00:00:00 Nos sites KINYARWANDA ENGLISH FRANCAIS

Urgent

Le M23, une responsabilité Congolaise

Redigé par Tite Gatabazi
Le 30 mars 2022 à 01:59

Le M23 piaffe d’impatience. On pourrait interpréter cette reprise des hostilités comme un moyen de faire pression sur le gouvernement congolais pour la mise en application de la feuille de route convenue et signée en octobre 2019.

Mais les accords, il y en a eu. Addis Abeba, Nairobi, Kinshasa.

Et le non-respect desdits accords semble justifier les affrontements entre le mouvement et les FARDC.

A la lumière des derniers développements et eu égards à la recrudescence des affrontements, il est impérieux de revisiter les causes réelles et les manquements de part et d’autres afin d’éviter l’escalade.

C’est en partie la démission de l’Etat et l’instrumentalisation des identités qui créent les conditions de la mise en place des groupes rebelles en République Démocratique du Congo.

Et on n’a pas réussi à empêcher les apprentis politiciens d’exploiter les amalgames et alimenter les suspicions d’une « main étrangère » pour noyer les responsabilités internes.

La résurgence des affrontements dans le Rutshuru est déclenchée par une combinaison d’événements récents qu’il faut analyser froidement.

A la charge de Kinshasa, on peut tout de même retenir les tergiversations depuis 2012, les changements de discours et les contradictions entre les déclarations et les comportements.

Ses motivations paraissent illisibles.

Mais les médias internationaux, les ONGs et certains gouvernements ne sont intéressés que par la mise en cause du Rwanda. Mais celle-ci est l’arbre qui cache la forêt.

A priori les promesses non tenues par le gouvernement congolais doublé de la division des élites dans les communautés locales ne font pas l’objet de gros titres.

Bien plus, masquer les responsabilités et entretenir la méfiance entre Kinshasa et Kigali ne résoudront pas le problème de l’insécurité à l’Est de la RDC.

Malheureusement, cela ne permet pas de trouver une solution durable aux crises à répétition car on escamote le contexte des conflits passés et présents à l’Est.

Si la seule question qui vaille est de savoir qui doit être blâmé, le raccourci est vite trouvé.

Le porte-parole de l’armée congolaise a déclaré qu’ils ont capturés deux soldats des forces rwandaises de défense, « RDF » l’ambassadeur à Kinshasa a été convoqué au Ministère des affaires étrangères.

Le Rwanda y a opposé un démenti formel. Arguant qu’il n’a aucun intérêt à soutenir le M23 encore moins de mettre en échec les relations apaisées avec Kinshasa. Il faut dire qu’elles sont agitées depuis vingt-six ans.

Et personne ne s’interrogé sur une possible manœuvre des FARDC qui chercheraient à camoufler l’échec patent de la gestion de l’état de siège dans le Nord Kivu.

Ou alors un agenda caché de l’Ouganda d’où étaient cantonnés les militaires et d’où ils sont partis.

Les combats ont lieu à Chanzu et Runyoni dans le Rutshuru plus proche de l’Uganda.

Mais la fixation est sur cette fameuse « proximité avec un Etats voisin ». Le bous émissaire idéal.

L’Est de la RDC est déchiré par une multitude des groupes rebelles au gré des alliances et des intérêts divers et variés.

Les territoires de Fizi, Minembwe, Kabare, Kalehe dans le Sud Kivu connaissent une forte insécurité. La ville de Bukavu a fait l’objet d’une attaque récemment.

A l’instar de l’Ituri, la province du Nord Kivu est sous état de siège depuis le 6 mai 2021. Prêt d’un an après, son bilan parait bien mince.

A Kinshasa, plusieurs voix réclament depuis une restructuration profonde et un renouvellement de la chaîne de commandement militaire dans les deux provinces.

Et aucun niveau n’est épargné. Tant le niveau stratégique, opérationnel que tactique.

On déplore « l’affairisme des hauts gradés » en complicité avec des autorités civiles. C’est dire les failles constatés.

D’autres fustigent l’insuffisance et l’inadéquation des ressources allouées.

Car la situation sécuritaire et humanitaire se détériore à cause de l’activisme des groupes armés.

Mais au-delà des réactions émotionnelles que suscite la reprise des affrontements, se posent des questions de fond structurelles.

Car aucune des causes des conflits multidimensionnels n’a disparu.


Publicité

AJOUTER UN COMMENTAIRE

REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Publicité