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Urgent

Les Plateaux de Minembwe contestés aux Banyamulenge qui en sont les premiers occupants.

Redigé par Dr Rutazuyaza Vaillant Byizigiro
Le 26 octobre 2020 à 07:27

Les Banyamulenge vivent presque au quotidien des violences des miliciens locaux et leurs auxiliaires. Il y participe aussi de la partialité de certains politiciens et commandants militaires déployés dans la contrée. Il convient de mentionner également que dans les différents épisodes d’attaques dont les Banyamulenge sont victimes depuis les années 1963 à ce jour, ces derniers ne font que se défendre quand les forces de l’Etat ne remplissent pas leur mission régalienne de les protéger.

Pourquoi le Gouvernement congolais a-t-il abdiqué de sa responsabilité de défendre une partie de sa population ? Et cette Communauté internationale présente sur le terrain, nous entendons ici les Casques Bleus de la Monusco, pourquoi ne s’implique-t-elle pas avec determination pour sauver les Banyamulenge egorges au jour le jour, leur betail razzié ?

Détermination des détracteursà exterminer les Banyamulenge

Les voix de certains hommes politiques qui s’élèvent pour dénoncer et condamner les actes inciviques posés par les milices issues des communautés voisines et leurs auxiliaires contre les Banyamulenge sont noyées dans le gros vacarme et l’arrogance des incitateurs aux troubles. Parmi ces défenseurs de la paix figurent l’Honorable Muhivwa Ngwebo Godéfroid et l’Honorable Bernard Milinganyo pour ne citer que ceux-là. Ils ont beau crier à tue-tête pour les ramener à la raison, mais hélas, ces détracteurs des Banyamulenge font sourde oreille, affichant toujours un caractère d’unpeuple ingouvernable. On se demanderait : en quoi sont-ils ingouvernables ?

La réponse à cette question ne peut que susciter une autre ou plusieurs questions : comment ces compatriotes des ethnies voisines de celle des Banyamulenge peuvent-ils se considérer toujours au-dessus de la loi pour dicter au gouvernement ce qu’il doit faire ? Que disent ces contestatairers de la constitution de la RD Congo adoptée par référendum les 18 et 19 décembre 2005 et promulguée par le président de la République Joseph Kabila le 18 février 2006 ?

Cette loi consacre le principe de la décentralisation comme composante de l’architecture institutionnelle du pays, dans le contexte d’un État unitaire. Si par le même décret-loi n° 13/029 du 13 Juin 2013 on a vu plusieurs agglomérations y compris Sange et Baraka érigées en villes, mais certains représentants influents des communautés voisines des Banyamulenge crient jusqu’ à avoir l’écume à la bouche contre la Commune de Minembwe mise en place par le même décret réclamant son annulation, ne réalisent-ils pas qu’il leur manque la raison ?

Pour preuve, la déclaration de Monsieur Yoram Eciba, le Président de la mutualité des Babembe de Kinshasa du 25 Octobre 2019, n’est-elle pas un exemple éloquent parmi plusieurs autres à ce sujet ? Car elle conditionne la fin de la guerre de Minembwe avec ses innombrables pertes en vies humaines et dégâts matériels par la dissolution pure et simple de cette commune. Ils avancent le même faux motif selon lequel les Banyamulenge n’ont pas droit à la terre au Congo, pour y avoir une entité administrative autonome. Cette déclaration de Eciba a été diffusée sur les antennes de la RFI dans son émission du 25 Octobre 2019 sur La RDC : Minembwe assiégée, les raisons des violences sur les hauts plateaux[1].

Dans son rapport du mois d’Aout 2020, à sa page quatre, le HCDH-MONUSCO rapporte certains discours incitant à la haine ayant grandement contribué à attiser la tension. La déclaration faite le 31 Octobre 2019 par l’association des Babembe résidants à Kinshasa appelait « à la guerre, le déplacement et la persécution des Banyamulenge des hauts plateaux du Sud-Kivu, et exigeait au gouvernement de déchoir ces derniers de la nationalité congolaise qui sont taxés d’immigrants ‘tutsis du Rwanda’ » par les signataires de cette déclaration [2].

