L’AFC/M23 avancent inexorablement

Redigé par Tite Gatabazi
Le 26 janvier 2025 à 02:21

À travers les convulsions de Goma, c’est bien plus que l’enjeu d’une simple bataille pour un territoire qui se dessine ; c’est la survie du régime Tshisekedi, tel un fragile château de cartes, qui vacille sous le poids accablant d’une crise existentielle.

Si cette ville stratégique, perle précieuse de l’Est, venait à succomber aux mains de l’AFC/M23, il serait illusoire de croire que Bukavu, capitale du Sud-Kivu, puisse échapper au même sort. Une telle défaite ouvrirait alors une brèche béante dans le cœur du pays, et l’AFC/M23, loin de se contenter de conquêtes militaires, s’élanceraient inexorablement dans une administration des zones sous son contrôle, traçant sur leur passage la ligne de fracture d’un État dont les institutions, gangrénées par l’impuissance et la corruption, ne pourraient qu’aggraver l’effondrement.

La victoire ne serait pas seulement militaire ; elle serait institutionnelle. Dans cet espace où l’État central a longtemps failli, ils offriraient une sécurité relative, une forme d’ordre, certes, mais suffisante pour donner à la population désemparée de la stabilité.

C’est dans cette ironie cruelle que réside le drame : ce sont souvent ceux qui défient l’autorité de Kinshasa qui parviennent à instaurer une forme de gouvernance là où l’État a échoué, et ce, non seulement militairement mais symboliquement.

Cette avancée de l’AFC/M23 ne saurait être perçue comme une simple expansion militaire ; elle révèle les profondes failles d’un État, rongé par ses contradictions, ses négligences et ses faiblesses. Les fragilités institutionnelles, forgées au fil des décennies de mauvaise gouvernance, de népotisme et de déliquescence administrative, transforment chaque défaite en une blessure béante.

Chaque cité perdue n’est pas seulement une défaite géographique, mais un coup porté à l’idée même de souveraineté, un coup de poignard dans le mythe d’un État invincible. Tandis que l’effondrement de l’autorité se propage comme une gangrène, le vide laissé derrière elle devient un terreau fertile pour les forces rebelles, qui s’emparent de ce vide avec une détermination sans faille, creusant l’abîme entre un pouvoir central toujours plus distant et des provinces de plus en plus orphelines.

A Goma, ce n’est pas seulement une ville qui tombe, mais l’ensemble du fragile édifice de la République, dont les fondations, rongées par l’incurie et la corruption, se fissurent sous la pression des événements. Ce n’est pas une simple bataille, mais un carrefour tragique où se joue la pérennité d’un régime incapable de se réformer, et où l’on assiste, impuissant, à son naufrage inéluctable.

Dans ce dénuement, toute perspective de négociation semble d’un irréalisme absolu, car elle se heurte à l’arrogance d’un pouvoir plus préoccupé par sa survie politique que par la recherche d’une solution qui pourrait apaiser les tensions.

L’armée congolaise, marquée par des décennies d’incompétence, de corruption et de désunion, se révèle totalement incapable de freiner l’élan des rebelles. Ce constat accablant dépasse le simple échec militaire : il traduit la cécité d’un État plongé dans un déni aveugle, une incapacité systématique à reconnaître ses propres erreurs.

Au sommet de l’État, une cacophonie s’est installée, symptomatique d’une gestion erratique et désordonnée, où les décisions, prises dans la précipitation, manquent cruellement de vision. Chaque geste du pouvoir, chaque mouvement désordonné dans ce marasme politique, n’est qu’une fuite en avant désespérée.

Kinshasa semble s’engager dans une spirale de maladresses tactiques, multipliant les erreurs et exacerbant les tensions, non seulement au sein du pays, mais aussi avec ses voisins. Les craintes se font de plus en plus pressantes : certains redoutent qu’en dernier recours, le régime n’instrumentalise la violence, cherchant à provoquer un incident sur le sol rwandais pour détourner l’attention du monde entier, transformer une défaite en un chaos régional et, dans un ultime sursaut, espérer repousser l’effondrement, même pour un temps.

Face à ce sombre tableau, une seule certitude émerge, comme un cri désespéré dans le silence de la nuit : bien que les rebelles se trouvent encore à plus de 1 500 kilomètres de Kinshasa, la survie du régime Tshisekedi est désormais suspendue à un fil. Ce n’est pas seulement une bataille pour Goma qui se livre, mais bien une épreuve de vérité, un ultime face-à-face avec une réalité implacable.

Les erreurs de calcul, l’aveuglement volontaire et la négation des réalités sur le terrain condamnent peu à peu ce régime à l’isolement et à l’impuissance.

A ce carrefour historique, l’avenir de la République démocratique du Congo semble se jouer non seulement dans la lutte pour le pouvoir, mais dans la capacité, ou l’incapacité, à réinventer un modèle de gouvernance.

L’Histoire, qui aujourd’hui semble suspendue, pourrait bientôt juger ce pouvoir pour ses failles, ses échecs et son incapacité à saisir l’opportunité d’une refondation qui, seule, pourrait sauver ce qui reste d’unité nationale.

L’AFC/M23 avancent inexorablement

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