Nduhungirehe : "Le moment n’est pas encore venu" pour renouer avec la Belgique

Redigé par Alain Bertrand Tunezerwe
Le 5 mai 2025 à 11:24

Le Ministre des Affaires étrangères, Amb. Olivier Nduhungirehe, a indiqué qu’il n’y avait actuellement aucune discussion en cours pour rétablir les relations diplomatiques entre le Rwanda et la Belgique, soulignant que ce moment n’était pas encore arrivé.

Dans une interview accordée à la " Rwanda Broadcasting Agency " ce 4 mai 2025, le ministre a souligné que la priorité du Rwanda était de se concentrer sur la résolution du conflit en cours en République Démocratique du Congo, plutôt que de s’engager dans des négociations avec la Belgique.

"Nous nous focalisons actuellement sur la gestion du grave conflit qui secoue l’Est de la RDC. Les questions liées à la Belgique seront abordées en temps voulu", a expliqué Amb. Nduhungirehe.

Le ministre a également réagi aux récentes visites du ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot, qui s’est rendu dans plusieurs pays de la région, dont l’Ouganda, le Burundi et la RDC.

Lors de son passage en Ouganda, Prévot aurait sollicité le Président Yoweri Kaguta Museveni afin d’encourager une réconciliation entre le Rwanda et la Belgique.

Amb. Nduhungirehe a indiqué avoir appris cette initiative par les médias, précisant qu’aucune communication officielle n’avait été reçue de la part du gouvernement ougandais.

Interrogé sur la possibilité d’engager des négociations avec la Belgique en vue d’un rétablissement des relations, le ministre a été catégorique.

"Ce moment n’est pas encore arrivé. Nous sommes actuellement confrontés à des problèmes dans la région que nous tentons de résoudre. Lorsque le moment viendra pour ces autres questions, nous prendrons une décision en temps voulu", a-t-il déclaré.

Le Rwanda a rompu ses relations diplomatiques avec la Belgique en mars 2025, à la suite des appels lancés par Bruxelles en faveur de sanctions internationales contre Kigali, accusé de soutenir le groupe armé M23 actif dans l’est de la RDC. Cette rupture a été suivie de plusieurs mesures, dont la suspension des projets de développement belges au Rwanda, évalués à plus de 95 millions d’euros.

En outre, les organisations non gouvernementales opérant au Rwanda en collaboration avec la Belgique ont été interdites de toute interaction avec le gouvernement Belge ou ses institutions affiliées.

Le Rwanda a catégoriquement rejeté ces accusations et a dénoncé le rôle historique de la Belgique dans la région des Grands Lacs, en particulier en RDC et au Burundi.

Le ministre Nduhungirehe a souligné que la Belgique ne disposait plus de légitimité requise pour jouer un rôle de médiateur dans la région, en raison de ses prises de position partiales sur la crise.

Parallèlement, Amb. Nduhungirehe a précisé que la Belgique ne devait en aucun cas être impliquée dans les négociations en cours visant à désamorcer les tensions entre le Rwanda et la RDC.

Ces pourparlers, qui s’inscrivent dans les efforts pour restaurer la stabilité dans l’est de la RDC, incluent des partenaires tels que les États-Unis, le Qatar et la France. Bien que la Belgique ait manifesté son souhait d’y participer, elle se heurte à un obstacle de taille : la rupture des relations diplomatiques avec le Rwanda.

Lors de sa visite en République démocratique du Congo, le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot, a rappelé qu’un médiateur ne peut jouer son rôle que s’il est accepté par toutes les parties impliquées dans un conflit.

Or, le Rwanda ne considère plus la Belgique comme un acteur impartial. L’ambassadeur Olivier Nduhungirehe a souligné qu’en raison de son parti pris évident et de son soutien affirmé à la RDC, la Belgique ne saurait être perçue comme un interlocuteur crédible dans ces pourparlers.

« Que le ministre belge des Affaires étrangères visite d’autres pays de la région relève de son droit souverain, mais les démarches qu’il y entreprend ne concernent pas le Rwanda », a déclaré le ministre Nduhungirehe, ajoutant que la Belgique ne devrait pas chercher à s’impliquer dans ces négociations.

L’ambassadeur Nduhungirehe a fermement dénoncé l’usage abusif par la Belgique de son influence, notamment en soutenant ouvertement le gouvernement congolais et en incitant la communauté internationale à adopter des mesures contre le Rwanda. Selon lui, ce positionnement a fait perdre à la Belgique toute légitimité dans la région.

Maxime Prévot s’est récemment rendu dans plusieurs pays de la région, dont l’Ouganda, le Burundi et la RDC

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