L’impunité du Père Mendelo Gabriel indigne à Rutsiro

Redigé par Alain Bertrand Tunezerwe
Le 16 avril 2025 à 04:27

Les survivants du génocide perpétré contre les Tutsi dans le district de Rutsiro ont exprimé leur profonde indignation face au fait que le Père Mendelo Gabriel, originaire de France et condamné à la réclusion à perpétuité par les juridictions Gacaca pour son rôle crucial dans le génocide contre les Tutsi de 1994, n’ait toujours pas été arrêté ni traduit en justice pour ses crimes.

Cette question a été soulevée lors des commémorations du 31e anniversaire du génocide contre les Tutsi, qui se sont tenues dans l’ancienne commune de Mabanza et de Rutsiro, dans la préfecture de Kibuye, sur la colline où plus de 9 600 Tutsi ont été brutalement massacrés.

Le 13 avril 1994, sur la colline de Nyamagumba, anciennement Gitwa, de nombreux Tutsi ont été exterminés, et le Père Mendelo Gabriel, alors à la tête de la paroisse de Crête Congo Nil, a joué un rôle central dans ces meurtres.

Le président d’IBUKA dans le district de Rutsiro, Niyonsenga Philippe, a exprimé sa profonde consternation face à l’inaction persistante concernant l’arrestation du Père Mendelo Gabriel, malgré son rôle déterminant dans le massacre des Tutsi réfugiés sur la colline de Nyamagumba. Il a insisté sur le fait que ce criminel de guerre, dont la responsabilité dans ces atrocités est bien documentée, n’a toujours pas été appréhendé.

Niyonsenga a également rappelé que le Père Mendelo avait joué un rôle actif dans le massacre des "Abagogwe" réfugiés dans la commune de Rutsiro en 1992, en les contraignant à affirmer que ces meurtres n’étaient que des troubles internes, afin de minimiser leur gravité.

Il a ajouté que le Père Mendelo était membre du parti CDR, ce qui lui permettait d’entretenir une collaboration directe et sans équivoque avec les auteurs du génocide, contribuant ainsi de manière significative à l’exécution de l’horrible massacre qui a fait plus de 9 600 victimes sur la colline de Nyamagumba.

Le 12 avril 1994, le prêtre avait donné l’ordre à quelqu’un de recenser les Tutsi réfugiés sur la colline de Nyamagumba. "Cette démarche visait à connaître leur nombre et à solliciter des renforts auprès des Interahamwe des communes voisines, afin de pouvoir les exterminer, car ils résistaient encore", a expliqué Niyonsenga.

Comme prévu, des Interahamwe en provenance des communes environnantes telles que Gisenyi, Nyamyumba, Kayove, Rutsiro, Ramba, Satinsyi, Giciye et Mabanza ont été rassemblées pour participer au massacre.

Niyonsenga a souligné qu’IBUKA exige la traduction en justice du Père Mendelo, qui a été condamné par les juridictions Gacaca en son absence. Il a appelé le gouvernement à prendre des mesures pour émettre un mandat d’arrêt contre lui, afin qu’il puisse enfin être jugé de manière juste et transparente.

Uwimana Emmanuel, un survivant du massacre de Nyamagumba, a affirmé que le Père Mendelo Gabriel devrait absolument être capturé et jugé pour ses crimes. "Mendelo Gabriel était un individu d’une grande cruauté, il portait constamment un chapeau du CDR. Son implication est largement documentée, et il a été condamné à une peine de prison à perpétuité par les juridictions Gacaca. Pourtant, il a changé plusieurs fois de nom pour échapper à la justice. Ne pas l’arrêter et l’interroger sur son rôle dans le génocide contre les Tutsi serait une véritable injustice", a-t-il insisté.

Le mémorial du génocide de Nyamagumba, érigé sur l’ancienne colline de Gitwa, où se trouvait autrefois une chapelle catholique, rend hommage aux victimes. C’est là que de nombreux Tutsi, croyant à la protection promise par le Père Mendelo Gabriel, ont été trahis et massacrés, avec plus de 9600 victimes à déplorer.

Le Père Mendelo Gabriel, originaire de France a été condamné à la réclusion à perpétuité par les juridictions Gacaca

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