Depuis la fin juin, date à laquelle ont débuté ces intempéries d’une intensité exceptionnelle, ce sont plus de 600 vies qui se sont éteintes, emportées par la violence des eaux.
Les provinces septentrionales paient le tribut le plus lourd. La région montagneuse du Khyber-Pakhtunkhwa, à la frontière afghane, est en grande partie dévastée : inondations, torrents de boue et glissements de terrain y ont englouti villages et infrastructures, provoquant la mort d’au moins 307 habitants. Les opérations de recherche, rendues difficiles par l’instabilité des sols et l’accès limité aux zones reculées, se poursuivent dans l’espoir de retrouver des corps encore ensevelis sous les décombres.
Quand la mousson devient sentence
L’hécatombe qui frappe le Pakistan illustre tragiquement l’accélération des dérèglements climatiques et l’incapacité persistante des États les plus vulnérables à y faire face. Jadis saison attendue, presque sacrée, qui irriguait les champs et nourrissait l’espérance des populations rurales, la mousson s’est muée en cauchemar récurrent. Les pluies, jadis synonymes de fertilité, se transforment désormais en torrents de mort, ravageant maisons, routes, récoltes et vies humaines.
Cette catastrophe n’est pas un accident isolé, mais le symptôme d’un déséquilibre planétaire. Les masses d’air surchauffées, nourries par un climat global en surchauffe, rendent les précipitations plus brutales et imprévisibles.
Le Pakistan, déjà éprouvé par la pauvreté structurelle, l’instabilité politique et la fragilité de ses infrastructures, se retrouve pris dans un cercle infernal : chaque saison pluvieuse y devient une loterie macabre, où les plus pauvres sont les premiers sacrifiés.
Il est aisé, pour les chancelleries lointaines, de se contenter de messages de solidarité. Mais cette tragédie appelle bien davantage : une réflexion collective sur la justice climatique et sur la responsabilité historique des grandes puissances industrielles. Car les habitants du Khyber-Pakhtunkhwa n’ont presque rien contribué aux émissions qui bouleversent aujourd’hui leur ciel, et pourtant ils en paient le prix le plus exorbitant.
À l’heure où le bilan dépasse les 600 morts, le Pakistan ne réclame pas seulement de l’aide humanitaire immédiate : il incarne l’exigence d’une refondation éthique de la gouvernance climatique mondiale. Les pluies qui s’abattent sur ses montagnes ne sont pas seulement celles d’une mousson implacable, mais celles d’une dette écologique que le Nord global n’a toujours pas acquittée.

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