La date du 29 juillet, fixée comme échéance ultime pour la mise en œuvre effective du cessez-le-feu, s’est écoulée sans que les armes ne se soient réellement tues. Pire encore, des affrontements ont été signalés dans plusieurs zones de tension, chaque camp s’accusant mutuellement d’avoir rompu l’accord initial.
Un mécanisme de vérification paralysé par les dissensions
Parmi les dispositions-clés du texte signé figure la mise en place d’un mécanisme conjoint de surveillance et de vérification du cessez-le-feu, dispositif censé définir les modalités de désengagement, établir une cartographie des zones de contact et encadrer la dynamique de repli des forces antagonistes.
Or, cette architecture technique, présentée comme le socle opérationnel de la paix, demeure à l’état de projet. Kinshasa rejette catégoriquement la proposition relative à la création d’une zone tampon. Quant à l’option d’un repli réciproque de quelques kilomètres, elle s’est heurtée à une absence totale de consensus.
La MONUSCO, appelée à jouer un rôle central dans cette mission, notamment à travers ses capacités d’observation aérienne (dont ses drones), reste inactive, faute de mandat clair ou de coordination effective entre les parties.
La libération des prisonniers : point nodal d’un bras de fer politique
Le dossier sensible des prisonniers cristallise, lui aussi, une profonde divergence. L’AFC/M23 a soumis à la médiation une liste impressionnante de plus de 780 détenus, dont une vingtaine de proches de Corneille Nangaa, chef de file du mouvement. Ce dernier a explicitement conditionné la poursuite des pourparlers, notamment le retour à Doha, à la libération préalable de ces personnes.
En face, Kinshasa campe sur une posture, affirmant que toute mesure d’élargissement interviendra « au cas par cas », dans le cadre plus global de l’accord politique final à négocier.
Une médiation sous pression, une paix sous respiration artificielle
Face à cette impasse croissante, la médiation s’efforce de maintenir le fil ténu du dialogue. Son objectif : arracher des deux camps un minimum d’engagements tangibles d’ici au 8 août, date annoncée pour l’ouverture des discussions directes.
La fenêtre d’opportunité reste donc fragile et étroite. Car si la dynamique actuelle se prolonge, c’est l’ensemble du processus de paix qui pourrait sombrer dans une crise de légitimité irréversible.
Le cas congolais illustre, une fois encore, combien les déclarations de principe, aussi bien rédigées soient-elles, ne suffisent pas à pacifier des conflits enracinés dans des logiques de méfiance, d’agendas contradictoires et d’intérêts géostratégiques profonds. À défaut d’un sursaut de volonté politique et d’un minimum de confiance mutuelle, le chemin vers la paix risque de demeurer une chimère.

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