A l’instant où le pouvoir politique de Tshisekedi, déjà frappé d’obsolescence et de désaffection populaire, feint d’ouvrir la voie à la négociation avec une force révolutionnaire ascendante de l’AFC/M23, ce n’est bien que pour mieux masquer sa fragilité et retarder la sentence historique. Là où le verbe devrait être pont et passage, il n’est que leurre et délai.
A l’instant où le pouvoir politique de Tshisekedi, déjà frappé d’obsolescence et de désaffection populaire, feint d’ouvrir la voie à la négociation avec une force révolutionnaire ascendante de l’AFC/M23, ce n’est bien que pour mieux masquer sa fragilité et retarder la sentence historique. Là où le verbe devrait être pont et passage, il n’est que leurre et délai.
Les chroniques de l’Histoire sont jalonnées de ces simulacres, de ces tentatives tardives où le pouvoir vacillant, cerné par une insurrection porteuse d’espérance et forte d’une légitimité croissante populaire, militaire, parfois même diplomatique s’adonne à une diplomatie de la fuite. C’est là une scène déjà jouée, sous des cieux divers, mais selon un schème identique : celui de l’État qui mime le dialogue non pour résoudre, mais pour survivre.
L’exemple de la Conférence nationale souveraine au Zaïre en 1991, convoquée sous la pression d’un mouvement populaire multiforme, demeure un cas d’école. Le maréchal Mobutu Sese Seko, affaibli par des décennies de prédation et la dislocation de son appareil militaire, ne céda à l’idée d’un dialogue qu’au prix d’un double jeu : proclamer une ouverture démocratique tout en veillant à ce que celle-ci fût continuellement ajournée, diluée, vidée de sa substance par une série de subterfuges constitutionnels et de renversements d’allégeances orchestrés.
La parole officielle, alambiquée et volontiers ampoulée, se parait des oripeaux du patriotisme tandis que, dans l’ombre, l’on préparait la confiscation de la volonté populaire.
On retrouve les mêmes ressorts dans la dernière phase de l’URSS sous Mikhaïl Gorbatchev, lorsque le pouvoir soviétique, érodé de l’intérieur par les poussées centrifuges des républiques périphériques et les revendications nationales, tenta de maquiller son agonie politique en négociation confédérale.
Les pourparlers ouverts avec les entités baltes ou le Caucase méridional n’étaient plus que des tentatives désespérées d’endiguer une marée déjà triomphante. Le pouvoir central, pourtant affaibli, persistait à prétendre incarner une unité fictive, et ses promesses de réforme, bien qu’égrenées avec emphase, trahissaient surtout une perte de maîtrise, un désaveu implicite du réel.
Plus proche de nous, le dialogue entre le régime de Bachar el-Assad et certaines composantes de l’opposition syrienne, soutenue par divers appuis internationaux et disposant d’un appareil militaire considérable, fut marqué par une rhétorique du compromis jamais suivie d’effet.
Chaque tentative de trêve, chaque sommet annoncé, était systématiquement entaché d’atermoiements cyniques, de conditions irréalistes, de mises en scène diplomatiques où la volonté réelle du pouvoir de céder quoi que ce soit d’essentiel faisait toujours défaut. Le langage se vidait de toute promesse, et la table des négociations devenait le théâtre des désaveux en série.
Ainsi, dans toutes ces configurations, le pouvoir chancelle mais se refuse à tomber. Il espère, par la multiplication des détours oratoires, des prétextes procéduraux et des réorientations soudaines, reconquérir le temps que les armes ou le peuple lui refusent. Il en appelle à des médiations qu’il ne respecte pas, invoque des principes qu’il piétine, et proclame son attachement à la paix au moment même où il réarme ses milices.
Mais le tragique de ces scénarios tient à ceci : la parole n’y est plus un acte, mais une ruse. Elle ne construit plus l’avenir, elle recule devant lui. Et les mouvements révolutionnaires, lorsqu’ils perçoivent la duplicité de leurs interlocuteurs, durcissent leur ligne, rejettent le compromis, et, forts de leur position, optent pour l’irréversibilité du renversement.
L’Histoire enseigne, par-delà les époques, que les pouvoirs qui ne savent ni céder ni convaincre finissent par s’effondrer. Le dialogue véritable n’est possible que lorsque la parole engage celui qui la prononce non lorsqu’elle n’est qu’un masque porté par l’agonie d’un régime.

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