La Belgique face à l’ombre des narco-trafiquants

Redigé par Tite Gatabazi
Le 28 octobre 2025 à 03:01

Dans une lettre ouverte rendue publique le lundi 27 octobre sur le site officiel des tribunaux belges, un juge d’instruction d’Anvers tire la sonnette d’alarme : les institutions belges se trouvent confrontées à une menace d’une ampleur inédite, susceptible de faire basculer le pays vers ce que l’on pourrait qualifier d’un narco-État.

Selon ce magistrat, de vastes organisations mafieuses, désormais solidement enracinées, constituent un pouvoir parallèle défiant non seulement la police, mais également la justice. Cette réalité, loin d’être hypothétique, se traduit quotidiennement par des fusillades, des règlements de comptes et des morts violentes, que relatent régulièrement les médias nationaux.

Le début du mois d’octobre a offert un exemple effroyable de cette dérive : le corps d’un Albanais, déjà condamné pour trafic de cocaïne, fut retrouvé pendu à un panneau de signalisation sur une autoroute proche de Bruxelles, exécuté et exposé ostensiblement, vraisemblablement en représailles à la perte d’une cargaison de cocaïne.

Une méthode directement inspirée des cartels mexicains, symbole de l’escalade de la violence organisée.

Un système corrompu et un pouvoir judiciaire menacé

Dans sa missive adressée à la commission Justice, le juge souligne la gravité de la situation : la Belgique présente les traits caractéristiques d’un narco-État, avec une économie parallèle florissante, une corruption rampante et une violence systématique.

Les enquêtes menées, notamment autour du port d’Anvers, ont mis au jour un réseau de blanchiment d’argent de plusieurs milliards d’euros, échappant à la vigilance des autorités faute d’enquêteurs spécialisés. Des criminels y intimident ou achètent la coopération de travailleurs portuaires, tandis que la corruption s’étend à des fonctionnaires clés ; douaniers, policiers, employés de guichet, et même certains magistrats. Le magistrat illustre l’ampleur des gains illicites : « Déplacer un conteneur, dix minutes de travail, rapporte 100 000 €, transporter un simple sac de sport, parfois 20 000 € à 50 000 € ».

La violence n’épargne pas le pouvoir judiciaire : plusieurs juges d’instruction ont dû se confiner durant de longs mois sous protection policière.

Le magistrat en témoigne personnellement : « J’ai moi-même passé quatre mois dans une maison sécurisée », dénonçant l’absence de soutien institutionnel et de mesures de protection ou de dédommagement pour les magistrats menacés et leurs familles.
Cette situation engendre un risque majeur : certains juges se voient contraints de solliciter des remplacements ou d’invoquer des erreurs de procédure pour éviter de signer des condamnations.

Appel à une action politique urgente et structurée

Face à ce constat alarmant, le magistrat appelle à une réponse politique résolue et pérenne : garantir aux juges de travailler en sécurité, instaurer des mesures peu coûteuses telles que le travail anonyme, la sécurisation des bases de données, la communication constante entre les ministères de la Justice et de l’Intérieur, ainsi qu’un protocole et une assurance couvrant les dommages physiques et matériels des magistrats et de leurs proches.

Il insiste également sur la nécessité de verrouiller les communications au sein des prisons, dont l’impact criminel est gravement sous-estimé.

En conclusion, le magistrat interpelle le gouvernement : « La question n’est pas de savoir si l’État de droit est menacé : il l’est déjà. La question est : comment notre État va-t-il se défendre ? »

En réaction, la ministre de la Justice, Annelies Verlinden, a annoncé le même jour des mesures concrètes, parmi lesquelles le renforcement de la sécurité dans les palais de justice, l’anonymisation des données personnelles dans les documents judiciaires et l’installation de brouilleurs dans les prisons.

Les institutions belges se trouvent confrontées à une menace d’une ampleur inédite

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