Huum ! les démons se recyclent...
Ce sont les mêmes résolutions qu’avait proposées Anzuluni Bembe, en 1995, alors Président du Haut Conseil de la République - Parlement de Transition (HCR-PT), lui-même de cette tribu Babembe, tel que nous l’avons présenté dans la section précédente.

Cette idée est partagée par plusieurs incitateurs aux troubles au nombre desquels figure le Dr. Philbert Bilombele. Dans son article intitulé : RDC-Fizi : Les prétendues chefferies de soi-disant Banyamulenge : quand les archives établissent la preuve du contraire, paru dans FIZIMediaEST du 24 Février 2020, l’auteur affirme que « tous les Babembe sont unanimes que la fin de la guerre de Minembwe est conditionnée par la suppression de cette commune. A défaut de voir le pouvoir public le faire, conclut-il, les Babembe le feront eux-mêmes » [3].

Pour Monsieur Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba[4] reconnu pour ses émissions contre les Banyamulenge, à l’exemple de celle sortie dans son mémo relative à la vérité sur la guerre de Minembwe, du 23 Aout 2019 postée sur la toile de l’ APARECO, il appelle les Banyamulenge une fausse communauté congolaise de réfugiés rwandais créé de toutes pièces par le lobby politique et militaire Rwandais dans l’objectif de faire main basse sur les terres congolaises du Kivu. A lire Ngbanda, on constate qu’il est animé d’un racisme inouï, par ses appels à la haine et au massacre ethnique. Les cris de détresse lancés par les Banyamulenge serraient pour lui comme ceux d’une brebis vouée à l’abattage.

Propagande de la haine et du mensonge
La propagation de la haine et du mensonge dont il s’est fait maître, en montant les communautés congolaises les unes contre les autres, prouvent le niveau élevé de la trahison de son pays pour des intérêts personnels et au bénéfice de réseaux déstabilisateurs.

Dans son discours haineux, le député provincial du Sud-Kivu Monsieur Homer Bulakali Mwana wa Bene, en Novembre 2019, lançait l’appel de chasser les Banyamulenge de la RDC, disant à son audience qu’elle reconnaitra l’ennemi dont il faut se débarrasser par son faciès.

Que dire de Monsieur Bitakwira B. H. Justin, ancien Député et ancien Ministre au niveau national, des Honorables Claude Misare, Kaliba Pardonne, etc. qui, par leurs sorties médiatiques ou discours publics désinformateurs et haineux ne cessent de chauffer les esprits de leurs congénères contre les banyamulenge ?
Se référant aux messages de ces personnages pour ne citer que ceux-là, on serait tenté de croire que la commune rurale de Minembwe est à l’origine des conflits actuels. Cependant, ces violences et leur ampleur sont perçues comme s’inscrivant dans le plan préconçu, même avant l’érection de Minembwe en commune. Les actes ignobles actuellement posés à l’encontre desBanyamulenge sont l’une des phases de sa matérialisation, qui malheureusement pour eux, se soldent toujours par l’échec.
Le cycle actuel des violences contre les Banyamulenge a commencé en dehors de Minembwe

Le cycle actuel des violences a commencé au début 2017 à Rurambo, en passant par Katanga et Murambya dans le territoire d’Uvira, avant de s’intensifier à la mi-2018 dans le groupement de Bijombo. Un autre site d’importantes violences est l’espace de Mibunda dans le Secteur d’Itombwe, Territoire de Mwenga. Ces violences qui ont balayé ces espaces avec toutes les conséquences qu’elles ont eues sur les populations dont la majorité sont les Banyamulenge, n’ont pas eu lieu dans la commune rurale de Minembwe. C’est depuis le début de 2020 jusqu’à l’heure actuelle que les Banyamulenge de Minembwe se voient assiégés par les milices locales en coalition avec celles étrangères.

Une rétrospective des évènements sanglants à l’encontre des Banyamulenge
Il est important de faire un examen rétrospectif des évènements sanglants similaires perpétrés par les mêmes milices issues de Babembe, Bafuliru, Banyindu, etc. contre les Banyamulenge pour démontrer que cette nature agressive qui les hante est antérieure à l’érection de Minembwe en commune rurale.

