Urgent

Vers une concorde régionale

Redigé par Tite Gatabazi
Le 2 août 2025 à 10:53

Le 1er Août 2025, un souffle nouveau semble se lever sur la région des Grands Lacs, longtemps meurtrie par les antagonismes, les méfiances croisées et les tragédies humaines engendrées par des décennies de tensions.

Par un communiqué empreint de sobriété, de précision et d’un sens manifeste de la responsabilité diplomatique, le ministère rwandais des Affaires étrangères a annoncé la tenue, à Doha, de la session inaugurale du Comité conjoint pour la paix entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda. Cet événement, quoique discret dans sa forme, constitue un jalon fondamental dans le processus de normalisation des relations bilatérales entre ces deux États frères, trop longtemps prisonniers d’un contentieux aux ramifications historiques, sécuritaires et humanitaires profondes.

Fruit des négociations conclues à Washington D.C. le 27 juin dernier, sous la médiation active et déterminée des États-Unis, cet accord bilatéral représente l’architecture juridique et politique d’une ère nouvelle : celle de la résolution pacifique des différends, du respect réciproque de la souveraineté, et de la coopération stratégique au service de la stabilité régionale.

La réunion de Doha, tenue sous les auspices du Qatar, du Togo en sa qualité de représentant de l’Union africaine et de l’administration américaine, a donné corps à ce mécanisme par la mise en place effective du Comité chargé de superviser l’application de l’accord, de recevoir les plaintes, et d’apporter des solutions consensuelles aux litiges susceptibles d’émerger.

La portée symbolique de cette rencontre ne doit pas être sous-estimée. En procédant à l’adoption des termes de référence, à l’élection d’un président du Comité, et en engageant un premier échange substantiel sur l’état d’avancement de l’accord, les délégations rwandaise et congolaise ont signifié au monde leur volonté d’inscrire la paix dans une dynamique institutionnelle, rationnelle et durable.

Il ne s’agit plus de se contenter de gestes de façade ou de communications diplomatiques creuses, mais bien de jeter les bases d’une ingénierie de la réconciliation, appuyée par des partenaires internationaux de bonne foi et engagés dans le respect de la souveraineté des États africains.

Au-delà des signaux diplomatiques, cette initiative porte l’espérance concrète d’un soulagement pour les populations des Kivu, de l’Ituri, du Rwanda, où les soubresauts de la guerre ont transformé des territoires fertiles en zones de désolation. La mise en œuvre rigoureuse et concertée de l’accord ouvre la voie à une désescalade sécuritaire, à la restructuration des coopérations économiques transfrontalières, et à la restauration de la confiance politique, si longtemps érodée.

En saluant conjointement les efforts des facilitateurs, les deux gouvernements manifestent également leur reconnaissance envers la diplomatie du dialogue, celle qui privilégie la parole aux armes, la médiation à l’affrontement, la vision de long terme à la tactique immédiate.

L’histoire retiendra peut-être cette réunion de Doha comme le point de bascule d’une région s’émancipant de ses chaînes historiques pour embrasser la paix comme horizon politique partagé. Il reste certes d’innombrables défis ceux de la démobilisation des groupes armés, du retour des réfugiés, de la justice transitionnelle mais le cadre est désormais posé.

Il appartient à l’intelligence collective, à la vigilance citoyenne, et à l’engagement des élites de transformer l’accord en réalité tangible.

En cela, ce 1er août 2025 pourrait bien être considéré, à terme, comme le jour où la raison d’État a cédé le pas à la raison de paix.

le ministère rwandais des Affaires étrangères a annoncé la tenue, à Doha, de la session inaugurale du Comité conjoint pour la paix entre la RDC et le Rwanda

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