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De la diplomatie suspendue à la rhétorique belliqueuse et les volte-face de Ndayishimiye

Redigé par Tite Gatabazi
Le 30 juillet 2025 à 09:58

En mars 2025, une éclaircie semblait poindre à l’horizon des relations tumultueuses entre le Rwanda et le Burundi. Deux rencontres bilatérales, organisées de part et d’autre de la frontière, réunissaient les hauts responsables sécuritaires et de renseignement des deux pays.

Sous les auspices d’une coopération renforcée, l’espoir renaissait de voir les deux voisins panser les plaies d’une décennie de méfiance. Le ministre rwandais des Affaires étrangères, l’Amb Olivier Nduhungirehe, s’était même félicité d’« avancées significatives », annonciatrices d’un réchauffement durable.

Mais cette euphorie fut de courte durée. À peine les pourparlers achevés que le président burundais Évariste Ndayishimiye, dans un accès de virulence qui déconcerta jusque dans son propre camp, renoua avec une rhétorique incendiaire. Accusant sans preuves le Rwanda de fomentations belliqueuses et d’appuis logistiques à des groupes armés, il réactiva les griefs anciens, notamment l’exigence de l’extradition des auteurs présumés du putsch manqué de mai 2015 contre feu Pierre Nkurunziza. Plus grave encore, il menaça ouvertement Kigali d’une riposte armée, évoquant même une possible incursion par Kirundo.

L’ambiguïté stratégique d’un président burundais otage de ses accointances régionales

Ce revirement brutal ne saurait se comprendre sans interroger les liens obscurs qu’entretient le régime de Gitega avec certains acteurs régionaux controversés. Selon un rapport des Nations unies publié le 3 juillet 2025, le durcissement de ton du président Ndayishimiye serait directement lié aux avancées militaires spectaculaires de l’AFC/M23 dans le Sud-Kivu, aux confins du Burundi. Craignant une contagion insurrectionnelle à ses frontières, le président burundais aurait vu dans la surenchère anti-rwandaise une manière de consolider son assise intérieure et de justifier un redéploiement massif de ses troupes entre 7 000 et 9 000 hommes selon les experts onusiens dans les plaines de la Rusizi et les contreforts de Minembwe.

Plus troublant encore, ces forces opèrent en synergie avec l’armée congolaise (FARDC), les milices dites Wazalendo et le tristement célèbre FDLR, groupe armé génocidaire issu de l’ex-FAR/Interahamwe.

Cette convergence militaire trahit l’existence de convergences idéologiques, stratégiques et même financières entre Gitega, Kinshasa et les réseaux héritiers du génocide contre les tutsi. Au lieu de jouer le rôle de médiateur impartial qu’exigeait sa présidence tournante de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), Ndayishimiye a préféré s’aligner sans nuances sur les positions congolaises les plus radicales, participant ainsi à la fragmentation du bloc régional.

De l’EAC à Bruxelles : une présidence instrumentalisée, sans vision ni souveraineté

Durant son mandat à la tête de l’EAC, le président Ndayishimiye avait pourtant une occasion historique de restaurer l’image diplomatique de son pays et de consolider une architecture régionale fondée sur la confiance mutuelle. Hélas, loin de s’ériger en artisan de paix, il s’est laissé entraîner dans un jeu d’alliances opaques où dominent les réflexes de dépendance, les règlements de comptes historiques et une soumission préoccupante aux injonctions extérieures.

Sous couvert de lutte contre l’AFC/M23, le président burundais s’est fait le relais des intérêts belges et congolais dans la région, sans jamais faire montre d’une quelconque réflexion stratégique propre. Les accusations récurrentes contre le Rwanda, non étayées par des preuves tangibles, ont surtout servi de paravent à une politique intérieure en perte de souffle et à une armée dont l’implantation au Congo ouvre potentiellement la voie à des trafics transfrontaliers, dont certains partenaires extérieurs pourraient bien être les bénéficiaires silencieux.

En définitive, Ndayishimiye apparaît davantage comme un exécutant que comme un chef d’État pleinement maître de ses décisions.

Son incapacité à maintenir le cap des négociations engagées avec Kigali, sa compromission avec les FDLR, sa dépendance stratégique vis-à-vis du régime de Tshisekedi et son suivisme vis-à-vis de la Belgique révèlent un leadership erratique, tragiquement éloigné des aspirations profondes des peuples de la région à la stabilité et à l’intégration.

En mars 2025, l’espoir d’un rapprochement Rwanda–Burundi a été brutalement interrompu lorsque le président Ndayishimiye a relancé ses accusations contre Kigali et brandi la menace d’une riposte armée

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