Sa conquête par le mouvement rebelle ne saurait être réduite à un simple revers militaire ; elle constitue une rupture d’ordre géopolitique, annonçant une reconfiguration inévitable des rapports de force dans la région des Grands Lacs. Désormais, tant les dynamiques diplomatiques que les perspectives sécuritaires se trouvent irrémédiablement altérées, tandis que les implications humanitaires et politiques de cette prise de contrôle promettent d’excéder largement le seul théâtre du conflit.
A n’en point douter, l’Histoire retiendra un avant et un après cet événement.
L’histoire, loin d’être une ligne droite, est souvent façonnée par des événements imprévus, des retournements de situation spectaculaires et des forces en présence dont l’issue défie les prédictions les plus rationnelles.
L’actualité récente du conflit opposant l’AFC/M23 aux FARDC et à leurs alliés illustre avec éclat cette dynamique, où la discipline et la détermination ont supplanté les calculs stratégiques de forces supposément supérieures en nombre et en équipement. Ce moment constitue une page d’histoire d’autant plus marquante qu’elle renverse la perception établie des rapports de force et des équilibres régionaux.
L’histoire militaire révèle avec éloquence que la victoire ne réside pas exclusivement dans la puissance des armes ni dans l’abondance des moyens, mais dans l’excellence de l’organisation, la rigueur du commandement et l’indéfectible cohésion des combattants. À travers les âges, maints conflits ont démontré que la discipline inébranlable, l’endurance face à l’adversité et la ferveur d’un engagement commun l’emportent souvent sur la simple supériorité matérielle. C’est dans l’harmonie des esprits, la précision de l’exécution et la résilience d’une troupe animée d’une volonté unanime que se forge la véritable puissance militaire, transcendante et invincible.
L’AFC/M23, porté par une cause légitime chevillée au corps, s’est imposé face à une coalition disparate réunissant les FARDC, les supplétifs FDLR et Wazalendo, les mercenaires, les forces burundaises et la SADC. Ces derniers, bien que soutenus par des moyens conséquents, ont dû se rendre à l’évidence : la supériorité numérique ne compense pas les lacunes organisationnelles et la désunion stratégique.
L’histoire regorge d’exemples similaires où des forces numériquement inférieures ont réussi à imposer leur loi grâce à une discipline de fer.
L’ironie de l’histoire : quand les alliés d’hier deviennent les spectateurs d’aujourd’hui
Si l’histoire est une matière vivante, elle est également empreinte d’ironie. En témoigne la neutralisation des FARDC et de leurs alliés au stade de l’Unité de Goma sous l’œil de la Monusco, acteur censé garantir la stabilité régionale, mais qui s’est retrouvé, de fait, témoin passif d’une déroute annoncée.
Plus surprenant encore, les images diffusées montrent des militaires congolais traversant la frontière rwandaise où ils reçoivent un traitement digne, loin des exactions redoutées. Cette situation rappelle que la réalité du terrain dépasse souvent les narratifs officiels et que les antagonismes d’hier peuvent se muer en réalités nouvelles, dictées par les circonstances plus que par les idéologies.
L’histoire nous enseigne que les retournements de situation ne sont pas rares. Napoléon, victorieux sur toute l’Europe, finit par connaître la défaite à Waterloo, scellant ainsi une époque. Plus récemment, l’effondrement soudain du bloc soviétique, qui paraissait immuable, démontre que l’histoire est rarement écrite d’avance. La chute de Goma sans bain de sang ni catastrophe humanitaire est un autre de ces moments où la réalité prend à revers les attentes les plus logiques.
Une histoire qui s’écrit sous nos yeux
Les événements de Goma rappellent avec force que l’histoire ne se limite pas à des faits consignés dans des livres, mais qu’elle se construit en temps réel, sous le regard des témoins de l’époque. La guerre, souvent synonyme de chaos et de souffrance, peut aussi surprendre par des issues qui, contre toute attente, limitent les destructions et redessinent les cartes politiques et militaires d’une région.
Dans ce contexte, les forces en présence ne sont pas seulement celles qui manient les armes, mais aussi celles qui détiennent la maîtrise du récit. Celui qui écrit l’histoire n’est pas nécessairement celui qui l’a vécue, mais celui qui parvient à en établir le sens dominant. L’AFC/M23, en contrôlant Goma sans qu’un bain de sang ne survienne, impose un contre-récit à ceux qui annonçaient un désastre humanitaire inévitable. Ce n’est pas seulement une victoire militaire, mais aussi une victoire dans l’arène du discours historique.
Les événements récents illustrent une fois de plus la nature imprévisible de l’histoire. Loin d’être figée, elle se façonne au gré des déterminations individuelles, des stratégies adoptées et des circonstances qui échappent aux prévisions.
La chute de Goma entre les mains de l’AFC/M23 est une preuve supplémentaire que l’histoire ne suit jamais un chemin linéaire : elle se réécrit constamment sous nos yeux, avec son lot d’ironie, de surprises et de leçons intemporelles. Ainsi, toute puissance qui croit son destin gravé dans le marbre doit se souvenir que l’histoire est un fleuve aux courants changeants, dont nul ne peut prédire le cours avec certitude.
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