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Que disent ces coups d’états en Afrique

Redigé par Tite Gatabazi
Le 6 septembre 2023 à 03:20

La vague récente de coups d’État dans la région sahélienne de l’Afrique provoque à la fois l’inquiétude et la confusion parmi les analystes et les observateurs.

Depuis 2020, quatre pays de cette région ont été témoins de six tentatives de coup d’État. Alors que certains de ces événements peuvent être attribués à la montée du terrorisme et aux conflits politiques latents, d’autres semblent moins explicables, en particulier compte tenu de la baisse des attaques terroristes dans des pays comme le Niger.

Et voilà que la contagion a atteint le paisible Gabon.

Certains experts y voient une tendance "populiste", tandis que d’autres évoquent une montée du "néo souverainisme".

Dans les discours qui suivent ces événements, un thème commun émerge : une volonté d’autosuffisance et une réaction contre l’ingérence étrangère perçue.

Ces récents bouleversements marquent peut-être la fin de deux époques distinctes. Premièrement, une décennie de gestion internationalisée de la crise sécuritaire dans la région, principalement sous l’égide de la France et de l’ONU.

Deuxièmement, la phase de démocratisation qui a commencé après la fin de la guerre froide. Aujourd’hui, nous sommes témoins d’une vague réactionnaire qui ne se limite pas aux pays francophones, mettant en péril la stabilité de toute la région.

Cette série ininterrompue de coups d’État n’est pas seulement le reflet de l’instabilité régionale, mais peut aussi être considérée comme un microcosme des changements géopolitiques mondiaux actuels.

La montée du "néo souverainisme" est parallèle aux tentatives d’autres nations d’affirmer une politique étrangère autonome. De plus, la manifestation de ces tendances autoritaires indique une crise globale de la démocratie et un rejet grandissant du multilatéralisme.

Malgré les objectifs proclamés de stabilisation de leurs nations respectives, l’efficacité des régimes militaires reste discutable, étant donné leur historique de corruption et de comportements opportunistes.

Leur promesse de transitions démocratiques s’avère également souvent illusoire, créant un cycle de dépendance extérieure et d’instabilité intérieure.

En effet, les défis socio-économiques auxquels ces nations sont confrontées sont gigantesques. Le Niger, par exemple, malgré ses ressources considérables en uranium, lutte contre des taux de pauvreté et d’inégalités persistants, exacerbés par les impacts économiques de la pandémie de Covid-19 et des sanctions contre la Russie.

Quant à la réaction des citoyens à ces événements, elle semble mélanger résignation et peur, avec une foi décroissante dans la démocratie telle qu’elle a été promue jusqu’à présent.

Les récentes tentatives de coup d’État suscitent un débat animé sur la validité et l’applicabilité d’un "système politique importé" dans la région.

Les nouveaux régimes cherchent à établir une légitimité en cultivant le soutien populaire, en particulier parmi les jeunes, et en cherchant l’approbation des figures religieuses et traditionnelles locales.

Face à ce panorama complexe, il est impératif d’analyser les racines profondes de l’instabilité, la mauvaise gouvernance, la corruption, et l’impunité, afin de prévenir d’autres bouleversements dans cette région déjà vulnérable.

Le nouveau président de transition au Gabon, le général Brice Oligui Nguema, a prêté serment lundi.

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