C’est au mois d’Août 1963 que le premier Munyamulenge, en la personne de Rusimbana Marara Gracien, a été tué par les Babembe mulelistes. Au mois de juin 1964 il y eut massacre de plusieurs Banyamulenge à Bibogobogo par les mêmes milices. Depuis, le ressentiment contre cette communauté commença à prendre une grande ampleur dans cette contrée et les massacres seront généralisés contre les Banyamulenge sur tous les hauts-plateaux entre 1964-1968 comme nous l’avons démontré dans les paragraphes précédents.

Mobutu cree des antagonismes ethniques
Confronté à de fortes pressions internationales à la fin de la Guerre froide, après le démantèlement en 1968 de la rébellion Mulele-Simba plus active dans la partie orientale du pays, Mobutu annonça en avril 1990 une transition vers une démocratie multipartite. Toutefois, il chercha subrepticement à faire échouer le nouveau processus de démocratisation en divisant et affaiblissant l’opposition. L’un des moyens qu’il employa consista à entretenir les antagonismes ethniques[5] dont il avait déjà projeté le sous-bassement avec la loi confusionniste de 1981 sur la nationalité zaïroise [6] dont la résultante fut le rejet des candidatures des Banyamulenge aux législatives nationales de 1987 et refus de droit de vote pour des raisons de « nationalité douteuse » [7]. Il s’en est suivi de terribles violences à l’encontre des chefs des localités et des villages Banyamulenge du fait de s’être opposés aux législatives sans leur participation. Plusieurs furent mis en détention, d’autres en liberté provisoire sous grande caution.

En 1996, les milices issues de Babembe ont fait passer sous la guillotine au moins 600 Banyamulenge à Ngandja, Lueba, Bibokoboko, Mboko, Baraka, pour ne citer que ceux-là parmi plusieurs exemples.
Aux regards de ce qui précède, on se poserait la question savoir quelle commune les victimes revendiquaient pour mériter cette mort tragique depuis la rébellion des années 1963 ? Comment est-il possible que ces ouvriers d’iniquité s’en prennent-ils toujours à une population innocente pour les décisions prises par le gouvernement ?

Affrontement de Kipupu et démasquage des complices : FARDC et Gouvernement RD Congolais ?

Kipupu était bien connu par la population locale comme étant le bastion des Mai-Mai et leurs alliés à partir duquel les expéditions qui ont ravagé cette contrée et les contrées voisines étaient préparées. C’est dans cette localité où les vaches pillées des Banyamulenge étaient rassemblées. La complicité de certains éléments des FARDC déployés dans les hauts-plateaux des territoires de Fizi, Mwenga et Uvira, et plus particulièrement dans la commune rurale de Minembwe et la responsabilité de certains éléments du gouvernement congolais dans les violences contre les Banyamulenges avaient bien longtemps été soupçonnées et dénoncées par les victimes. Mais hélas ! Qui pouvait y croire ? Il a fallu attendre l’affrontement du 16 Juillet 2020 dans ce quartier général des rebelles Mai-Mai pour que les élus du peuple se prononcent un jour après, chose qu’ils n’ont jamais fait pendant plus de trois ans de calvaire des Banyamulenge jusqu’ à l’heure actuelle.

Ces Mai Mai respirent la terreur et la mort

C’est après que les forces armées nationales aient appuyé le côté de Mai-Mai et leurs milices collaboratrices étrangères contre le Twirwaneho (le groupe d’autodéfense civile Banyamulenge) que l’équilibre de forces a été rompu. Par endroits, les FARDC censées protéger la population et ses biens, ont laissé, sous leur nez et barbe, les Mai-Mai bruler les maisons et emporter les vaches des Banyamulenges ailleurs. Ils sont intervenus en tirant sur Twirwaneho quand ils tentaient de poursuivre les Mai-Mai pour récupérer leurs vaches. C’est cette attitude qui a caractérisé tous les commandants militaires et leurs subordonnés déployés dans les hauts plateauxde Minembwe et les confins des territoires de Fizi, Mwenga et Uvira.

Et d’ailleurs, pendant les affrontements de Kipupu le 16 juillet 2020, entre Twiraneho (autodéfense civile Banyamulenge) et les Mai-Mai (milices Babembe, Bafuliru, Banyindu), le Colonnel Ekembe, un officier des FARDC est venu avec son contingent à la rescousse des criminels Mai-Mai, en tirant dans le dos de ceux-là qui se prennent en charge faute du pouvoir devant les protéger.

