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Pour le Président Habyarimana, les Batutsi étaient des étrangers chez eux

Redigé par IGIHE
Le 14 avril 2021 à 02:04

Ce 13 avril 2021, au Mémorial de Génocide du Mont Rébero, on commémore la mémoire des douze politiciens rwandais qui se sont désolidarisés de l’idéologie de la haine ethnique qui prévalait entre 1990 et 1994. Ils se reposent dans ce mémorial aux côtés de 14.000 victimes du génocide. Le docteur Jean Damascène Bizimana fait une communication au cours de laquelle il décrit une quantité de haine inouïe que vouait aux Batutsi, le Président Juvénal Habyarimana (1973-1994) en 1969 alors qu’il était commandant de la Garde Nationale et de la Gendarmerie rwandaises.

La Communication du Secrétaire Exécutif de la CNLG/Commission Nationale de Lutte contre le Génocide, Dr Jean Damascène Bizimana, a été faite ce 13 avril, date de fin de deuil nation d’une semaine, depuis le 7 avril, dédié chaque année au million de Tutsi génocidés entre avril et juillet 1994.

Pour le Secrétaire Exécutif, le génocide des Tutsi prend racine très loin dans les années 1960. Il va trop loin et exhume un document signé de la main du Général Major Habyarimana, alors commandant la Garde Nationale et la Gendarmerie nationale rwandaises. Ce document est une correspondance qu’il adresse à un administrateur de commune. Il se permet d’écrire à un Bourgmestre de bien répertorier et ficher les étrangers résidant dans sa commune. Ces étrangers n’étaient autres que les Batutsi, a dit Bizimana.

Cette correspondance est une circulaire envoyée le 23 septembre 1969 à tous les Bourgmestres des 141 communes administratives que comptait le pays. Notez en passant que 3 ans plus tard il commettra et réussira son coup d’Etat qui le propulsera à la tête de l’Etat rwandais.

"Monsieur le Bourgmestre (tous), je te rappelle la correspondance portant numéro 21/01 du 26 février 1966 qui vous instruisait des démarches à prendre face aux réfugiés rwandais qui reviennent au pays. Ce retour est contraire à la loi. C’est pourquoi tu dois monitorer avec insistance leurs faits et gestes pour que cette entrée illégale s’arrête pour de bon.
Fais aussi un suivi rapproché des étrangers qui vivent dans ta Commune. Cela vous permettra d’arrêter ces retours illégaux de réfugiés. Ces étrangers dont il est question vivent dans les villes et autres centres de négoces. Commence leur recensement à la réception de cette correspondance. Le résultat est attendu très incessamment", a dit Bizimana lisant la dite correspondance. Pour lui, et sans aucun doute, les étrangers dont il était question, c’étaient les réfugiés rwandais de 1959 qui revenaient petii à petit. "Il s’entend bien que le Général Habyarimana ne les sentait pas. Ils ne les voulait pas chez eux", a-t-il ajouté.

Pour l’orateur, ce Commandant des armées qui vouait au diable les Tutsi, "pensez-vous qu’il a changé d’esprit et de sentiments envers eux après sa prise de pouvoir ? Non ! Cela n’a pas eu lieu", a-t-il ajouté pour montrer que depuis qu’il a pris le pouvoir en 1973, il a pratiqué un ségrégationnisme ethnique à travers sa désastreuse Politique d’Equilibre ethnique et Régional.
"Rien que dans ses trois premières années de son règne, sur 501 lauréats d’université, seuls 21 étaient des Tutsi, soit 4.19%", a-t-il ajouté.

L’orateur va tirer la conclusion montrant que ce génocide dont le point culminant a été Avril 1994 a connu une longue préparation :

"Après analyse des documents divers, que ce soit ceux qui ont été transmis dans les média ou ceux qui étaient écrits par les partis politiques proches du hutu power et relatifs à la façon dont le génocide était préparé, ajouter à cela les propos et discours qui étaient tenus au cours des meetings politiques ; un message essentiel s’y dégageait. Il véhiculait le programme d’éradication, d’effacement de tous les Batutsi. Ce message disait également que le Hutu qui n’adhérait pas à ce programme de génocide devait être lui aussi tué", a-t-il ajouté.


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