Dans un pays déjà classé parmi les plus pauvres du monde, la population vit au rythme des privations, tandis que le pouvoir en place, dominé par le CNDD-FDD, peine à apporter des solutions concrètes.
Carburant introuvable, pays paralysé
Dans tout le pays, les files interminables devant les stations-service sont devenues le symbole d’une économie à bout de souffle. À Makamba, Kayogoro ou Bujumbura, les véhicules restent immobilisés faute de carburant.
Selon plusieurs observateurs, cette situation découle du manque de devises étrangères, qui empêche l’importation suffisante d’hydrocarbures. Les autorités, elles, parlent de “difficultés passagères”.
Mais pour la population, la réalité est tout autre : transports à l’arrêt, hausse vertigineuse des prix des denrées et paralysie de nombreux services.
« Nous recevons parfois du carburant seulement une fois toutes les deux semaines », confie un chauffeur de bus de la capitale.

L’eau et l’électricité, des biens rares
Les délestages électriques touchent désormais la quasi-totalité du pays. Dans plusieurs quartiers, le courant n’est disponible que quelques heures par jour.
Les étudiants et élèves en subissent directement les conséquences : « Je révise mes cours avant la tombée de la nuit, car nous n’avons presque jamais d’électricité le soir », témoigne une élève à Bujumbura.
L’accès à l’eau potable est tout aussi préoccupant, en milieu rural, plus d’un tiers de la population n’ayant pas accès à une source sûre. Dans certaines provinces, comme Kirundo, ce taux chute à 26 %, seules 16 % des familles disposant d’un service d’assainissement adéquat. Dans de nombreuses écoles, les robinets restent à sec plusieurs mois de l’année, exposant les enfants aux maladies hydriques.
Une pauvreté étouffante et un discours déconnecté
Sur le plan économique, le Burundi demeure parmi les pays les plus pauvres du globe. Près de 40 % des Burundais vivent dans l’extrême pauvreté, et plus de la moitié de la population active est en sous-emploi. Les jeunes, souvent diplômés mais sans perspective, représentent la majorité des chômeurs.
En effet, le Burundi se classe parmi les économies les plus faibles du monde. Son PIB était d’environ 2,16 milliards de dollars US en 2024, ce qui le positionne aux alentours de la 188e place des économies mondiales.
Face à cette réalité, le président Évariste Ndayishimiye affiche un optimisme aussi déconcertant qu’insensible à la gravité de la situation. Il ne cesse de vanter les “tonnes de denrées alimentaires” qu’il dit récolter lui-même, allant jusqu’à affirmer que “tant que sa famille a de quoi se nourrir, le pays va bien.”
Des propos qui ont suscité l’incompréhension et l’indignation d’une partie de la population, déjà exaspérée par la cherté de la vie et l’inaction du gouvernement.

Un pouvoir miné par l’ethnicisme et le favoritisme
Vingt ans après son arrivée au pouvoir, le CNDD-FDD reste accusé d’entretenir un système d’exclusion politique et ethnique.
Les postes de responsabilité et les emplois sont, dans la plupart des cas, confiés à des personnes issues de l’ethnie dominante au sein du parti ou à des individus ayant fait allégeance au régime. La minorité active qui a accepté de se rallier au CNDD-FDD est souvent utilisée pour donner l’image d’un équilibre ethnique factice dans la vie nationale.
Cette stratégie entretient un climat de méfiance et de frustration sociale, renforçant les divisions que le pays n’a jamais totalement surmontées depuis la guerre civile.
Un climat de peur et de résignation
Les rapports d’ONG et de médias indépendants évoquent un pays verrouillé par le parti au pouvoir. Les arrestations arbitraires, la surveillance politique et l’intimidation des opposants sont devenues monnaie courante.
Beaucoup parlent d’un État sous tutelle du CNDD-FDD, où la peur et la mécontentement dominent la vie publique.
Pendant ce temps, la population s’enfonce dans une misère silencieuse : les salaires stagnent, les prix explosent, et l’accès aux services essentiels devient un combat quotidien.

Une jeunesse épuisée mais lucide
Pourtant, au milieu de cette morosité, une jeunesse épuisée mais lucide commence à s’exprimer, notamment sur les réseaux sociaux, contre la corruption et l’injustice.
Certains jeunes affirment vouloir “reprendre leur destin en main.” « On ne peut pas continuer à vivre sans eau, sans lumière et sans espoir », écrit un étudiant de Gitega sur X (ancien Twitter).
Un pays au bord de l’asphyxie
Le Burundi vit aujourd’hui une ‘crise humanitaire silencieuse mais dévastatrice’, bien pire que celle qu’il a connue dans les années 90, lorsque le pays était sous embargo, pour plusieurs experts. Pénuries, pauvreté, répression, favoritisme : autant de plaies ouvertes que le régime refuse de reconnaître.
Mais une chose semble certaine : la jeunesse burundaise, de plus en plus instruite et consciente, ne veut plus se contenter de survivre. Elle veut vivre, apprendre et espérer — des droits élémentaires que tout gouvernement digne de ce nom devrait garantir.



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