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Le négationnisme blesse la mémoire

Redigé par Tite Gatabazi
Le 31 mars 2022 à 06:06

Au Rwanda la période de commémoration du génocide contre les tutsis va commencer le 7 avril.

Et avec lui le réveil des souvenirs et la mémoire.

Partout au monde, les drapeaux seront en berne ce jour-là. Ils se souviendront du génocide perpétré contre les tutsis. C’est une exigence éthique de la communauté internationale.

Déjà l’année dernière, le secrétaire général des nations unies, Antonio Guterres avait averti : « le monde entier vit sous la menace de groupes extrémistes résolus à grossir leurs rangs par la polarisation sociale et la manipulation politique et culturelle ».

Avant d’ajouter que : « si les technologies et les techniques utilisées par les extrémistes évoluent, les propos et messages ignobles restent les mêmes ».

Et de lancer cet avertissement : « la déshumanisation des communautés, la désinformation et les discours de haine attisent la violence ».

Et au Rwanda, nous avons connu la déshumanisation du discours du parmehutu, l’exclusion de la politique de l’équilibre ethnique et régionale de Habyarimana, la haine ouverte et professée des powers, la désinformation des négationnistes.

L’instrumentalisation du rapport biaisé du juge Bruguière et le mapping report rentrent dans cette campagne.

La rhétorique de jambo asbl et affiliés étroitement imbriqués et dominés par les familles des membres de l’akazu et autres présumés génocidaires ou condamnés pour génocide.

Que dire de la volonté politique des pays qui rechignent à juger les présumés génocidaires installés sur leur territoire et refusent de les extrader au Rwanda.

Sans engager de débat sur cette prise de position idéologique et partisane, on est en droit de s’interroger sur ces dossiers restés sans prolongement judicaire.

Ils participent tous, à des degrés divers, à ces outrages à la mémoire que sont le révisionnisme et le négationnisme.

On pouvait en effet raisonnablement penser que des faits historiquement avérés et indiscutables ne seraient plus contestés.

Apres le « plus jamais ça », on a encore du mal à ériger des digues solides contre le négationnisme.

En ce sens, il me semble que l’association jambo asbl, animé par les enfants des génocidaires avérés ou supposés dont on sait la rhétorique et le soutiens aux FDRL à lEst de la RDC reste le terreau ou la matrice de ces outrages à la mémoire.

Enfin, on peut observer que les générations les plus jeunes, qui se frottent à l’idéologie sont souvent sensibles à la théorie dite « du complot » qui peut entraîner le doute voire la négation des faits historiques les plus incontestables.

Toutes ces raisons, qui peuvent d’ailleurs se conjuguer, expliquent le maintien de ceux que Robert Badinter, dans une de ces premières plaidoiries contre le négationniste Robert Faurisson, avaient appelé « les faussaires de l’historique ».

Et nous devons décortiquer leur discours de haine et du militantisme politique pour mieux le comprendre et conjurer ces offensives qui blessent la mémoire.

Dans cette logique de confusion, cette volonté de créer un amalgame ;

Enfin, toujours dans cette logique de confusion, entre les personnes niant la réalité on comprend mieux, avec des propos souvent sidérants où cohabitent déni de réalité et mauvaise foi, on comprend mieux pourquoi l’historien Henri Rousso ait pu créer le néologisme de « négationnisme » pour qualifier une telle attitude idéologique consistant à nier ou minimiser de façon caricaturale le génocide.

Car les outrages à la mémoire sont également des outrages à l’histoire !

Ils se mettent à relire ou interpréter de façon idéologique et orientée les événements liés au génocide sans méthodologie historique.

Ainsi, les négationnistes qui se posent en victime, ne méritent aucune protection de la liberté d’expression lorsqu’ils défendent des « valeurs » de destruction des hommes et de leurs droits.

Le négationnisme n’est pas une opinion, c’est un délit.

On emporte la conviction qu’une prise de position haineuse et caractérisée, travestie sous l’apparence d’une opinion, est aussi dangereuse qu’une attaque frontale et abrupte.

On ne soulignera jamais assez la nécessité, même encore aujourd’hui, du travail des historiens pour faire face au négationnisme grandissant.

Le rapport Duclert en France en est une preuve éclatante.

Outre ce nécessaire travail des historiens, la Justice et les juges doivent aussi agir contre le négationnisme et les négationnistes.

À cet effet, il faut que les intéressés poursuivent systématiquement les propos négationnistes et que les juges renforcent la répression de toute contestation de l’existence de crime contre l’humanité par le prononcé de peines.

Outre cette action des juges et des historiens, il est bien évidemment nécessaire que nous agissions tous, en tant que citoyens, contre les outrages à la mémoire et à l’histoire et que nous sachions rappeler la vérité historique, constatée par la justice internationale.


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