Hier encore, les fidèles, chrétiens et non chrétiens confondus, se sont retrouvés autour de sa dépouille, dans une veillée empreinte de ferveur, de chants et de recueillement. Nulle effusion, nulle clameur : seulement la dignité sereine d’un peuple qui pleure, mais avec cette gravité apaisée qui fut la marque de son pasteur.
Dans le chœur des voix endeuillées s’est élevée une émotion rare, celle d’une communauté qui, au-delà des clivages confessionnels et des fractures du temps, se découvre unie dans une même reconnaissance.
Goma pleure, certes, mais Goma se souvient surtout : elle se souvient de ce prélat à la parole mesurée, à l’humilité rayonnante, de ce guide qui, toute sa vie, porta haut la flamme de la paix et du dialogue. “Que tous soient un”, telle était sa devise, et elle résonne aujourd’hui comme un testament spirituel adressé à un pays en quête de réconciliation.
Parmi les hommages, celui de la coordination de l’AFC/M23 a particulièrement retenu l’attention. Ses plus hautes autorités, Corneille Nangaa et Bertrand Bisimwa, ont évoqué avec gravité “deux héritages précieux” : la devise “Que tous soient un” et le thème de son synode, “Je suis ton frère”.
Deux paroles simples, mais d’une puissance morale considérable véritables pierres angulaires du vivre-ensemble que la révolution constitutionnelle de l’AFC/M23 prétend inscrire dans le champ politique congolais. En citant Monseigneur Ngabu, ces dirigeants n’ont pas cherché la récupération symbolique, mais le prolongement spirituel d’un message universel : celui de la fraternité qui transcende les appartenances.
Ce passage de témoin, en apparence discret, revêt une portée profonde. Il consacre l’héritage d’un homme d’Église devenu symbole de concorde dans une région trop longtemps meurtrie par les divisions.
Mgr Ngabu fut, toute sa vie, ce père attentif, ce médiateur bienveillant, capable d’ouvrir les cœurs là où les armes et les discours avaient échoué. Son regard, empreint d’une bonté exigeante, rappelait à chacun que la paix n’est pas un slogan, mais un devoir d’humanité.
Aujourd’hui, Goma lui rend hommage dans un élan rare de communion. Les chants montent encore, non pas comme une plainte, mais comme une promesse : celle de poursuivre son œuvre, d’incarner cette fraternité qu’il prêchait avec douceur et fermeté.
Dans la mort, Monseigneur Ngabu continue d’enseigner à ses enfants la leçon essentielle du vivre-ensemble. Et c’est peut-être là le plus grand miracle de sa vie : unir ceux que tout semblait séparer, par la seule force d’un amour pastoral devenu mémoire collective.
Sous les cierges et les larmes contenues, Goma sait qu’elle ne pleure pas seulement un homme, mais une conscience. Monseigneur Faustin Ngabu demeure, dans la mémoire du Nord-Kivu, non comme un prélat défunt, mais comme une lumière persistante, celle d’une foi réconciliatrice, d’un humanisme enraciné, et d’une espérance à jamais vivante.














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