisekedi, prompt aux volte-face, oscillant d’opinion en opinion avec la vitesse fulgurante de l’éclair, semble en effet prisonnier d’une pratique étatique vacillante, où les postures tiennent lieu de stratégie et où les proclamations remplacent l’élaboration patiente d’une politique étrangère cohérente.

Les pirouettes discursives, les revirements intempestifs et la difficulté manifeste à incarner une vision stable affaiblissent l’image d’un pays qui, pourtant, devrait imposer le respect par la seule force de son histoire, de sa géographie et de ses ressources colossales.

Le contraste est, dès lors, brutal. Alors que Kigali avance avec une rigueur quasi métronomique, articulant ses choix autour d’une perspective de long terme et d’une présence internationale méthodiquement consolidée, Kinshasa paraît naviguer à vue, oscillant entre réactions improvisées et exaltations de circonstance.

Le paradoxe le plus saisissant demeure celui-ci : même lorsqu’il est accusé par la RDC d’agression, c’est encore le Rwanda qui se voit salué pour ses « initiatives de paix » dans la région, signe d’un renversement symbolique majeur dans l’ordre diplomatique actuel.

Il n’y a rien de « solide » à décrire dans les relations entre Doha et Kinshasa, et c’est précisément ce que suggère l’expression de « nouvelle impulsion ». À l’inverse, la mention de « relations solides » avec Kigali découle d’un capital diplomatique patiemment constitué, où cohérence, lisibilité stratégique et constance des engagements ont tracé les contours d’un partenariat crédible.

Ainsi apparaît, avec une clarté désormais indiscutable, la réalité d’un continent où deux modèles de leadership coexistent : celui, exigeant et visionnaire, incarné par le Président Kagame, dont les choix ont conféré à son peuple, à l’Afrique et au monde une boussole stratégique et celui, hélas vacillant, d’un Félix Tshisekedi englué dans l’hésitation, l’improvisation et l’inconstance, incapable jusqu’ici de conférer à la RDC l’épaisseur diplomatique que commande sa stature historique.

La comparaison des deux déclarations successives du Cheikh Tamim met en lumière la divergence croissante des trajectoires diplomatiques entre Kigali et Kinshasa