Quelques exemples des expéditions préparées à partir de Kipupu

En date du 04/10/2018 les Mai-Mai et RED-Tabara en provenance de Kipupu et de Nyarurambi (dans le groupement Basimwenda) attaquent plusieurs villages de Mibunda. Les bergers Banyamulenge fuient avec leurs centaines des vaches vers le camp militaire le plus proche à Makutano situé à peine à un kilomètre. A l’approche du camp, les bergers, à leur grande surprise, ont commencé à essuyer des tirs en provenance de ceux-là auprès desquels ils allaient chercher la protection. Les bergers en débandade, les uns appréhendés sont ligotés et torturés par les militaires qui leur diront qu’ils ne voulaient pas voir leurs visages dans le milieu. Un des bergers a pris fuite. Le sort de leurs vaches ? Elles ont rebroussé chemin pour être cueillies par les Mai-Mai qui attendaient à une distance d’où ils étaient bien visibles de militaires devenus leurs auxiliaires.

En date du 18/04/2020, quelques parents Banyamulenge, hommes et femmes se rendent dans leurs champs dans la périphérie du village de Kivumu-Minembwe pour chercher de la nourriture pour leurs enfants à Musika. Ils avaient été accompagnés par des militaires. D’un coup, survinrent les Mai-Ma iet les militaires abandonnent les pauvres victimes. Ceux qui avaient assez de force de fuir échappèrent de justesse, tandis qu’un homme fut capturé et décapité sur le champ. Les deux jeunes femmes, Nyamwiza et Nyamutarutwa, s’étaient cachées dans la brousse où leurs bourreaux ne pouvaient pas les voir. Elles seront livrées aux Mai-Mai par les mêmes militaires qui les avaient accompagnées. Les Mai-Mai se saisirent d’elles et les tuèrent aux environs de Minembwe après les avoir violentées. Leurs organes génitaux furent mutilés et leurs corps déchiquetés. Certainement que les gouvernements provincial et national n’ont pas manqué de le savoir tellement l’événement avait en son temps défrayé la chronique.

Le jeudi 28/05/2020 à six heures du matin, les Banyamulenge réfugiés dans le camp de la MONUSCO à Mikenke ont été attaqués par les milices Mai-Mai et RED-Tabara en provenance de Kipupu à un Kilomètre par rapport aux positions militaires sans aucune intervention ni de l’une ou de l’autre parmi les quatre positions des FARDC basées à Mikenke centre.

C’est à Kipupu que Ebuela dit Mutetezi, fameux commandant à la tête de la coalition Mai-Mai RED Tabara, FOREBU et FNL avait établi son quartier général, à partir duquel il a complètement razzié toutes les vaches et détruit tous les villages de Banyamulenge de Mibunda (Tulambo, Malanda, Murambi, Nkango, Kwiruru, Kuwimbogo, Nyarubombeko, Kibundi, Malunde). Dans le groupement de Bijombo, il a détruit les villages Rubibi, Mbundamo, Chanzovu, Kagogo, Gatoki, Mugogo, Bijombo, Kuwigiti, pour ne citer que ceux-la.

Si Kipupu a été investi par Twirwaneho en date du 16 juillet 2020, c’est en réponse aux deux incursions successives du 10 et 13/07/2020des rebelles Mai-Mai et RED-Tabara sur les villages de Kalingi, lesquelles incursions avaient débouché sur la mort de 2 hommes, 5 grièvement blessés et à la confiscation de plus de 400 vaches, après en avoir chassé les propriétaires.

Ces jeunes civils Banyamulenge qui se prennent en charge étaient descendus à Kipupu pour récupérer leurs vaches pillées. Il va de soi que, lorsque l’armée républicaine et le gouvernement ne remplissent pas leur mission régalienne de protéger les vies humaines et les biens des citoyens, les victimes se font justice.
Condamnation des victimes et protection des oppresseurs

C’est avec une célérité surprenante que les élus provinciaux ont condamné et donné, sans aucune vérification, le bilan 224 personnes tuées des derniers événements malheureux survenus tout récemment à Kipupu, prouvant par-là que les Banyamulenges ne figurent pas parmi ceux-là qu’ils représentent au niveau provincial. Ce chiffre a été contredit par la MONUSCO et la commission provinciale d’enquête qui s’étaient rendu sur le lieu le 29/07/2020, faisant état de 15 morts, bilan de personnes tuées que le représentant de la société civile de Babembe en place a lui-même confirmé.

