En cette fin d’année 2025, saluer son œuvre et sa personne revient à poser un acte de reconnaissance, mais aussi un geste de résistance morale : résistance à l’oubli, résistance au mensonge, résistance au confort du silence.
Dans un environnement saturé de peurs, de pressions politiques, de désinformation organisée et de menaces parfois voilées, parfois brutales, Sugira Mireille n’a pas marchandé son courage.
Elle n’a pas négocié sa probité contre les avantages de la complaisance. Elle a pris parti, non pour un camp partisan, mais pour la dignité humaine. Informer sur la tragédie qui meurtrit l’Est de la République Démocratique du Congo n’est ni tâche commode ni entreprise sans péril : c’est un combat permanent contre l’amnésie programmée, contre la falsification cynique des faits, contre l’effacement méthodique de la souffrance des populations abandonnées.
Là où tant d’esprits s’accommodent de détourner le regard, elle a choisi de regarder en face. Là où d’autres s’enferment dans le mutisme prudent, elle a fait entendre sa voix. Elle n’a pas parlé pour se faire entendre : elle a parlé pour que les autres cessent d’être condamnés au silence.
Elle a porté la voix des sans-voix, relayé les clameurs contenues des villages martyrisés, documenté l’injustice là où l’impunité s’est érigée en système. Son courage ne s’exprime pas dans les déclarations grandiloquentes, mais dans la constance quotidienne d’un engagement risqué ; sa détermination ne quête ni gloire ni confort, mais la simple et redoutable exigence de vérité.
Par ses reportages et ses analyses, elle a contribué à maintenir vivante la mémoire des victimes d’Ituri, du Nord-Kivu, de Beni-Lubero, des Hauts Plateaux de Minembwe. Elle rappelle inlassablement que l’Est de la RDC ne saurait être réduit à une rubrique d’actualité éphémère : il s’agit d’une tragédie humaine majeure, qui requiert vérité, justice et responsabilité et qui interpelle les consciences bien au-delà des frontières nationales. Elle inscrit, par son labeur obstiné, la souffrance des anonymes au cœur d’un monde tenté par l’indifférence.
A ses côtés, et parfois comme en miroir intérieur, se déploie la figure de Maisha, son alter ego intellectuel et moral. Maisha n’est pas seulement un nom : c’est la métaphore d’une vitalité indomptable, d’une vie qui refuse la résignation. Il incarne cette part de l’esprit qui persiste à croire que, même dans la nuit la plus épaisse, la parole juste éclaire encore le chemin.
Ensemble, Sugira et Maisha composent une même symphonie d’engagement : l’une œuvre dans la lumière du jour journalistique, l’autre dans la profondeur réflexive de la conscience ; l’une informe, l’autre exhorte ; tous deux élèvent.
Rendre hommage à Sugira Mireille et à Maisha, c’est donc honorer la fidélité à la vérité, la droiture morale, l’intégrité qui ne se brade pas. C’est rappeler qu’il existe encore des consciences debout, irréductibles à la peur, inaccessibles à la corruption, insensibles aux séductions des honneurs faciles.
Leur plume n’est pas une arme de destruction, mais un instrument de dévoilement ; leur voix n’attise pas la haine, elle exige la justice ; leur engagement ne nourrit pas la discorde, il réclame la dignité.
Mais cet hommage ne saurait être une conclusion satisfaite : il est aussi une invitation. Invitation à continuer, encore et encore, car le combat pour la liberté, pour la vérité et pour la justice est loin d’être achevé.
Tant que subsisteront le mensonge institutionnalisé, la manipulation des esprits, l’abandon des populations les plus vulnérables, la mission de Sugira et de Maisha demeurera nécessaire. Leur persévérance rappelle à chacun la responsabilité qui lui incombe : ne pas consentir à l’injustice par lassitude, ne pas se réfugier dans la neutralité confortable, ne pas laisser la peur décider à sa place.
Ainsi, que ce texte soit moins une clôture qu’un appel : qu’il encourage Sugira Mireille et Maisha à poursuivre leur œuvre lumineuse ; qu’il fortifie leur résolution face aux vents contraires ; qu’il dise, avec gravité mais aussi avec espérance, que leur combat n’est pas vain.
Car tant que subsistera une voix pour nommer la vérité, une plume pour témoigner, une conscience pour refuser l’inacceptable, alors le règne de l’obscurité ne sera jamais total.
Qu’ils sachent que leur courage inspire, que leur constance élève, que leur travail fait reculer l’ombre. Et que, dans la longue marche des peuples vers la liberté et la justice, leurs noms s’inscrivent déjà parmi ceux qui n’auront pas croisés les bras.














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