Fred Gisa Rwigema figure aujourd’hui parmi les héros nationaux, le General Rwigema, est dans la catégorie Imanzi de nos braves.

Le mardi 2 octobre 1990 marque un épisode douloureux mais fondateur dans l’histoire contemporaine du Rwanda. Il y a 33 ans, le Général le Major Fred Gisa Rwigema, à la tête des forces du Front Patriotique Rwandais (FPR), tombe sur le champ d’honneur à Nyabwishongezi, dans l’ancienne préfecture d’Umutara, désormais en district Nyagatare, à une dizaine de kilomètres de la frontière rwando-ougandaise.

Son décès survient au lendemain de l’incursion du bras armé des troupes du Front Patriotique Rwandais, FPR, l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) sur le sol rwandais, une force estimée à plus de trois mille hommes, principalement composée de jeunes Rwandais alors en exil. Comme stratégie suivant la disparition de Fred Rwigema, la haute hiérarchie du FPR choisit de la classer Top secret, de peur de décourager les troupes et ses arrières, un jour à peine depuis le lancement de l’attaque, l’homme étant considéré comme le cheval de bataille de cette invasion.

Cette percée militaire visait à défier le régime en place du Président Habyarimana, qui clamait alors un état de saturation nationale, refusant le retour sur le sol natal des fils et filles de ce pays, réfugiés dans les pays de la région.

Le sort tragique de Rwigema instaure un bouleversement significatif au sein du commandement du front, soit-il au FPR et à l’APR. Les institutions optent pour la guerre comme ultime recours pour garantir les droits des exilés sur leur terre natale.

Les semaines suivantes, la perte de deux autres figures militaires de proue, le Major Peter Bayingana et le Major Chris Bunyenyezi, abattus par les forces de Habyarimana à Ryabega, accentue la lourdeur du sacrifice.

Un mois durant, le FPR, par mesure de précaution, gardera le silence sur ces pertes cruciales, avant une annonce officielle lors d’une conférence de presse à Bruxelles.

La réaction du régime Habyarimana ne se fait pas attendre. Au Rwanda, la nouvelle est accueillie avec une certaine jubilation par les partisans du régime génocidaire, tandis que le FPR, touché mais non terrassé, reprend son souffle.

L’un des piliers du FPR, Mr Tito Rutaremara en l’occurrence, est revenu pour IGIHE sur cette période trouble lors d’un entretien exclusif. Il explique que ce silence médiatique visait à préserver l’impact moral sur les troupes et les soutiens extérieurs.

"Annoncer une telle perte dès le premier jour aurait semé le doute et la confusion", confie-t-il.

L’après-Rwigema est marqué par l’ascension du Général-Major Paul Kagame, à l’époque en formation militaire aux États-Unis, qui répond à l’appel du devoir et prend le commandement de l’APR. Il rentre au Rwanda le 8 octobre 1990, quelques jours seulement après la tragique disparition de Fred Rwigema.

Des années plus tard, des rumeurs circulent, alimentées entre autres par Major Michael Mupende, exilé aux États-Unis, suggérant des dissensions internes au sein de l’APR, comme cause des « assassinats » de ces dignes fils du Rwanda.

Une théorie réfutée avec vigueur par le Général (à la retraite) James Kabarebe, actuellement Secrétaire d’État aux Affaires étrangères, en charge des affaires regionales, qui affirme que les décès sont survenus au combat, face à l’ennemi, un point, barre. Circulez, il n’y a rien à voir !

La mémoire de Rwigema et de ses camarades tombés au combat, reste gravée dans l’histoire nationale. Le 1er octobre 1995, Rwigema est inhumé avec les honneurs militaires au Mémorial des Héros de Remera, signe de reconnaissance éternelle pour ces hommes ayant consenti le sacrifice ultime dans l’espoir d’un Rwande libre.

Leurs noms résonnent aujourd’hui comme des symboles d’une lutte qui, malgré les heures sombres, visait à redonner au Rwanda son essence unifiée et souveraine. Aux dignes fils du pays, la nation reconnaissante !

Général-Major Fred Gisa Rwigema, héros national, tombé sur le champ d'honneur le 2 Octobre 1990

Major Peter Bayingana, un autre haut gradé de l'APR, qui a versé son sang pour que le Rwanda soit libéré.

Major Chris Bunyenyezi, parmi les hauts gradés de l'APR, disparu au lendemain de la première incursion de la guerre de libération