Depuis le début Août 2020, après les affrontements de Kipupu, les pillages et les attaques cruelles se sont intensifiées contre les villages Banyamulenge de Gahwera, Kabingo, Masha, Gakangara, Muriza, Kalingi, comme toujours, sous un grand silence du gouvernement.

Le 28 aout 2020, quand la délégation de la présidence de la république atterrissait à Minembwe sous la conduite du Conseiller Tommy Tambwe, les rebelles Mai-Mai prenaient 70 vaches des Banyamulenge à Gahwera à 6 kilomètres de la piste d’atterrissage. Les éleveurs voulant profiter de la visite de l’homme fort à qui ils demandèrent de les aider à récupérer leurs vaches, le conseiller leur déclara qu’il n’en pouvait rien, excepté d’en faire un rapport à son Excellence le Président qui l’a envoyé.
Si ce silence du gouvernement face à toutes ces situations d’injustice commise contre les Banyamulenge ne montre pas son choix du camp de l’oppresseur, quel qualificatif donneriez-vous à cette attitude d’indifférence ?

Le Gen. Dieudonne Muhima, toutes les violences contre les Banyamulenge ; ils les tolere


Une injustice de plus : mesures adoptées contre le groupe civil d’autodéfense Twirwaneho

En date du 17 juillet 2020, le Conseil de Ministres réunis en sa 40ème Session a adopté entre autres mesures, la décision de mettre fin au groupe civil d’autodéfense Twirwaneho. Cette décision vue comme telle semble répondre aux préoccupations légitimes de tout Etat, car la responsabilité première de l’Etat est de protéger sa propre population, et de ramener le calme et la paix surtout dans une région secouée par des conflits incessants.

Ainsi, pour répondre à ce besoin primordial du peuple congolais, l’article 52 de la Constitution de 2006 dispose que :« Tous les Congolais ont droit à la paix et à la sécurité, tant sur le plan interne que sur le plan international »[8]. Nous partageons l’inquiétude avec Niyonzima (2020) selon laquelle le droit à la paix et à la sécurité reconnu à tous les Congolais sans distinction comme le stipule cet article a été omis par le gouvernement pour une partie de sa population [9].

Nous estimons qu’il est raisonnablement injuste de la part du gouvernement de prendre une telle résolution contre un groupe d’auto-défense civile qui émerge trois ans après à la suite de l’incapacité ou le manque de volonté des institutions de sécurité (police, armée) à lutter efficacement contre ses rebelles traditionnels.

Si le Gouvernement congolais n’est pas complice des attaques contre les Banyamulenge, pourquoi aurait-il laissé les Mai-Mai et leurs alliés détruire en sa présence des centaines des villages, piller des centaines de milliers du bétail, et des fois avec la complicité des éléments FARDC, et les massacres de centaines de vies innocentes des membres de cette pauvre communauté, sans qu’une décision similaire à celle du 17 juillet 2020 soit adoptée à l’égard de cette coalition du mal ?

En outre, pourquoi le gouvernement décide-t-il de détruire Twirwaneho (groupe civil d’autodéfense banyamulenge) alors qu’il sait que n’eussent été sa défaillance et la malveillance à assurer la sécurité de toutes les populations des hauts-plateaux du Sud-Kivu en général et des membres de la communauté Banyamulenge et leurs biens visés par toutes ces attaque particulièrement durant cette guerre, ce groupe n’aurait pas vu le jour ?

Insécurité créée et entretenue par les commandants militaires dans les hauts-plateaux de Minembwe

Si l’on revenait sur l’attitude affichée et les propos tenus par certains commandants des unités militaires opérant dans la contrée, on pourrait aisément entrevoir la partialité dont ils sont animés. Cette partialité est de nature à être condamnée par les personnes éprises de paix et la population qui a tant été meurtrie par les attaques incessantes. A titre d’exemple, le message du Capitaine Kasereka Dieudonné diffusé depuis son compte twitter et puis sur la toile AMANI SUD-KIVU YETU Groupe WhatsApp du 3 Juillet 2020, que nous reprenons ci-dessous est une expression de discrimination de cette communauté qui en dit long sur les ressentiments que ces commandants militaires ont contre les Banyamulenge.

