Chaque jour, on observe un peuple assis sur un trésor inestimable, héritier d’une terre fertile, de sous-sols regorgeant de minerais et de forêts d’une biodiversité exceptionnelle, et qui choisit pourtant de consacrer son énergie à la prière plutôt qu’à la production.

Dans un pays où les richesses naturelles abondent, beaucoup passent leurs journées dans les églises, jeûnant et clamant leur désir de prospérité, espérant que la foi seule pourra transformer leurs existences.

Mais l’histoire et l’expérience démontrent que le monde ne se transforme pas par l’incantation et la ferveur religieuse : le développement naît du travail acharné, de l’éducation systématique, de la recherche scientifique, de l’innovation et de la rigueur dans l’agriculture et l’industrie. Ce que certains appellent « malédiction » n’est souvent rien d’autre qu’une paresse organisée, un immobilisme culturel et social qui paralysent l’initiative individuelle et collective.

Ce que l’on qualifie de « combat spirituel » se révèle fréquemment être une fuite devant les véritables responsabilités : élever et instruire les enfants, construire et entretenir les routes, assainir les quartiers, protéger les ressources naturelles, dénoncer les corrompus et rétablir la justice sociale.

Le réveil du Congo passera inévitablement par une inversion des priorités : quitter les bancs des églises pour investir les bancs des écoles, remplacer les hallelujah par des plans d’action concrets et des stratégies de transformation sociale et économique.

Le peuple congolais devra comprendre que la souveraineté et la prospérité ne sont pas des dons célestes, mais le fruit d’un engagement collectif, d’une discipline quotidienne et d’un courage civique à toute épreuve.

Dans son essai magistral Indignez-vous !, Stéphane Hessel exhorte le citoyen à retrouver le sens profond de l’engagement moral et politique. Publié en 2010, ce court mais incisif manifeste se fait l’écho d’une conscience historique aiguë, rappelant les idéaux inaltérables du Conseil national de la Résistance et de ceux qui, jadis, ont combattu pour la liberté et la dignité humaine.

Hessel y dénonce avec force les inégalités croissantes, l’avidité consumériste et l’emprise tentaculaire des marchés financiers, mettant en lumière les dérives d’un système qui fragilise le pacte social et compromet l’avenir des générations à venir.

L’auteur invite ainsi à une réflexion lucide sur les responsabilités collectives et sur la nécessité impérieuse d’un engagement éclairé, fondé sur la conscience éthique et le respect des valeurs universelles.

L’appel de Hessel prend une dimension particulière lorsqu’il s’adresse à la jeunesse, considérée comme la force vive de la transformation sociale. Il encourage cette dernière à cultiver l’indignation non pas comme une révolte destructrice, mais comme un moteur de résistance pacifique et de revendication lucide.

Dans ce cadre, la militance se fait instrument de justice et de progrès, guidée par la non-violence et l’intelligence civique. Selon Hessel, c’est en refusant la passivité et en s’opposant avec vigueur aux injustices de toute nature qu’elles soient économiques, sociales ou politiques que l’individu contribue à l’émergence d’un monde plus équitable et d’une société où la dignité humaine et la solidarité priment sur l’avidité et l’indifférence.

Le jour où chaque Congolais percevra que la richesse de son pays n’est pas un mirage mais une responsabilité, alors seulement l’éveil national se produira. L’avenir du Congo repose sur la capacité de ses enfants à se lever, à agir et à bâtir, non pas en invoquant des miracles, mais en forgeant patiemment leur propre destin.

De nombreux analystes soulignent que le véritable mal de la RDC n’est ni l’influence étrangère ni des forces occultes, mais l’inaction et la résignation des Congolais eux-mêmes