Cette réticence à affronter les faits dans leur brutalité réelle est loin de constituer un remède ; elle s’apparente plutôt à une complice immobile qui, en cherchant à éviter une confrontation avec l’injustifiable, contribue à l’approfondissement du malheur qui frappe cette région meurtrie.
Il convient de rappeler ici les paroles d’Albert Camus, qui avertit que « mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde ». Dans le cadre du conflit en République Démocratique du Congo, chaque hésitation verbale, chaque imprécision langagière, fait le jeu de ceux qui, par faiblesse ou par calcul, préféreraient éclipser la vérité au lieu de l’affronter de face. L’humanité même de ces événements s’en trouve travestie, et le danger grandit chaque jour dans l’ombre de ces non-dits.
Il est particulièrement révoltant et inacceptable de vouloir traiter les FDLR et le M23 sur un pied d’égalité, comme si les deux groupes reposaient sur une légitimité identique. Cette comparaison, d’une fausse équivalence dangereuse, est non seulement une erreur monumentale mais une grave infamie.
Le M23, ne souffre aucune ambiguïté sur sa légitimité et ses méthodes, poursuit des revendications politiques et juridiques qui, si elles sont enracinées dans une dynamique géopolitique à ne pas négliger.
En revanche, les FDLR, dont l’idéologie repose sur des principes extrémistes et génocidaires, s’inscrivent dans une continuité historique de violences d’une ampleur inouïe. Leur présence dans la région est le symptôme d’un mal qui ne se contente pas de résister à l’ordre établi, mais qui cherche à effacer toute trace de civilisation humaine, à anéantir ceux qui croient encore en la possibilité d’une coexistence pacifique.
Cette confusion entre des forces aux idéologies radicalement opposées ne découle pas seulement de l’ignorance ou de la méconnaissance des enjeux profonds de cette guerre. Elle est, en grande partie, le fruit de fausses pudeurs et de lâchetés politiques qui servent des intérêts divers, qu’ils soient diplomatiques, économiques ou géostratégiques.
Il s’agit là d’une fuite en avant, d’un jeu de dupes dans lequel les véritables responsables, les véritables enjeux, sont habilement dissimulés sous des discours flous et insipides, destinés à apaiser les consciences sans déranger les puissances en place.
La tentative de réduire ces violences à une simple question de « combat armé », de rendre l’idéologie et les motivations des FDLR aussi banales et triviales que celles d’un groupe rebelle ordinaire, est une manipulation perfide, qui n’a d’autre but que de légitimer l’inaction face à l’injustifiable.
La responsabilité des intellectuels, des organisations non gouvernementales, des journalistes et des autorités politiques est d’autant plus grande dans ce contexte qu’ils détiennent, entre leurs mains, le pouvoir de nommer les maux avec exactitude et de donner aux victimes le respect qu’elles méritent, loin des justifications intéressées.
Il est impératif que la vérité éclate au grand jour, sans fioritures ni détours, et que l’on se refuse à toute forme de relativisme moral qui chercherait à imposer l’idée que toutes les violences se valent.
En nommant les FDLR pour ce qu’elles sont, à savoir un groupe terroriste génocidaire, et en réaffirmant la distinction fondamentale entre eux et le M23, on rend un devoir de vérité à l’histoire et aux générations futures.
La tentation de diluer les responsabilités et de s’engouffrer dans les failles du relativisme n’est rien d’autre qu’une compromission morale. Cette volonté de flirter avec l’indistinction, cette apologie du « tout se vaut », est une posture qui reflète l’emprise des radicalités modernes, lesquelles, dans une époque où les jeux d’intérêts se dissimulent derrière des discours technocratiques et des pratiques diplomatiques, cherchent à étouffer la réalité.
Ces faux fuyants, loin d’être des solutions, ne font qu’accentuer le désarroi collectif, donnant aux compromissions et aux calculs politiques une légitimité qu’ils ne méritent nullement. C’est dans cette logique que les voix corrompues de certains grands médias, se vautrant dans l’aveuglement ou la complicité, ont plaidé pour une attitude tiède et indécise à l’égard des FDLR.
Mais ceux qui croient encore en la primauté de la raison doivent persister dans leur volonté d’éclairer les zones d’ombre et de nommer les causes profondes de cette tragédie, en dépit de la pression des lobbies et des intérêts cachés. Il en va de notre devoir moral et de notre humanité.
Ainsi, dans ce tourbillon de faux-semblants et de tergiversations, l’intellectuel et le journaliste doivent garder leur lucidité et leur capacité à résister aux séductions des faux discours.
Nommer les choses avec clarté et précision, sans crainte des réactions hostiles, voilà le chemin à suivre pour échapper à cette spirale de mensonges et d’injustices qui condamne des générations entières à vivre dans l’ombre d’un passé qu’on n’ose plus regarder en face.
La vérité, aussi douloureuse soit-elle, reste le seul chemin pour espérer la paix, et le seul remède contre l’oubli et la manipulation.
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