Dans ses déclarations, ce porte-parole de Sokola 2 Sud-Kivu a toujours attribué aux Banyamulenge victimes le rôle de leurs bourreaux.

Le 24 août 2020, à Katobo, moyen-plateau surplombant Runingu, route Bukavu-Uvira, 6 jeunes Banyamulenges sortis d’un long confinement et pressés d’aller saluer leurs parents furent égorgés par le Colonel Bigaye sans autre forme de procès. Uniquement parce qu’ils étaient des Banyamulenge. Les familles éprouvées ont attendu en vain l’enquête comme celle menée à Kipupu et la punition des criminels.

Les Banyamulenge et les autres communautés vivant dans les hauts plateaux de Minembwe sont fatigués de vivre dans cette insécurité créée et entretenue par les commandants militaires opérant dans la région. Il importe de mentionner par exemple le Général Muhima Dieudonné. Au lieu de combattre les Mai-Mai, sa brigade a choisi une cible facile : les paisibles civils Banyamulenge. Des sources sûres sur le lieu renseignent qu’en dates de 01 et 02 /09/20 plusieurs bombes ont été larguées sur les villages de Kalingi, Gitavi et Biziba dans la commune rurale de Minembwe. Cela a tellement causé une panique au milieu de la population que les habitants de ces villages passèrent deux jours et deux nuits consécutifs dans la brousse.

Les raisons de l’utilisation de cette lourde artillerie par les unités militaires sous le commandement dudit Général ne sont pas encore connues. Quelques jours plus tard, plus précisément en du 08 et 09/09/2020, les attaques simultanées ont été lancées contre plusieurs villages de Minembwe dont Kahwela, Masha, Kabingo et Muriza par les Mai-Mai à qui, selon les mêmes sources, le Général fournit des renforts conséquents en hommes parmi ses unités militaires déployées dans la zone. Les Mai-Mai seraient approvisionnés en armes et appareils de communication par les unités FARDC opérant dans la région. Des témoignages crédibles font état d’utilisation à l’occasion de cette dernière série d’attaques, d’une panoplie d’armes sophistiquées que les Mai-Mai ne possédaient pas par le passé et donc, seulement disponibles localement dans le dépôt d’armes de la 112ème brigade d’intervention rapide des FARDC.

Miliciens mai mai habillés en militaires reguliers par le Gén. Muhima Dieudonné
Ce qui intrigue plus, c’est le camouflage des miliciens Mai-Mai sous l’uniforme des FARDC qu’ils reçoivent des militaires pour faciliter leur entrée dans les lieux qu’ils veulent attaquer. La présence des miliciens Mai-Mai aux côtés des militaires FARDC tous deux vêtus d’uniforme identique a été reconnue à plusieurs endroits parmi les groupes qui attaquent les Banyamulenge.

Si ce qui est susdit s’avère vrai, je demanderais à tout un chacun de se faire le devoir de trouver un qualificatif approprié au gouvernement qui refuse de sauver une partie de sa population, ‘dans le cas qui nous concerne nous les Banyamulenge’. Car il en a le pouvoir et sait très bien que cette communauté innocente est victime de l’injustice. On comprend très bien que le commandement militaire dans cette zone, traitant les Banyamulenge comme des étrangers (ex. message du Capitaine Kasereka) dont il faut se débarrasser, est de mèche avec les Mai-Mai. Au vu de ce qui est susdit, imaginez-vous le sort qui serait réservé à une telle communauté. A la longue les Banyamulenge pourchassés devront-ils comprendre comment répondre à cette inaction gouvernementale qui les tue au quotidien ?

L’inaction de la MUNUSCO

Il a été assigné à la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RD Congo (MONUSCO) un mandat axé sur la protection des civils et la consolidation de la paix. Bien que plusieurs autres résolutions aient été votées par le conseil de sécurité de l’ONU, ces deux axes sont toujours restés prioritaires.

