00:00:00 Nos sites KINYARWANDA ENGLISH FRANCAIS

Urgent

Les forces régionales en RDC, une tour de Babel

Redigé par Tite Gatabazi
Le 2 mai 2023 à 12:04

Le Président Kenyan William Ruto a nommé le Général de division Alphaxard Muthri Kiugu en qualité de nouveau commandant de la force régionale de l’EAC en RDC en remplacement du Général de division Jeff Nyagah qui a posé sa démission le 27 avril 2023.

Il dénonce des intimidations et des pressions politiques alors que Kinshasa lui reproche son inaction vis-à-vis du M23. Il évoque aussi « des menaces graves pour sa sécurité ».

Mais aussi « une campagne médiatique négative bien orchestrée et financée ».

Le 23 septembre 2022, en marge de l’assemblée générale des nations unies à New York, Tshisekedi avait accordé une interview à la chaîne française France 24 et Radio France internationale.

Au cours de laquelle il expliquait que la force kenyane entrera par Bunagana pour y déloger le M23. Ce ne fut pas le cas car ce n’était pas prévu.

Le mandat qui régit le déploiement de la force régionale ne souffre aucune ambiguïté : cette force est une force tampon quand bien même Tshisekedi l’aurait voulu « offensive » contre le M23, ce n’est pas le cas.

Mais dans toutes ses communications, le gouvernement congolais indique que le mandat est offensif. Ce qui viole l’esprit et la lettre du mandat signé par les Chefs d’Etats de la région, y compris le Président Congolais Tshisekedi.

Pendant que le sommet de Bujumbura avait noté la pertinence de mener parallèlement un processus politique et un dialogue pour s’attaquer aux causes profondes de la crise, à Kinshasa la musique entonnait un « jamais de dialogue avec le M23 ».

Signé depuis le 8 septembre 2022 pour une période de six mois renouvelables, la force régionale est en attente du renouvellement de son mandat.

Plusieurs relais du pouvoir réclament depuis quelques temps le départ des forces qui n’a pas empêcher le M23 de s’emparer des plusieurs agglomérations dans le Masisi.

Le malentendu est entretenu par les autorités congolaises. Les frictions partent du mandat qui n’est pas du goût du gouvernement congolais. Et Il va multiplier les obstacles sur le chemin de la force.

Le Général de division Jeff Nyagah était contraint de rappeler la mission de la force régionale et s’inscrire ainsi en faux contre les déclarations des officiels congolais.

Ce qui était de nature à provoquer un agacement des concernés qui ont une lecture biaisée des résolutions des sommets des Chefs d’Etats.

Au sommet extraordinaire de Bujumbura, Tshisekedi s’en était pris ouvertement au commandant kenyan pour le prévenir de la colère de la population. « …ce serait dommage que la population s’en prenne à vous… »

Le lendemain 18 janvier 2023, des manifestations violentes à Goma et Bukavu vont s’en prendre aux forces régionales.

La déception et la colère de la population sont des prétextes. La société civile à l’initiative de la manifestation est instrumentalisée.

Alors le gouvernement congolais propose que le poste de commandant soit rotatif avec une périodicité de trois mois.

Mais la mission des forces présentes à l’Est de la RDC devient peu à peu un véritable tour de Babel.

La visite du ministre Kenyan des affaires étrangères, Alfred Mutua n’a rien changé aux objectifs de Tshisekedi.

Jouer la tension et l’enlisement à l’Est pour obtenir un quitus du glissement, quel qu’en soit le prix.

Le changement d’homme à la tête des forces régionales, un commandement rotatif sont des cosmétiques pour jouer la montre et gagner du temps.

On se situe loin du nœud du problème et personne n’est dupe. On se méprend avec la force régionale alors que les forces des nations unies sont en RDC depuis plus de vingt ans et ne sont pas parvenues à protéger les civils.

La centaine des groupes armés qui pullulent à l’Est de la RDC ont pris naissance pendant qu’elles sont présentes.

Des voix s’élèvent depuis des années pour dénoncer l’incapacité de la Monusco à ramener la paix dans cette partie meurtrie du pays.

La Monusco encore moins la force régionale ne peuvent pas grand-chose pour infléchir les dynamiques locales et nationales avec des ramifications extérieures des multinationales qui bénéficient de « l’économie de guerre ».

L’effondrement de l’Etat et les intérêts bassement mercantiles des leaders congolais, l’instrumentalisation des appartenances ethniques en sont les ingrédients. Les FARDC sont une composante prédatrice et source d’insécurité. Quel paradoxe.

Malgré un budget annuel qui donne le tonus, les nations unies ne sont pas parvenues à imposer la paix en RDC. Les autorités congolaises ont creusé le fossé entre les forces destinées à ramener la paix et sa population pour dissimuler ses leurs propres échecs et un immense gâchis depuis les années 1990.

Les responsabilités sont partagées et chaque acteur devrait balayer devant sa porte.


Publicité

AJOUTER UN COMMENTAIRE

REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Publicité