Eux, qui ont fait du viol une arme de guerre, avec des gens qui croulent sous les méfaits de la guerre et la misère.
Kishishe, cette bourgade de Rutshuru vient de défrayer la chronique. Les affrontements qui s’y sont déroulés fin novembre 2022 remuent la communauté internationale et ils sont devenus une affaire éminemment politique de premier plan en RDC.
Et pourquoi donc la Monusco a rédigé un rapport préliminaire à la hussarde avec l’objectif de disposer d’un document sur mesure permettant de remettre en cause immédiatement le M23.
Des allégations contre le M23 sont adossées à un corpus de témoignages douteux.
Mais il s’agit, à s’y méprendre, d’un acharnement politique doublé de récupération diplomatique comme l’a dénoncé la direction du mouvement du 23 mars.
Les conflits à l’Est de la RDC ne sont jamais avares des surprises.
Mais Kishishe a l’air du déjà vu car il a des liens de consanguinité avec le rapport du juge français Bruguière et le mapping report. Curieux non.
Le rapport préliminaire de la Monusco a été rédigé à Rwindi à plus de trente kilomètres de Kishishe sans que les enquêteurs se soient déplacés. Les témoins semblent recrutés dans les rangs des FDLR.
Les enquêteurs avouent qu’ils n’ont effectué aucune investigation digne de ce nom, ils ont recopié des témoignages qui attestent d’une connivence avec la galaxie des FDLR.
On peut se rendre à l’évidence : peu importe la taille du tissu de mensonge, il ne sera jamais assez grand pour couvrir les faits.
Le 16 novembre 2006, le juge anti-terroriste français Bruguière avait émis une ordonnance pour délivrer neuf mandats d’arrêts internationaux contre les officiers supérieurs Rwandais.
Une enquête partiale menée a charge. Son enquête présentait des faiblesses congénitales : absence de fiabilité de témoins indirects, parfois liés aux FDLR ou des détenus du TPIR.
Usage de faux documents, recours à des intermédiaires douteux. Une manipulation politique d’un dossier judiciaire. Sans plus.
Le juge Bruguière avait rédigé son rapport sans le moindre déplacement sur les lieux du crash de l’avion. Il s’était adjoint les services d’un ancien membre des renseignements du régime Habyarimana comme traducteur.
Il aura permis aux officines d’alimenter des polémiques et empoisonner toute compréhension du génocide contre les tutsis. Un naufrage du juge d’instruction et son enquête.
Et le mapping report s’était contenté de l’ouïe- dire. Il a beau écrire les actes abominables commis par les FDLR à l’Est RDC ou ils ont principalement commis des viols de façon généralisée et systématique en faisant usage d’une brutalité bestiale, ses propagandistes passent outre.
A l’instar du rapport du juge français Bruguière, le mapping report répondait à des impératifs d’un agenda politique plutôt que l’éclatement de la vérité.
Le mapping était venu suppléer l’échec du rapport du juge Bruguière. Il a été exploité par les mêmes milieux à des fins politiques pour répandre le blâme sur le Rwanda post génocide et couvrir certaines responsabilités dans le génocide contre les tutsis en brandissant la "théorie du double génocide".
Le rapport préliminaire de Kishishe est de la même veine et s’inspire des mêmes méthodes : la précipitation, pas de descente sur terrain, absence de témoignages crédibles, confusion sur les dates, exploitation à des fins politiques.
Mais Kishishe c’est d’abord la bataille des chiffres. Selon la Monusco 272 victimes, le gouvernement parle d’abord de 50 civils, puis de ravise et évoque 131 tandis que le M23 évoque 8 tués par balles perdues.
Le Ministre de l’industrie Julien Paluku parle de plus de 300 morts.
Et le M23 indique qu’il s’agit d’une confrontation avec des combattants FDLR. On sait que Kishishe était un fief de ces derniers.
Kishishe charrie des mensonges, des approximations et des contre-vérités. On ne peut soutenir que les experts des nations unies manquent de capacité de réflexion, d’analyse et d’appréciation. Alors, il y a anguille sous roche.
Car Kishishe a mis à nu les fragilités de l’alliance qui connait la déconfiture militaire des FARDC et ses supplétifs.
Le gouvernement congolais hurle de douleur et décrète, pour la première fois, un deuil national de trois jours. Et alimente un gros écran de fumée par la presse interposée.
Et les accusations et condamnations orientées pleuvent, presque instantanément, exigeant une enquête internationale et des sanctions contre le M23 avec en toile de fond le Rwanda.
Mais le tollé soulevé par Kishishe comporte des défauts qui sautent aux yeux du premier observateur.
Faute de preuves matérielles, Kishishe est couvert d’une zone d’ombre sur les acteurs, les tueries et le bilan. Une succession de duperie et d’illusions portée par d’autres motivations.
Le porte-parole politique du M23, Lawrence Kanyuka a déploré le fait de voir les nations unies monter un rapport de toute pièce pour faire plaisir au gouvernement congolais. Ce qui en somme est une preuve de partialité.
Mais la Monusco n’est pas à son premier coup d’essai de tronquer la réalité. Depuis vingt-cinq ans de présence à l’Est de la RDC, on pointe souvent des erreurs d’analyses de sa part, des ambigüités jusqu’aux compromissions.
Derrière ce subterfuge, le gouvernement congolais cherche à draper la critique acerbe du communiqué du 30 novembre 2022 de la conseillère spéciale des nations unies en charge de la prévention du génocide qui explicite qu’en RDC il existe un ciblage des civils en raison des critères ethniques.
Ce qui est un élément constitutif du génocide.
Le gouvernement congolais tente maladroitement de repenser des stratagèmes pour faire diversion sur les causes réelles de la crise persistante à l’Est du pays.
La simulation et l’intoxication qui contribuent à tromper l’opinion peinent à convaincre grâce à la prolifération des réseaux sociaux.
Avec les péripéties en cours en RDC, beaucoup de citoyens congolais encore lucides avouent leur désarroi et leurs peurs.
Ce mouvement est loin d’être anecdotique, il est l’expression des convictions.
Il faut rapporter les faits, témoigner contre ces délires, la mauvaise foi, ces impostures devenues dogmes de la secte idéologique présentée comme positions politiques.
Il y a comme un dégoût et une indignation face à cette rengaine.
Le rapport préliminaire sur Kishishe est une amplification des allégations mensongères. Triple défaite de la pensée, des méthodes et de l’éthique. Pas glorieux cette interprétation tendancieuse des faits.
S’en suivent des controverses et polémiques qui fleurissent tous azimuts.
Le M23 permet de revisiter les repères sociaux, politiques, historiques et juridiques. Il conduit à de nouveaux positionnements et induit de nouvelles références à l’Est de la RDC.
Ce tumulte impose de travailler dur pour que règne la paix à l’Est de la RDC.
Quant à Kishishe qui a l’air du déjà vu, il n’a pas encore révélé tous ses secrets.

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