Dans les Hauts plateaux du Sud-Kivu, et à Minembwe et les contrées voisines en particulier, les Casques Bleus de la MONUSCO sont témoins de tueries, atrocités inhumaines et pillages de vaches perpétrées par une large coalition des milices locales et étrangères commis sur les civils Banyamulenge depuis 2017. Les camps des déplacés internes sous leur protection en sont une des preuves. Cette coalition a été confirmée dans rapport du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de L’homme (HCDH-MONUSCO) du 10 Août 2020, sur la situation des droits de l’homme dans les hauts plateaux des territoires de Mwenga, Fizi et Uvira, Province du Sud-Kivu, entre février 2019 et juin 2020[2].

Les Plateaux de Minembwe contestés aux Banyamulenge qui en sont les premiers occupants.

Cependant, l’intensifications d’attaques de ces milices génocidaires contre les civils Banyamulenge fait émerger des interrogations au sein des victimes sur l’apport concret de l’une des plus importantes missions de maintien de paix des Nations Unies au monde. Bien que cette responsabilité revienne en premier lieu au gouvernement congolais, on se demande aujourd’hui si l’implication timide de la MONUSCO en RDC n’est pas une répétition de l’histoire, comme ce qui s’ est passé au Rwanda, lorsque pendant sa phase opérationnelle entre les années 1993 et 1994, la Mission des Nations Unies pour l’ Assistance au Rwanda (MINUAR) et les Nations Unies ont préféré observer seulement ce qui se passait pour en fin retirer leurs troupes plutôt que de combattre les génocidaires qui ont décimé une des composantes de la population.

Dans plusieurs rapports parvenus aux instances provinciales et nationales de la RDC, les sociétés civiles des Banyamulenge et les ONG œuvrant dans le milieu ont à maintes reprises décrié les conditions alarmantes dans lesquelles vit cette communauté de suite de ces conflits. Cette large coalition de criminels constitue une menace effroyable contre cette partie de la population congolaise. Elle cause ainsi une détresse d’autres populations sans qu’eux aussi soient épargnés, et cela à plusieurs reprises. Il n’y a pas de victoire de leur part.

Vœux des Banyamulenge pour une cohabitation pacifique avec des tribus voisines
Cependant, les Banyamulenges réitèrent leur engagement pour la cohabitation pacifique avec les communautés voisines, tout en condamnant fermement les conflits que leur imposent leurs bourreaux depuis la rébellion mai-mai (simba-muleliste) des années 1963-1968 jusqu’ à présent. Ils sont confiants que ces projets basés sur la jalousie et la haine sans cause sont voués à l’échec comme ils l’ont été de par le passé. Ils pourront jamais déraciner les Banyamulenge de leur pays, car l’histoire apprend aux seuls sages que la vérité affranchit et triomphe toujours.

Les Banyamulenge ont droit à la vie, à la dignité et à leur pays, la RDC, car cela est consubstantiel à tout citoyen congolais.
Pour éviter de tomber dans le piège des manipulations politiciennes et ethniques, le gouvernement devrait savoir que le groupe civil d’autodéfense Banyamulenge TWIRWANEHO n’a jamais constitué une menace à la République et qu’il est resté dans les périmètres habités par les personnes et les biens de la communauté qu’il défend. Si cette population civile se défend désespérément, c’est parce qu’elle est abandonnée par son gouvernement et l’armée nationale.


Recommandations urgentes

Il s’avère que le gouvernement devrait premièrement identifier les véritables initiateurs de cette guerre, pour que ceux-là soient mis hors d’état de nuire.
Le gouvernement se doit d’être juste dans sa décision du 17 juillet 2020. Il est une injustice notoire de la part du gouvernement le fait de viser la population innocente (groupe civil d’autodéfense Banyamulenge) qui se défend désespérément contre les attaques quotidiennes de Mai-Mai et leurs auxiliaires, faute de la protection qu’il aurait due garantir lui-même.

Mise sur pied d’un mécanisme intertribal conjoint
Un mécanisme conjoint des représentants des communautés voisines devrait collaborer avec le gouvernement pour déterminer les vraies causes de la guerre qui secoue tous les hauts-plateaux du Sud-Kivu avec un examen rétrospectif sur les évènements similaires depuis l’indépendance ainsi que leurs conséquences. Cela contribuerait à ramener la paix à toutes les communautés locales.
Il est du devoir du gouvernement de réhabiliter dans leurs villages respectifs les habitants des hauts-plateaux du Sud-Kivu et les dédommager pour les dégâts matériels et pillages de biens et de bétails perpétrés par les milices Mai-Mai et leurs collaborateurs.

