En rompant avec les ambiguïtés du passé, il a desserré l’étau du déni et fait vaciller les sanctuaires de protection diplomatique où s’abritaient, des décennies durant, les artisans de la terreur ethnique. Ces derniers ne trouveront plus ni refuge ni silence, car l’ère du mutisme et de la mansuétude coupable est révolue. Désormais, la France regarde son histoire en face, et choisit la voie exigeante mais nécessaire de la justice, de la mémoire et de la dignité retrouvée.
Ils auront beau courir le monde, s’enfoncer dans l’anonymat des banlieues européennes, se dissimuler sous des identités feintes ou des fonctions internationales, les auteurs du génocide perpétré contre les tutsi du Rwanda ne connaîtront plus jamais ni répit, ni sanctuaire. Le temps des compromissions est révolu. Celui de l’impunité organisée, des silences diplomatiques complices et des protections tacites touche à sa fin.
L’annonce par les autorités françaises de la réouverture d’une enquête pour génocide visant Callixte Mbarushimana, ancien fonctionnaire des Nations unies et cadre des FDLR, marque une inflexion décisive dans le rapport entre la justice française et la mémoire du génocide de 1994.
Longtemps, la France fut désignée, à juste titre, comme l’un des principaux protecteurs du régime génocidaire d’Habyarimana, un allié stratégique de la Françafrique, auquel furent prêtés armes, formation militaire et couverture diplomatique. Dans les mois qui précédèrent et durant les cent jours d’horreur de 1994, nombre de hauts responsables rwandais impliqués dans la planification et l’exécution du génocide purent compter sur le silence, voire la complaisance de certains cercles de décision à Paris. Pire encore, après leur fuite, nombre de ces criminels de masse trouvèrent refuge sur le sol français, où ils vécurent parfois pendant des décennies dans une quiétude révoltante, accueillis par les lenteurs de la justice et les subtilités du droit d’asile.
Mais cette époque semble désormais révolue. Depuis le discours historique du président Emmanuel Macron à Kigali en 2021, dans lequel il reconnut la « responsabilité accablante » de la France dans le drame rwandais, un virage s’est amorcé. Lentement, mais résolument, les mécanismes de la justice française s’attellent à réparer, autant que faire se peut, une trahison morale prolongée.
En rouvrant le dossier Mbarushimana, la France envoie un message sans équivoque : aucun génocidaire ne sera plus jamais à l’abri derrière les remparts de l’oubli ou les faux-semblants bureaucratiques. Qu’ils aient été ministres, colonels, préfets ou secrétaires de l’ONU, leurs crimes les suivent, inexorables, comme une dette de sang que seul le jugement impartial peut solder.
Callixte Mbarushimana, dont le passé criminel est documenté depuis plus de deux décennies, incarne cette figure trouble du génocidaire éduqué, mondialisé, intégré à des structures internationales tout en étant immergé dans les réseaux de la haine ethnique la plus brutale. Accusé d’avoir activement contribué aux massacres en 1994 et d’avoir poursuivi son œuvre macabre au sein des FDLR dans les années qui suivirent, il fut pendant longtemps protégé par une forme de bienveillance suspecte. Sa présence en France, longtemps tolérée, symbolisait cette contradiction profonde entre les principes universels proclamés et leur application sélective.
Aujourd’hui, l’heure est venue d’une rectification. La justice ne répare pas tout, mais elle restaure au moins une vérité fondamentale : il n’existe pas de refuge éternel pour ceux qui ont planifié l’extermination d’un peuple. La France, si souvent accusée parfois injustement, souvent à raison d’avoir été la terre d’asile des bourreaux, peut encore devenir celle du sursaut judiciaire, de la mémoire restaurée et de la dignité retrouvée.
Que ceux qui portent l’opprobre de la haine ethnique et du meurtre de masse le sachent : le monde change. Les alliances se renversent, les vérités s’imposent, et les États, naguère complaisants, reprennent conscience de leur devoir historique. Les génocidaires ne savent plus où mettre la tête et c’est précisément là que commence l’espérance d’un avenir fondé sur la justice.

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