Les reniements de l’UDPS en RDC

Redigé par Tite Gatabazi
Le 8 juin 2025 à 12:45

Les drames se succèdent dans un crescendo funeste, et chaque jour semble entériner un peu plus la déchéance d’un parti qui fut jadis l’incarnation de l’espérance. L’UDPS, berceau des luttes émancipatrices, temple de la dignité militante, est devenu le tombeau politique et moral de ses propres enfants. À force de compromissions, de dérives clientélistes, de trahisons idéologiques et de violence normalisée, le parti des martyrs est aujourd’hui l’antichambre du reniement.

À l’heure où les pressions feutrées s’exercent dans l’ombre, où les voix s’élèvent en tremblant pour conjurer toute velléité de parole, il est des consciences qu’aucune crainte ne saurait bâillonner. Le silence, dans pareilles circonstances, ne relève plus de la prudence, mais de la complicité.
Se taire reviendrait à infliger une seconde mort à Céleste Kabasele Wampang celui dont l’existence a été brutalement arrachée, non par la main de l’étranger, mais par des figures se réclamant du même lignage politique et moral.

Ecrire devient alors un acte de résistance contre l’amnésie collective, une manière de redonner souffle à la vérité que l’on voudrait ensevelir sous les gravats du conformisme et de la lâcheté.
Comment ne pas être saisi de stupeur face à l’ignominie d’une fraternité devenue meurtrière ? Comment tolérer que les artisans de cette violence portent les insignes mêmes de l’idéal qu’ils ont piétiné ? La disparition tragique de Céleste Kabasele Wampang, victime d’une spirale d’ambitions dévoyées et de trahisons intériorisées, constitue un affront à l’histoire, un reniement profond de l’éthique fondatrice d’un combat.

Ce n’est point un accident isolé, mais le symptôme avancé d’un effondrement moral, où les idéaux s’effacent devant les rivalités claniques et les appétits de pouvoir. Dans ce naufrage éthique, la parole lucide s’impose comme ultime rempart contre l’effacement de la mémoire et l’érosion de la dignité collective.

Comment comprendre que, dans ce qui fut la maison commune des disciples de Tshisekedi, on assassine désormais au nom d’ambitions personnelles, de rancunes de couloir, de féodalités ethno-partisanes ? Quelle ignominie que cette fraternité dévoyée, retournée contre elle-même, au point de faire couler le sang d’un compagnon de combat, d’un frère en espérance, d’un homme debout.

Il y a une douleur muette mais profonde, une douleur qui ne trouve aucun refuge dans l’indifférence. Un frère s’en est allé, arraché non par l’ennemi d’hier, mais par ceux qui prétendent marcher dans les pas du combat historique. Il ne s’agit plus ici d’un simple drame, mais d’un naufrage collectif, d’un effondrement moral d’une génération incapable de porter avec droiture l’héritage qu’on lui avait confié.

A ses enfants, que dira-t-on ? Que leur père est mort non pas pour une cause, mais pour une lutte de pouvoir dérisoire, entre des figures usées par leur propre égo et devenues étrangères à l’idéal qu’elles prétendent incarner ? Que l’UDPS a cessé d’être un mouvement, pour devenir une entreprise de jouissance, une mafia de jouisseurs, de frappeurs et d’arrivistes ?

Céleste est tombé, et avec lui c’est une part de l’honneur qui s’effondre. Sa mort n’était pas une fatalité. Elle est le symptôme d’un abandon progressif des principes, d’un relâchement des âmes, d’un oubli systémique de la devise fondatrice. Ils ont bradé la justice au nom de la proximité, prostitué la paix à l’autel de la puissance, et humilié le travail sous les ricanements des jouisseurs.
Il faut refuser d’être le témoin silencieux de cette dégénérescence, de faire semblant. Car chaque silence, chaque compromission, creuse un peu plus la tombe de notre dignité collective.

L’histoire jugera et peut-être avec une sévérité à la mesure des renoncements.

A la mémoire de Céleste Kabasele Wampang, figure d’engagement et victime sacrificielle d’une trahison endogène, il convient de rendre un hommage empreint de gravité et de solennité. Que son nom, désormais inscrit dans le registre douloureux des idéaux trahis, ne soit ni oublié ni galvaudé.

Le sang versé dans l’ombre des luttes fratricides ne saurait être dissipé par l’oubli ni lavé par le cynisme des survivants. Il devient, par sa seule présence, une encre indélébile au cœur de la mémoire collective, une trace irréfutable gravée dans la conscience d’un mouvement qui vacille. Par-delà les mensonges, les dissimulations et les silences complices, ce sacrifice impose à l’histoire de rendre compte, et à la parole de demeurer vigilante.

L’UDPS, berceau des luttes émancipatrices, temple de la dignité militante, est devenu le tombeau politique et moral de ses propres enfants

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