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Urgent

L’héritage de la gauche dilapidé

Redigé par Tite Gatabazi
Le 18 novembre 2021 à 05:52

“La politique est infidèle, imprévisible et cruelle”. Je ne sais plus situer où j’ai croisé cette citation dans mes lectures pour y associer son auteur.

La gauche, être de gauche ou faire une politique de gauche c’est adhérer aux idéaux progressistes et d’égalité. C’est avoir constamment le souci d’une plus grande justice sociale.

Le 10 mai 1981, la gauche accède au pouvoir en France. Elle est porteuse d’espoir. Elle s’installe dans le confort qu’offre l’accession au pouvoir et envahi ce qu’on nomme « les ors de la République ».

Il s’agit des châteaux à dispositions, appartements spacieux de fonction, voitures avec chauffeurs et gardes du corps, frais de bouche. Bref, on vit au frais de la princesse.

Mais la gestion du pouvoir s’accommode mal des règles de procédure, du respect strict de la loi voire de la parole donnée. Elle est friande des contradictions, des intrigues et des compromissions. La gauche n’échappera pas à cette triste réalité.

Les deux septennats seront émaillés de scandales de corruption et des affaires qui entacheront l’image que l’électeur se faisait de la gauche et ses animateurs.

Il y aura eu le Rainbow Warrior, ce bateau de Greenpeace coulé par les services français dans un port de Nouvelle Zélande. Les écoutes de l’Elysée, une centaines de personnalités dont les téléphones furent mis sous écoute pour renseigner le Président des faits et gestes de ceux-ci.

L’affaire du sang contaminé, l’Angolagate et bien d’autres.

Que dire du soutien au régime raciste et génocidaire d’Habyarimana.

L’espoir du « peuple de gauche » tombera sur l’autel des manœuvres d’appareils qui produisent des humiliations, des trahisons et des ressentiments qui ne cesseront de croitre au fil des ans.

Allant jusqu’à jeter le trouble dans l’opinion avec la mort suspecte de l’ancien Premier Ministre Bérégovoy.

En 1997, la « gauche plurielle » accède au pouvoir à la faveur de la dissolution de Chirac.

Malgré un bon bilan économique, Jospin sera éliminé au premier tour de l’élection présidentielle. C’est le fameux « séisme du 21 avril 2002 » qui a vu le candidat de l’extrême droite Le Pen qualifié pour le deuxième tour.

On apprendra que l’establishment autour du candidat Jospin refusait obstinément de voir la réalité en face. Et pourtant, ce ne sont pas les signaux d’alerte qui ont fait défaut.

L’onde de choc sera d’une violence quasi physique pour certains qui s’y voyaient déjà.

« J’assume pleinement la responsabilité de cet échec et j’en tire les conclusions en me retirant de la vie politique… », avait dit Jospin après son élimination.

La gauche orpheline n’aura plus de ligne politique claire et manquera cruellement de leader naturel.

En 2005, elle rate le coche du referendum sur la constitution européenne, ce qui les divisera encore plus.

En 2007, Ségolène Royale s’échappe et devient candidate à l’élection présidentielle.

Elle va subir toutes les avanies possibles et imaginables. L’appareil du parti socialiste lui tourne le dos et les « éléphants » sont aux abonnés absents. Les ténors du parti lui apportent la contradiction dans les médias. Ambiance !

Pour la troisième fois, la gauche va perdre une élection présidentielle (imperdable) et accumuler les handicaps.

La bataille pour le poste de premier secrétaire du parti socialiste va tourner au psycho- drame en directe sur la place publique.

On va parler de fraude, de bourrage des urnes. Les accusations fusent, on menace même de saisir les tribunaux. On frôle la scission !

Pour les élections présidentielles de 2012, tous les sondages donnent gagnant celui qui est encore Directeur Général du Fonds Monétaire International à Washington, Dominique Strauss Kahn « DSK ».

A Paris, il ne fait plus aucun doute, il quittera son poste pour se porter candidat. Il avait déjà installé ses équipes et scellé le « pacte de Marrakech ». Obtenu les soutiens des caciques du parti socialiste.

Et le 15 mai 2011, il sera arrêté et inculpé à New York pour « agression sexuelle, tentative de viol et séquestration ». Toutes les télévisions du monde diffusent les images menottes aux poignets d’un des hommes les plus puissants de la terre.

A Paris c’est la consternation et le désarçonnement de cette sortie de route du champion.

Le rassemblement par défaut, derrière François Hollande pour la victoire de la gauche après dix-sept ans de pourvoir de la droite va se fissurer très vite.

Son ministre du budget, pilier du gouvernement, sera pris « la main dans le pot de confiture ». Chargé de lutter contre la fraude fiscale, il est lui-même « un évadé fiscal ».

Une faute politique et éthique, un coup grave sur la République exemplaire prônée par le Chef de l’Etat.

Mais le Président perd très vite sa crédibilité politique et sociale. Et la rupture avec l’opinion est suivie avec celle de sa majorité parlementaire qu’on a surnommé « les frondeurs ».

Ces frondeurs constitués « de la gauche de la gauche » réclament une inflexion de la politique économique. Ils estiment qu’elle se traduit par la pauvreté en plus des inégalités. Qu’on a « abandonné les électeurs de gauche ».

Le débat sur la déchéance de nationalité sonnera le glas des valeurs de la gauche. Les intellectuels, syndicats et associations dénoncent une trahison d’un des piliers des valeurs de la gauche qu’est l’égalité.

Christiane Taubira, ministre de la justice quittera le gouvernement. « On a franchi le Rubicon » dira-t-elle.

Cette gauche tiraillé entre des chapelles d’individus que tout oppose. On parle alors de « deux gauches irréconciliables » rongés par les enjeux de pouvoir, de clientélisme et des ambitions personnelles plus importants que les valeurs, les idées et le service à autrui.

C’est alors qu’apparait Macron qui aura le mérite de bousculer le confort des barons et les fondements d’un système « droite-gauche » obsolète, pétrifié dans ses structures et ses gouvernances.

En 2017, les candidats des grands partis sont éliminés au premier tour de la présidentielle et aux législatives les têtes d’affiches sont poussées vers la porte de sortie.

Ainsi, les anciens partis politiques entament une longue traversée de désert.

La victoire de Macron, en plus d’être politique, elle est générationnelle.

Jaurès. Membre fondateur du parti socialiste français en 1902
Pierre Mendès France a représenté l'espoir des démocrates et l'honneur de la République
Rocard a incarné la gauche progressiste

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