Paul Kagame s’exprimait lors du 24e Sommet extraordinaire des chefs d’État de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), tenu virtuellement ce mercredi 29 janvier 2025. Le sommet avait pour objectif, discuter de la résolution du conflit en cours dans l’est de la RDC et de la crise du M23.

Au début de cette semaine, pendant la bataille pour la libération de Goma, les soldats de la FARDC et leurs alliés ont été défaits par le M23. Au lieu de repousser les assaillants, les FARDC ont lancé des obus d’artillerie sur le district de Rubavu au Rwanda le 27 janvier 2025, qui ont fait neuf morts et de nombreux blessés parmi la population civile.

En réponse à cet incident, le Président Kagame a réaffirmé la responsabilité du Rwanda de protéger ses citoyens, tout en précisant que le Rwanda ne tolérerait plus aucune provocation « Il y a deux ou trois jours, nous avons perdu des vies. De nombreux tirs en provenance de l’est du Congo, notamment de Goma, ont fait plusieurs victimes et causé de nombreux blessés. Nous veillerons à ce que cela soit pris en charge, il n’y a aucun doute là-dessus », a déclaré Paul Kagame.

Lors du sommet, le Président Kagame a exprimé sa frustration face au rôle des acteurs internationaux dans la crise, en particulier l’implication de l’Afrique du Sud, faisant part de ses préoccupations concernant la confusion générée par les divers processus de paix, tels que ceux de Nairobi et de Luanda.

« Honnêtement, même ici, peut-être que vous pourrez m’aider à comprendre ce que tout cela signifie. Les processus sont devenus une fin en soi, et les personnes qui les dirigent semblent désormais plus importantes que les résultats eux-mêmes », a déclaré le numéro un rwandais, soulignant ainsi l’absence de réels progrès dans la résolution du conflit.

Paul Kagame a également évoqué ses récentes discussions avec le président sud-africain Cyril Ramaphosa, qui l’avait contacté pour aborder la situation en raison de l’implication de l’Afrique du Sud dans le conflit congolais. « Ces deux derniers jours, lundi et ce matin, j’ai parlé avec le président de l’Afrique du Sud, qui m’a contacté pour discuter de cette question en raison de leur implication en RDC. Il se trouve là à prétendre jouer le rôle de pacificateur, alors que ses forces combattent aux côtés des FDLR, qui affrontent le M23 sur les instructions de Tshisekedi », a-t-il critiqué, remettant en question le rôle de l’Afrique du Sud dans le conflit.

Le Président Kagame a exprimé son rejet de ce qu’il considère comme une manipulation de la part du président de la RDC, Félix Antoine Tshisekedi. « Pourquoi, nous, les dirigeants de nos propres pays, acceptons-nous que cela continue indéfiniment et nous laissons-nous simplement manipuler par Tshisekedi ou par quiconque le soutient ? » s’est interrogé le Président Kagame, tout en soulignant la réponse confuse de la communauté internationale face à la situation.

Le Président a également déploré l’attention excessive accordée aux processus diplomatiques en cours, au lieu de se concentrer sur la résolution des causes profondes du conflit.

« Le processus de Nairobi est devenu le processus d’Uhuru. Ensuite, le processus de Luanda, où il semble que l’on ne puisse rien dire qui déplaise au président Lourenço. Clairement, cela ne contribue pas à résoudre une question aussi grave que celle à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui », a-t-il ajouté.

Lors du sommet extraordinaire, les chefs d’État ont exhorté le gouvernement de la RDC à engager des discussions directes avec les rebelles du M23 et d’autres groupes armés afin de tenter de résoudre la crise grandissante dans l’est de la RDC.

Le président de la RDC, Félix Tshisekedi, qui jusque-là refuse toutes négociations directes avec le M23, était absent de ce sommet.

Le Président Kagame a réaffirmé la responsabilité du Rwanda de protéger ses citoyens, tout en précisant que le Rwanda ne tolérerait plus aucune provocation.