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Réouverture de la frontière Rwando-Burundaise : Info ou intox ?

Redigé par Jean Jill Mazuru
Le 17 octobre 2022 à 09:13

Un bruit confus de la réouverture de la frontière entre le Rwanda et le Burundi a récemment couru, les réseaux sociaux s’y sont aussitôt mis, en faisant écho, et le propageant tous azimuts. Cette frontière commune reste fermée depuis sept bonnes années, sur fond d’un froid entre les relations diplomatiques de nos deux pays. Etat des lieux de la situation qui prévaut aujourd’hui.

La rumeur persistante, sans source déterminée, est née le 29/ Septembre dernier, elle a fait le tour du monde. Elle a duré le lendemain, allant jusqu’à affirmer que l’habituel mouvement de va vient des populations avait recommencé.

N’en déplaise à l’auteur de la rumeur, le démenti coté Burundais est venu dans la voix du porte-parole de la présidence, Alain Diomède Nzeyimama, soutenant que la relation entre son pays et le Rwanda ne sera normalisée que si, et seulement si, il y a remise à Gitega des auteurs présumés du putsch avorté de 2015.

Le porte-parole adjoint du gouvernement Rwandais n’a pas été en reste. Alain Mukuralinda, a pour sa part fait catégoriquement démentir cette pseudo réouverture, affirmant dans un message transmis à IGIHE que l’ « information est fausse. »

Pour constater la situation sur les lieux et se rendre compte des choses telles qu’elles sont, IGIHE a déployé un de ses reporters sur place. Son constat aura été que la circulation entre Huye et la frontière de la Kanyaru est plutôt fluide. Point d’autobus pour passagers dans les deux sens comme ce fut le cas dans le passé.

Notre envoyé-spécial affirme par ailleurs, qu’au vu de la situation sur terrain, il n’y a pas de coopération entre les deux pays. La frontière sur la Kanyaru n’est qu’entrouverte.

Les commerces a la frontière commune sont portes closes, et seuls quelques commerçants épars font le marché moderne de la place, ils déplorent un manque criant de clients.

Les instances de sécurité sont visibles des deux côtés de la démarcation séparant les deux pays, constate notre reporter. Les voyageurs peuvent passer d’un coté à l’autre de la Kanyaru après avoir rempli les modalités d’usage.

Un des interlocuteurs de notre reporter lui a dit que la frontière commune était selon lui "à moitié ouverte." Il lui a dit qu’un voyageur venant du Burundi pouvait entrer au Rwanda sans tracasseries, en fournissant simplement un laisser-passer ou un passeport, lorsqu’il est testé négatif au Covid 19 ; exonéré de tous frais ad-hoc, subit une fouille et basta…. entre au pays des mille collines.

Pour un Rwandais ou autre étranger se rendant au Burundi, il doit bien sûr livrer ses documents de voyage aux agents de la douane, se faire tester au Covid 19 moyennant la somme de 16.500 Frw, un citoyen Burundais par contre ne déboursera que 5.000 Frw pour rentrer au bercail.

Patric Nkundabagenzi, bagagiste à la frontière commune Rwando-Burundaise, certifie qu’il n’y a que des voitures de particuliers qui passent, et que le transport en commun reste encore et toujours aux abonnés absents.

Pour lui, si le Burundi garantissait la gratuité du test anti Covid, la circulation d’antan se rétablirait de lui-même.

Les riverain Rwandais de la Kanyaru interrogés par notre envoyé -spécial, exhortent à l’unisson les deux pays au dégel des relations pour pouvoir aller et venir des deux côtés de la frontière commune.

Récapitulons sur le climat délétère de la relation entre le Rwanda et le Burundi.

Tout est parti d’un putsch manqué chez notre voisin du nord sous le régime de Pierre Nkurunziza en 2015, tentative suivie de tueries ethniques qui ont contraintes plusieurs milliers de tutsi Burundais à l’exil dans les pays voisins dont le Rwanda, qui en accueilli un nombre considérable. On assista alors à un début de suspicion de la part du Burundi, qui considéra dès lors que les auteurs du coup d’état manqué avaient trouvé asile au Rwanda.

Le gouvernement Rwandais a, de son côté toujours nié, affirmant par contre que selon les conventions internationales, le pays n’a accueilli que des refugiés qui cherchaient un asile, pour y mettre à l’abri leurs vies menacées.

Le régime en place à la tête duquel le parti CNDD/FDD mobilisa alors des foules pour décrier le Rwanda dans des manifestation savamment orchestrées par le pouvoir et menées de main de maître par la jeunesse de la milice du parti au pouvoir. Une situation qui a perduré jusqu’à la disparition de M. Pierre Nkurunziza le 8/ Juin/ 2020 à l’hôpital du cinquantenaire de Karuzi, à l’âge de 55 ans.

Dès son accession au pouvoir, le Général Evariste Ndayishimiye qui remplaçait a son poste, feu le president Nkurunziza, amorça un changement de ton, abordant dans le sens d’un discours apaisée pour le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays. A y voir de près quelques années plus tard, ce n’était qu’un discours de façade, tout en trompe l’œil.

Malgré le ballet diplomatique des différentes délégations à niveaux bilatéraux multisectoriels, point de dégel. Les deux pays continuèrent et continuent à se regarder en chiens de faïence, s’accusant mutuellement de déstabilisations mutuelles à partir du voisin.

Les espoirs suscités chez les populations tant Rwandaises que Burundaises par l’arrivée au fauteuil présidentiel du "General Neva" furent remisés aux placards.

Bref, la montagne a accouché d’une souris, et la situation reste toujours dans un statuquo qui ne dit pas son nom, même si certains analystes auguraient d’une clarté dans le ciel sombre des relations Rwando-Burundaise avec la consommation du divorce du couple exécutif Burundais "Neva"/ "Bunyoni."

Alain Guillaume Bunyoni, un poids lourd du régime, un cacique du CNDD/FDD, considéré jusque-là comme inamovible était pointé du doigt par une certaine opinion pour entraver la reprise des relations entre le Rwanda et le Burundi.

Un autre faux-espoir apparemment est remballé ! Et de là se pose la question de savoir quel sera le devenir de la relation diplomatique entre les deux pays.

La montagne ayant accouché d’une souris avec ce deuxième vrai faux-espoir du départ de Bunyoni, tous les indicateurs restent dans le rouge.

La relation ne connaitra pas de nouvelles avancées, aussi longtemps que les pourparlers ne réuniront pas autour d’une même table les dirigeants au sommet des deux nations, la situation ne pourra pas se décanter.

Ne jouons pas aux oiseaux de mauvaise augure, croisons les doigts et attendons, seul l’avenir nous dira !


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