Les bus et taxis, déjà saturés, s’avèrent impuissants à répondre à la demande croissante d’une population en perpétuelle expansion. Le temps perdu s’accumule en retards scolaires, en journées de travail amputées, en exaspération quotidienne.
Face à cette spirale d’inefficience, le Commandant Ilunga Lukunga Serge, pilote de lignes et expert en transport, alerte : une ville de l’ampleur de Kinshasa ne peut fonctionner sans un réseau ferroviaire urbain performant. La densité démographique et l’étalement tentaculaire de la capitale ont depuis longtemps rendu obsolète l’infrastructure routière héritée des décennies passées.
La mise en place d’un train urbain structuré permettrait non seulement de désengorger les artères principales, mais aussi de réduire drastiquement les temps de trajet, d’améliorer la ponctualité et de stimuler l’activité économique par une mobilité fluide. Plusieurs capitales africaines ont déjà engagé ce virage stratégique ; Kinshasa, elle, semble figée, observant le convoi de la modernité passer sans y monter.
Mais l’asphyxie de Kinshasa n’est pas que routière ; elle est aussi morale et sanitaire. Plus de 70 % des Kinois ne disposent d’aucun lieu d’aisance digne de ce nom et, faute d’infrastructures, sont réduits à se soulager à la belle étoile, dans l’indifférence quasi institutionnelle.
L’assainissement de la ville, figé dans un état quasi inchangé depuis les premières années des indépendances, témoigne d’un abandon structurel.
Dans plusieurs communes, l’absence totale de toilettes publiques est la règle ; et là où elles existent, elles se comptent sur les doigts d’une main et se trouvent dans un état de délabrement tel qu’elles en deviennent inutilisables.
Les rares installations disponibles, souvent cantonnées aux marchés ou à quelques places publiques, se monnayent entre 500 et 1 000 francs congolais mais leur insalubrité les rend rebutantes, notamment pour les femmes, exposées aux infections. Les odeurs pestilentielles, l’absence d’entretien et de produits hygiéniques transforment ces lieux supposés d’hygiène en foyers de répulsion.
Comme le déplore Joël Kyana, président des urbanistes congolais, « les toilettes publiques participent à l’image même de la ville » et l’image qu’elles offrent aujourd’hui est celle d’un abandon honteux.
Pourtant, les autorités, tant provinciales que nationales, semblent regarder ailleurs, détournant le regard de ce scandale silencieux. Les Kinois, eux, continuent de vivre dans cette contradiction insoutenable : circuler devient un supplice, et satisfaire un besoin élémentaire, une épreuve.
Kinshasa, géante aux artères obstruées et aux entrailles souillées, étouffe non par manque de solutions, mais par déficit de volonté politique.

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