L’ambassadeur du Rwanda au Royaume-Uni, Johnston Busingye, a réitéré cet appel à l’occasion du lancement de la 31ᵉ commémoration du génocide contre les Tutsi, organisée par la communauté rwandaise établie au Royaume-Uni.
Il a souligné que la présence persistante de personnes suspectés de génocide sur le sol britannique constitue un obstacle majeur à l’établissement de la justice, en particulier pour les survivants. À ce titre, il a exhorté les autorités britanniques à renforcer leur coopération avec le Rwanda afin de garantir que les crimes perpétrés lors du génocide de 1994 contre les Tutsi au Rwanda ne restent pas impunis.
« Les survivants ont le droit de voir la justice rendue de leur vivant. Cela représente pour eux une forme essentielle de réparation et de soulagement. De nombreux pays occidentaux — parmi lesquels les États-Unis, le Canada, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Danemark, la France et la Suède — ont déjà engagé des poursuites ou procédé à l’extradition de ces suspects. Le Royaume-Uni, quant à lui, continue d’offrir refuge à certains d’entre eux. Six individus, formellement identifiés, résident toujours sur le territoire britannique et sont connus des autorités », a-t-il déclaré.
Il a rappelé que le Rwanda avait, à de nombreuses reprises, officiellement demandé l’extradition de ces individus, et a de nouveau exhorté les États à honorer les engagements pris en vertu du droit international, notamment les conventions des Nations Unies relatives à la prévention et à la répression du crime de génocide.
Busingye a précisé que le Rwanda avait initialement emprunté les voies juridiques prévues pour solliciter l’extradition des suspects, dans le but de les juger devant ses juridictions nationales. Bien que les tribunaux britanniques aient reconnu que ces individus devaient répondre de faits graves, ils ont estimé qu’un procès équitable ne pouvait leur être garanti au Rwanda.
Face à cette situation, l’ambassadeur a réitéré son appel pressant au Royaume-Uni pour qu’il procède à l’arrestation de ces six suspects vivant encore sur son territoire.
Cependant, il a insisté sur la confiance persistante du Rwanda quant à l’issue de son combat pour la justice, se montrant convaincu d’un dénouement favorable, malgré le temps qui passe et l’âge avancé des suspects.
Il a souligné que les témoignages des survivants demeurent essentiels pour permettre à la communauté internationale de comprendre pleinement l’ampleur et la brutalité du génocide contre les Tutsi, durant lequel plus d’un million de personnes innocentes ont été massacrées, uniquement en raison de leur appartenance ethnique, sous le regard d’un monde resté silencieux.
Il a également rappelé à l’assemblée le jour tragique où le Conseil de sécurité des Nations Unies a décidé de réduire drastiquement les effectifs de la Mission des Nations Unies pour l’assistance au Rwanda (MINUAR), les faisant passer de 2 165 à seulement 270 soldats, alors même que le génocide faisait rage.
Cette décision, prise en dépit des appels désespérés lancés par des commandants onusien présents sur le terrain – notamment le général canadien Roméo Dallaire, qui demandait un renforcement urgent des troupes – demeure l’un des symboles les plus criants de l’abandon du Rwanda par la communauté internationale.
Par ailleurs, il a rappelé que plusieurs des suspects identifiés vivent encore aujourd’hui au Royaume-Uni. Il s’agit notamment de Célestin Mutabaruka, du Dr Vincent Bajinya, d’Emmanuel Nteziryayo, de Célestin Ugirashebuja et de Charles Munyaneza.
Busingye a également souligné l’importance cruciale de la mémoire et de la vigilance. « Nous devons nous souvenir, et rester constamment vigilants pour empêcher le retour de l’idéologie génocidaire, même lorsqu’elle se dissimule derrière un langage édulcoré ou se manifeste à travers des politiques de division », a-t-il déclaré.
Il a insisté sur la nécessité d’intégrer l’histoire du génocide contre les Tutsi dans les programmes scolaires, afin que les jeunes générations comprennent ce qui s’est réellement passé, soient en mesure d’identifier les signes annonciateurs d’un tel drame, et s’engagent activement pour qu’il ne se reproduise jamais.
De son côté, Jabo Butera, président de la communauté rwandaise au Royaume-Uni, a indiqué que des Rwandais établis dans des villes telles que Manchester, Newcastle et Portsmouth s’étaient mobilisés pour marquer le lancement des 100 jours de commémoration, non seulement le 7 avril, mais aussi à travers une série d’activités prévues tout au long de cette période de mémoire.
« Le 7 avril marque le premier jour de la 31ᵉ commémoration, mais de nombreuses autres activités sont prévues tout au long des 100 jours de mémoire. Par exemple, le 3 mai 2025, un grand rassemblement se tiendra à Portsmouth, dans le cadre d’un événement organisé par l’Association nationale de la communauté rwandaise », a précisé Butera.
Des commémorations sont également prévues dans plusieurs autres villes, notamment à Liverpool, où se trouvent divers mémoriaux dédiés aux victimes du génocide contre les Tutsi.
Butera a encouragé les Rwandais vivant au Royaume-Uni à préserver et à chérir leur identité ainsi que leur histoire. « Être Rwandais doit résonner en chacun de nous. Ce sont nos histoires, notre mémoire collective, et nous avons le devoir de les transmettre au monde, en particulier aux jeunes générations. »




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