La milice patriote devenue cauchemar pour la paix dans les Grands Lacs

Redigé par Kirenga Danny
Le 25 octobre 2025 à 04:03

Présentés par Kinshasa comme des « résistants locaux », les Wazalendo, littéralement patriotes en swahili, se sont imposés depuis la reprise du conflit entre les FARDC et le M23 comme un acteur incontournable de la guerre à l’Est de la RDC.

Mais derrière la rhétorique patriotique, ces milices hétéroclites, opérant souvent en collaboration avec les FDLR et d’autres groupes armés locaux, incarnent aujourd’hui une menace directe pour le retour de la paix prônée dans les accords de Washington et Doha, ainsi que pour la stabilité de l’ensemble de la région des Grands Lacs.

Des milices de circonstance, sans véritable cohésion

Le terme Wazalendo recouvre une multitude de groupes d’autodéfense communautaires et d’anciens combattants Mai-Mai, parmi lesquels les Nyatura, Mai-Mai Mazembe, FPP/AP ou encore le NDC-Rénové. Loin d’être unis par une idéologie claire, ces mouvements ont été encouragés et légitimés par le régime de Félix Tshisekedi pour combattre le M23 aux côtés des FARDC, formant ainsi une coalition informelle dépourvue de commandement centralisé et d’encadrement militaire rigoureux.

Cette mobilisation, présentée comme un élan patriotique, a en réalité ouvert la voie à une militarisation anarchique des civils et à la prolifération d’armes au sein des communautés locales.

Une alliance dangereuse avec les FARDC et les FDLR

Dès 2023, plusieurs rapports du Groupe d’experts de l’ONU et d’organisations internationales ont mis en lumière la collaboration directe entre les Wazalendo, les FARDC et les FDLR, un groupe armé rwandais impliqué dans le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994.

Cette alliance, tolérée voire encouragée par Kinshasa, visait officiellement à « défendre la souveraineté nationale contre l’AFC/M23 ». Mais sur le terrain, elle s’est traduite par une fusion de forces incontrôlables, où les anciennes milices génocidaires côtoient des groupes d’autodéfense communautaires, multipliant les exactions et les règlements de comptes ethniques.

Un instrument politique pour masquer les échecs du régime

Derrière la façade du patriotisme, les Wazalendo apparaissent comme un outil politique entre les mains du pouvoir. En les érigeant en « héros nationaux », Félix Tshisekedi tente de détourner l’attention de l’échec de l’armée régulière face au M23 et des complicités établies entre les FARDC et les FDLR.

Cette stratégie populiste entretient un climat de haine et d’insécurité généralisée, où la distinction entre civils et combattants s’efface chaque jour davantage.

Une bombe à retardement pour les Grands Lacs

Alors que Kinshasa continue d’appuyer ces milices, le risque d’une institutionnalisation durable des Wazalendo est réel. En l’absence de désarmement et de poursuites judiciaires, ces groupes risquent de se transformer en une armée parallèle incontrôlable, échappant à toute autorité centrale.

Leur présence, couplée à celle des FDLR, compromet gravement les efforts diplomatiques de paix menés à Washington et Doha, et menace d’embraser de nouveau la région des Grands Lacs.

Plus qu’une simple réponse sécuritaire, les Wazalendo sont aujourd’hui le symbole d’un échec politique profond : celui d’un État qui, en armant des milices communautaires et en pactisant avec des forces génocidaires, sacrifie la paix régionale au profit d’une illusion de souveraineté.

Derrière la rhétorique patriotique, ces milices Wazalendo, souvent alliées aux FDLR, représentent une menace directe pour la paix et la stabilité des Grands Lacs

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