L’obsession belliqueuse de Félix Tshisekedi

Redigé par Tite Gatabazi
Le 8 mai 2025 à 01:10

Lorsqu’un homme est encore gouverné par les lois élémentaires de la raison et par le sens tragique de la responsabilité politique, il sait, avant tout engagement décisif, suspendre son élan, sonder les abysses du réel et soumettre ses impulsions au crible d’une réflexion pondérée.

Il pèse le coût et le bénéfice de ses actes avec la rigueur d’un esprit averti des conséquences, y compris les risques inhérents à toute entreprise d’envergure, surtout lorsque celle-ci engage la vie des citoyens et l’avenir d’une nation meurtrie. Loin de céder aux vertiges de l’orgueil ou aux appels siréniens de la gloire, il s’astreint à cette austère discipline du jugement qui distingue l’homme d’État du chef fébrile, le stratège lucide du tacticien impulsif.

Car là où prévaut encore la sagesse d’État, l’action n’est jamais fille de la précipitation, mais issue d’un équilibre délicat entre courage et mesure, entre vision et prudence. Dès lors que cette hiérarchie intérieure s’effondre, que l’aveuglement stratégique usurpe la place de la délibération, le pouvoir cesse d’être service public pour se muer en théâtre d’illusions funestes, et l’histoire, inexorable, réclame son dû dans le sang et le désastre.

A l’heure où les échos d’une cuisante déconfiture militaire résonnent encore dans les collines ensanglantées du grand Kivu, le président Félix Tshisekedi, tel un Icare congolais, poursuit inexorablement son ascension vers le soleil noir de la guerre, insensible aux avertissements du réel.

Malgré la débâcle spectaculaire de la coalition composite qu’il a laborieusement réunie, un assemblage hétéroclite allant des FARDC aux FDLR, en passant par les milices wazalendo, des contingents burundais, des mercenaires de fortune et une SADC désorientée, le chef de l’État congolais persiste dans une fuite en avant aux allures d’ivresse autocratique.

Loin de tirer la moindre leçon de cette épreuve humiliante, Tshisekedi s’obstine, s’agrippe à sa chimère martiale comme un naufragé à un mirage. Son entêtement guerrier dépasse désormais la simple recherche d’un gain politique ou matériel. Car si les soupçons d’enrichissement personnel dans l’opacité des contrats d’armement et des rétrocommissions sont graves, ils ne suffisent pas à expliquer une telle ferveur dans l’irrationnel. Il y a chez cet homme, semble-t-il, une inclination pathologique à la confrontation, une fascination presque mystique pour le fracas des armes, qui confine à l’obsession.

Félix Tshisekedi, dans une posture de prestidigitateur désespéré, déploie son énergie non pas à ressouder la nation meurtrie, mais à battre la campagne mondiale à la recherche de nouveaux mercenaires et de technologies létales, dilapidant les maigres ressources d’un pays exsangue dans l’acquisition frénétique de drones et d’équipements militaires. Il ne gouverne plus ; il combat un ennemi polymorphe, parfois réel, souvent fantasmé. Il ne fédère plus ; il recrute. Il ne construit plus ; il mobilise.

Or, ce jusqu’au-boutisme martial, loin de renforcer la souveraineté nationale, l’atomise. Il déstructure le tissu social, aggrave la fracture entre l’Est et Kinshasa, expose davantage les civils à l’horreur, et livre les clefs du destin national à des forces étrangères, souvent plus motivées par le pillage des ressources que par la paix.

Tshisekedi, tel un funambule lancé à pleine allure sur un fil tendu au-dessus du vide, avance vers l’inconnu, mu par une logique de confrontation systématique qui ne connaît ni répit ni discernement.

Dans ce contexte délétère, les institutions, la société civile, les partenaires régionaux et internationaux semblent frappés d’apathie, voire de résignation. Nul ne le retient. Le président, emporté par ses propres illusions, semble avoir confondu l’exercice du pouvoir avec une croisade personnelle, l’autorité avec l’acharnement, la grandeur d’État avec la brutalité.

Nietzsche écrivait avec lucidité : « Souvent les gens ne veulent pas voir ou entendre la vérité parce qu’ils ne veulent pas que leurs illusions soient détruites. » Tshisekedi, lui, s’enfonce dans l’ombre de son propre déni, préférant le tumulte des armes aux exigences complexes de la paix, fuyant la vérité d’un échec patent pour se réfugier dans l’illusion d’une victoire impossible.

Mais l’Histoire, elle, n’oublie jamais les hommes d’État qui, refusant de reconnaître leurs égarements, précipitèrent leur peuple dans le chaos. L’aveuglement n’est pas une excuse ; c’est une faute. Et lorsque la passion de la guerre devient la boussole d’un régime, c’est toujours la nation qui paie le tribut le plus funeste.

Félix Tshisekedi, tel un prestidigitateur désespéré, cherche des mercenaires et des armes plutôt que d’unir son pays

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