Les violences du 7 octobre 2023, par leur barbarie inouïe, ont réveillé une mémoire douloureuse, mais au lieu d’inspirer une solidarité unanime, elles ont paradoxalement libéré un flot de haines anciennes, dissimulées sous les oripeaux de la politique contemporaine.
Ainsi, l’Europe se retrouve sommée de regarder en face ce legs maudit, où l’oubli et la complaisance risquent de saper les fondements mêmes de sa conscience morale et de son projet civilisationnel.
Le 7 octobre 2023 a marqué un tournant tragique dans l’histoire contemporaine. Ce jour-là, les terroristes du Hamas saccagèrent des vies innocentes en Israël avec une brutalité glaçante : plus de mille deux cents personnes massacrées, des enfants et des vieillards enlevés, des survivants de la Shoah arrachés à la quiétude de leur vieillesse, des femmes violées et mutilées.
Jamais, depuis l’Holocauste, les Juifs n’avaient connu un tel déchaînement meurtrier. Dans un sursaut moral, le monde entier sembla, l’espace de quelques heures, uni dans la réprobation et la compassion. Pourtant, au lieu de sceller un engagement durable contre la haine, cet événement a paradoxalement ouvert une ère nouvelle où l’antisémitisme s’est répandu avec une férocité inégalée depuis plusieurs générations.
La banalisation de la haine
Depuis deux ans, l’Europe assiste à une prolifération d’actes antisémites qui ne relèvent plus de l’exception mais du quotidien : agressions de familles juives dans les rues de Venise, enfants contraints de quitter un avion en France, synagogues incendiées ou profanées d’excréments, étudiants marginalisés sur les campus.
Désormais, de nombreux Juifs se sentent contraints de dissimuler leur identité, retirent leurs enfants des écoles publiques ou redoutent de les inscrire dans des établissements communautaires, devenus eux-mêmes des cibles. Plus grave encore, cette haine n’est plus l’apanage des marges extrémistes : elle se diffuse dans les discours médiatiques, s’invite dans les amphithéâtres universitaires, s’exhibe lors de manifestations et se glisse, insidieuse, jusque dans la rhétorique de responsables politiques. Ainsi, l’antisémitisme est passé du stigmate des extrêmes au poison diffus de la normalité.
Un test moral pour l’Europe
L’enjeu dépasse largement la sécurité des seules communautés juives. Laisser prospérer cette haine reviendrait à trahir les fondements mêmes de l’Europe, née des décombres de la Seconde Guerre mondiale et construite sur la promesse de « plus jamais ça ».
Chasser les Juifs du continent par l’intimidation, la peur ou le découragement constituerait une faillite morale d’une ampleur incommensurable, mais aussi une perte culturelle et intellectuelle irréparable. Les communautés juives ont façonné la civilisation européenne, par leurs contributions aux sciences, aux arts, à la pensée critique et à l’innovation sociale. Défendre leur place et leur dignité, c’est défendre l’Europe contre elle-même.
Aujourd’hui, le continent est confronté à une épreuve décisive : résister à cette résurgence de la haine et assumer pleinement l’héritage de mémoire et de justice qui fonde son identité, ou bien céder, par faiblesse ou complaisance, à la répétition du pire.
La question n’est pas seulement de savoir si l’Europe sera encore un espace sûr pour les Juifs, mais si elle sera encore fidèle à son propre idéal.

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