Tshisekedi parle de paix, mais prépare la guerre dans l’Est du Congo

Redigé par Albert Rudatsimburwa
Le 10 juillet 2025 à 07:38

Dans un geste diplomatique très médiatisé, le président Félix Tshisekedi de la République démocratique du Congo (RDC) a récemment engagé la RDC dans un accord de paix avec le Rwanda, s’engageant à démanteler les FDLR – un groupe armé issu en grande partie des responsables du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994 – et à mettre fin à leur capacité de nuire, tant au Rwanda qu’aux populations congolaises banyarwanda de l’Est du pays.

Mais un accord de paix n’a de valeur que si la volonté politique de l’appliquer existe. Et tout laisse penser que le président Tshisekedi n’a aucunement l’intention de respecter ses engagements.

Malgré la signature de l’accord à Washington, les autorités congolaises poursuivent une logique d’escalade militaire. Les attaques contre les Banyamulenge au Sud-Kivu – pourtant directement concernés par les garanties de protection incluses dans l’accord – n’ont jamais cessé. L’armée congolaise, les FARDC, ainsi que des milices alliées, continuent leurs opérations sur le terrain, en violation flagrante des engagements pris.

Parallèlement, plutôt que de désarmer les groupes armés ou de s’engager dans une réconciliation nationale sérieuse, Tshisekedi aurait fait appel à des mercenaires issus de la tristement célèbre société militaire privée américaine Blackwater, ou de ses successeurs.

Ces hommes seraient en cours de déploiement à Kisangani, Walikale, Uvira, et dans d’autres zones sensibles de l’Est. Des cargaisons d’armes et d’équipements militaires transitent également par le Burundi, à destination de l’Est du Congo. Selon plusieurs sources crédibles, des éléments de la milice "Wazalendo" ont été aperçus à Bujumbura, se préparant à rejoindre les combats à Uvira. Ce n’est pas une stratégie de paix, mais une préparation claire à un nouveau front militaire.

Cette guerre, il faut le souligner, est aussi intérieure. L’accord de paix repose également sur une condition essentielle, bien que non dite : que Kinshasa engage un véritable dialogue avec le mouvement M23, un groupe politico-militaire congolais né de la marginalisation et de la persécution des populations tutsies congolaises dans l’Est, notamment les Banyamulenge.

Le M23 ne s’est pas levé par hasard. C’est l’agression initiale du régime de Tshisekedi en 2021 qui a relancé le conflit. Depuis, le M23 a repris le contrôle de larges portions du Nord et du Sud-Kivu, y compris les villes stratégiques de Goma et Bukavu. Face à cette réalité, Kinshasa persiste à ignorer le fait accompli, exigeant un retrait total et inconditionnel du M23, sans offrir aucune garantie politique, sécuritaire ou juridique.

Les négociations en sont à leur cinquième round, sans véritable progrès. L’attitude du gouvernement congolais montre qu’il n’a aucune volonté de reconnaître les revendications légitimes des populations banyarwanda, ni d’aborder les causes profondes du conflit.
Au lieu de cela, le régime mise sur le pourrissement de la situation, tout en renforçant militairement ses positions. C’est une stratégie de blocage, non de résolution.

Si Tshisekedi voulait réellement la paix, les FDLR auraient été désarmées, les attaques contre les Banyamulenge stoppées, et les négociations avec le M23 engagées sur une base honnête et inclusive. Or, il choisit de militariser davantage la crise, d’externaliser la violence à des mercenaires privés, et d’alimenter la haine ethnique à des fins politiques.

En réalité, l’accord signé à Washington semble n’être qu’un écran de fumée diplomatique. Derrière les sourires de façade, Kinshasa poursuit une stratégie dangereuse de guerre à tout prix. Et si la communauté internationale ne prend pas la mesure de cette duplicité, elle risque de devenir complice d’un conflit qui pourrait embraser toute la région des Grands Lacs.

Il faut le dire clairement : il n’existe pas de solution militaire durable à la crise congolaise. Ce ne sont pas les mercenaires qui apporteront la justice, ni les armes lourdes qui garantiront la réconciliation. La paix exige du courage politique : celui de reconnaître les injustices historiques, d’écouter les voix longtemps marginalisées, et d’engager un dialogue sérieux avec toutes les parties congolaises.

Mais à ce jour, les actions du président Tshisekedi indiquent tout le contraire. Il marche vers la guerre sous le masque de la paix.

Et la question qui se pose à présent est la suivante : la communauté internationale le laissera-t-elle faire, ou exigera-t-elle enfin des comptes avant qu’il ne soit trop tard ?

Tshisekedi parle de paix, mais prépare la guerre dans l’Est du Congo.

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