Poursuivre, éradiquer, Chatier les Chefs des groupes armés et leurs adjuvants
Les chefs rebelles et instigateurs des conflits injustes au nombre desquels figurent Ebuela Mtetetezi, Amuri Yakutumba, Billy Mlongecha, Alexis Sinduhije, Col. Aloys Nzabampema, Ngbanda Ko Atumba, Dr. Philibert Bilombele, Yoram Eciba, Asambwa Useni ainsi que leurs adeptes colporteurs de la haine ethnique et toute la cohorte instrumentalisée des hommes et jeunes Babembe, Bafuliru, Banyindu doivent faire objet d’une poursuite judiciaire.

Les politiciens et notables qui pour des motifs inavoués entretiennent les milices qui ont causé tous ces désastres contre les Banyamulenge doivent être traduits en justice. Parmi eux le député Homer Bulakali, le Ministre honoraire Bitakwira B. Justin, Kaliba Mulanga Pardonne ainsi que d’autres qui incitent la population à la haine et à la violence ethnique doivent répondre de leurs sorties médiatiques et discours publics désinformateurs et incendiaires contre les Banyamulenge.

La communauté Banyamulenge en appelle à qui de droit, en l’occurrence au Gouvernement RD congolais, à l’Union Africaine et aux Nations-Unies pour que justice soit faite. Ainsi, la communauté internationale devrait aider à démanteler l’alliance conclue entre les terroristesMai-Mai et leurs alliés, notamment les groupes armés étrangers burundais, qui continuent à tuer et à piller les Banyamulenge.


Références

[1] RFI (2019). RDC : Minembwe assiégée, les raisons des violences sur les Hauts plateaux
(https://www.rfi.fr/fr/afrique/20191025-rdc-raisons-violences-minembwe-kivu [accessed 31 August 2020]).
[2] MONUSCO, OHCHR (2020). Note analytique sur la situation des droits de l’homme dans les hauts plateaux desterritoires de Mwenga, Fizi et Uvira, province du Sud-Kivu, entre février 2019 et juin 2020(https://peacekeeping.un.org/fr/situation-des-droits-de-lhomme-dans-les-hauts-plateaux-de-mwenga-fizi-et-uvira-entre-fevrier-2019-et [accessed12 September 2020]).
[3] Bilombele. Ph. (2020). RDC-Fizi : Les prétendues chefferies de soi-disant Banyamulenge : quand les archives établissent la preuve du contraire, paru dansFIZIMediaESTdu 24 Février 2020.(https://fizimedia.com/2020/02/rdc-les-pretendues-chefferies-des-soi-disant-banyamulenge-nexistent-pas-au-congo/[accessed 1 September 2020]).
[4]Ngbanda, A. (2019). Verité sur la guerre de Minembwe.(file :///C :/Users/User/Downloads/MEMORANDUM-Apareco-VERITE-SUR-LA-GUERRE-DE-MINEMBWE.pdf[accessed 1 September2020]).
[5] Stearns, J. Verweijen, J. & Eriksson Baaz, M. (2013). Armée Nationale et Groupes Armés dans l’est du Congo : trancher le nœud gordien de l’insécurité. Institut de la Vallée du Rift.Londres.
[6]Law No. 1981/002 of June 29, 1981 on Zairian nationality, 1981/002, 1 July 1981, available at : https://www.refworld.org/docid/3ae6b5b4c.html[accessed 22 July 2020]
[7] Stearns, J. Verweijen, J. & Eriksson Baaz, M. (2013). Armée Nationale et Groupes Armés dans l’est du Congo : trancher le nœud gordien de l’insécurité. Institut de la Vallée du Rift.Londres.
[8]Constitution de la République Démocratique du Congo, 2006. (https://www.wipo.int/edocs/lexdocs/laws/fr/cd/cd001fr.pdf[accessed 27September, 2020])
[9] Niyonzima, O. (2020). Une décision discriminatoire et inquiétante sur les groupes d’autodéfense civile Banyamulenge(https://www.campaignforpeacedrc.com/post/une-d%C3%A9cision-discriminatoire-et-inqui%C3%A9tante-sur-les-groupes-d-autod%C3%A9fense-civile-banyamulenge[accessed 11September 2020])


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